Au cours des toutes dernières festivités de la Coupe ICARE 2015, mon ami et ancien collègue Vincent Saffioti, Président de l’une des associations organisatrices, m’invite sur les lieux de démonstrations de modèles réduits.
En effet en ce beau dimanche de fête, rejoint par plusieurs passionnés venus présenter leurs appareils, on vient de lui présenter une réduction d’Alouette III aux couleurs de la Sécurité civile, dont les exhibitions en vol s’apparentent au réalisme le plus complet.
Sans attendre, convaincu par son enthousiasme, je me rends immédiatement sur les lieux, malgré la foule impressionnante attirée par le succès toujours grandissant de cette manifestation. Je suis présenté aussitôt à Michel AUGUSTE, à la fois pilote et constructeur de cette splendide machine réduite au 1/3 de ses dimensions réelles. Je reste captivé face à ses évolutions, tout en acceptant de vanter au micro les mérites de notre Alouette III nationale.

En ce 4 octobre, c’est avec un grand plaisir et une certaine curiosité que je retrouve à nouveau Michel au sous-sol de sa maison de campagne, lieu de fabrication de ses petites merveilles. En pénétrant dans son antre, l’outillage semble prêt à être utilisé : Établi, fraiseuse, tour et perceuse, découpeur, chauffeuse, plexiglas, fibre de verre, barres de métal, etc.

Né la même année que moi, en 1949, Michel AUGUSTE a exercé pendant de nombreuses années la profession d’électronicien à EDF, tout en pratiquant le pilotage d’avion de tourisme et de planeur sur l’aéro-club du Versoud, près de Grenoble.
Malheureusement, le 30 août 2000, il est victime d’un terrible accident de parapente dans le massif de la Chartreuse.
Ce jour-là, mis en alerte, le secours en montagne demande la participation de l’hélicoptère de la Sécurité civile. Mais celui-ci est déjà en intervention, alors il est fait appel à l’hélicoptère de la Gendarmerie de Modane. Il se trouve précisément que la veille, j’étais de service à la Base Sécurité civile du Versoud avec Vincent Saffioti en me rappelant l’une de nos frayeurs les plus stressantes vécue au cours d’un vol stationnaire et posé immédiat en catastrophe, convaincus d’avoir heurté un obstacle dans le bruit épouvantable d’un simple sachet plastique aspiré et collé dans nos pales.

Hélitreuillé et hospitalisé à l’hôpital de Grenoble, plus d’une année sera nécessaire à notre ami Michel (que nous ne connaissions pas à l’époque), pour qu’il se rétablisse au mieux.
Il sera cependant contraint de quitter son activité professionnelle et perdra également la possibilité de pratiquer à nouveau ses loisirs dans l’Aviation.
C’est à ce moment-là, qu’il décide alors de se consacrer à l’aéromodélisme, que je qualifierai plutôt en ce qui le concerne "d’Art – éromodélisme", tant je reste émerveillé par son savoir-faire et les règles de l’Art appliquées consciencieusement à la construction de ses appareils.
Tous les renseignements et informations nécessaires, il les trouve au CELAG* du Versoud. Il mesure les cotes et dimensions sur les épaves et pièces diverses d’Alouette exposées çà et là dans le hangar. Il rend également visite au Musée départemental des Sapeurs-pompiers de Jacques Lissajoux où est exposée l’une de nos anciennes Alouette III Sécurité civile.

Au travail chaque jour, c’est après le montage du système de motorisation assuré par une turbine de type "JET CAT", la mise en œuvre de la télécommande et le plein de kