Philippe de Dieuleveult, tu nous manques...

Publication : 18/08/2008 Auteur(s) : Papycoptere

J’ai connu Philippe en 1981 alors que son émission « La Chasse aux Trésors » démarrait. Utilisant beaucoup l’hélicoptère, engin qui m’est très cher, cette émission me fascinait.Philippe de Dieuleveult en compagnie de JM Potelle - Photo © X coll. JMP {JPEG} Qui plus est, ce gaillard sportif, acrobate, prêt à tout pour faire plaisir aux candidats afin qu’ils gagnent, représentait, pour moi, un extraterrestre, car peu de présentateurs auraient pris de tels risques, même aujourd’hui. La mairie de Paris, en cette année 1981, avait organisé à la Terrasse Martini une réception en l’honneur des participants aux Championnats du Monde d’hélicoptères en Pologne.
A l’époque, nous étions la première équipe de France à y participer. Étant sur Paris pour l’organisation, j’eus l’idée de demander à Philippe d’honorer de sa présence cette réunion, ce qu’il fit sans se faire prier.
Notre rencontre se solda par une complicité qui dura jusqu’à son départ au Zaïre. Après un vol que je lui fis faire autour de Paris en Alouette, en lui laissant un peu les commandes, nous avons conclu qu’il était nécessaire de se revoir souvent. Sa carte de visite qu’il me laissa me surprit, car était écrit dessus « Journaliste d’Images ». Quelque temps plus tard, premier vrai contact chez lui à Viroflay pour parler machines, possibilités, sites, etc... J’eus le plaisir de rencontrer Diane, sa femme, Erwann et Tugdual, ses deux fils. Puis ce fut chez moi à Asnières où il fit connaissance à son tour de Michèle, ma femme, et Christine ma fille, qu’il n’oubliera jamais lors de ses retours de voyages lointains, leur ramenant un petit souvenir.

Pendant un moment, il m’a raconté son passage à l’armée où il était instructeur parachutiste, et ses voyages étant jeune, avec d’abord un ami et puis après avec sa future femme Diane. A travers le Sahara, il se souvenait de moments difficiles sur des engins de leur conception et se revoyait dans ces paysages, au milieu des embûches et des délires.
Puis ce fut sa participation à la « Course autour du Monde » où il termina brillamment deuxième, puis ce fut son travail comme pigiste pour Antenne 2, qui l’ont amené dans des endroits hors du commun. Il filmait aussi bien la détresse que la joie partout où il passait.
Ensuite, il rencontra Jacques ANTOINE qui cherchait un animateur pour sa future émission « La Chasse aux Trésors ». Philippe fut retenu pour avoir en direct commenté un accident de la circulation qui venait de se produire à l’Étoile et que lui demanda Maître Jacques.
Tout était réuni pour lui plaire, voyages, action, hélicoptères et faire gagner.

A chaque retour de voyage, il me contactait pour me raconter les tournages, les difficultés, les appareils sur lesquels il avait volé, les problèmes, et puis nous partions faire un vol d’école tranquille, pas pour lui. Philippe n’avançait guère tant les leçons étaient espacées à cause de ses déplacements. A aucun moment je n’ai pu lui ouvrir une vraie feuille de progression. Par contre, en vol, il écoutait et appliquait ce que je lui disais. Autre élément négatif, le fait d’être sans arrêt pressé, pour lui la visite prévol ne devait pas exister. Nous avons effectué en école une bonne trentaine d’heures. Par contre, ce qui m’a surpris, c’est qu’il a obtenu sa licence de pilote ULM relativement rapidement.
Indépendamment de cela, nous allions régulièrement faire des repérages, c’est-à-dire que nous allions survoler des sites afin de voir si cela intéresserait les téléspectateurs. Nous partions souvent seuls ou avec Jean Paul LE FUR, malheureusement disparu et complice pour les prises de vues. Nous sommes allés à Saint-Malo, Annecy, Briançon, Bordeaux, entre autres, enfin bref à sa volonté et disponibilité.
En quatre ans, il a visité 96 pays ; dans ses émissions, il s’est fait de vraies joies, mais aussi de vraies frayeurs tant il se donnait à fond. Par contre, il a toujours été très à cheval sur la sécurité, en particulier pour ses acolytes caméramen et preneurs de sons.
Des millions de personnes ont regardé cette émission, il a toujours répondu présent aux invitations quelles qu’elles soient, sans jamais prendre la « Grosse Tête ». C’était çà Philippe.
La Chasse s’est arrêtée et Philippe décida de revenir à ses premières amours : « Journaliste d’Images ».
Avec sa société, « Passeport Bleu », il cherchait un sujet montrant le réel et m’appela pour avoir une idée. Depuis des années, je rêvais de montrer le travail extraordinaire de ces équipages d’hélicoptères et membres du PGHM, dont j’ai vécu l’entraînement, pour le Secours en Montagne. Philippe percuta immédiatement. Je pris contact avec mes amis de la Sécurité civile et en particulier Roger COLIN, patron et pilote de la base d’Annecy œuvrant dans le massif du Mont-Blanc. Tout fut mis à disposition : deux hélicoptères, dont un équipé d’une plate forme spéciale pour que Philippe puisse filmer. Le résultat : une magnifique carte de remerciement de Philippe et de mes amis de là-bas, et surtout un film hors du commun : « En Limite de Puissance ». Ce document en direct n’a été vu que par les Suisses. C’est bien dommage, car il aurait pu en faire réfléchir plus d’un...

Autre péripétie de mon ami : Il décide de participer au Londres-Paris en ULM. Pour cause de météo, celui-ci est raccourci pour se finir à Bagatelle. Un Puma de l’ALAT devant larguer des parachutistes sur ce site, Philippe me demande d’intervenir auprès des autorités militaires de l’armée, dont j’ai fait partie, pour sauter avec eux. J’obtiens l’autorisation, Philippe saute et se retrouve posé dans les arbres.
Une autre fois, il m’appelle pour aller voler en école, à Saint-Cyr. Arrivé sur place, il est en compagnie d’un photographe de l’agence X. Série de photos, mais la dernière sera la plus mémorable. Je devais tenir un stationnaire au-dessus des mains de Philippe, photo qui fera le tour du monde. L’appareil étant relativement ancien, et par mesure de sécurité, nous nous mettons d’accord que si il y a un problème moteur, je basculerais la machine à gauche et lui dégagerait à droite. Philippe se met en place bras en haut et écartés et j’arrive avec l’hélicoptère pour me positionner guidé par le photographe. Cela a été long, je dirai même très long, car j’ai tenu cette position pendant 25 minutes et en plus vent arrière ce qui n’est pas très agréable. Le photographe changeait de pellicules puis d’appareil sans penser que je fatiguais. Philippe quant à lui heureusement baissait les bras jusqu’à ce qu’on lui dise de reprendre la position.

Enfin, la dernière fois où j’ai eu peur pour Philippe, ce fut en juin 1984 à la 3e Coupe de France Hélicoptère d’Annecy où nous l’avions invité. Toujours gentiment, il a accepté de faire des dédicaces, de participer à une des épreuves, et enfin de faire un geste spectaculaire. Pendant cette festivité, un LAMA venu de Suisse éteignait un feu de bois grâce à un seau tenu sous l’hélicoptère. Pour le remplir, une bâche avait été installée contenant plusieurs centaines de litres d’eau. L’ami Philippe s’est donc décidé de se suspendre aux patins d’un Écureuil et de se faire larguer dans l’eau. Le soulever fut simple, mais, mal guidé, le pilote n’était pas à la verticale et Philippe, suspendu à la force des bras, commençait à fatiguer et lâcha prise. Nous nous sommes précipités pensant qu’il était cassé, heureusement il avait pu tomber en bordure de la citerne en caoutchouc, ce qui a amorti la chute. Un coup de pot !

Ma dernière rencontre avec Philippe eut lieu à Paris. Nous avons parlé de son voyage au Zaïre et puis peut-être de son dernier défi, la descente du Gange à la nage, mais dans son esprit était que Diane attendant un enfant qu’il souhaitait être une fille, ce fut le cas, il voulait se consacrer plus à sa famille.

Adieu, mon ami Philippe...

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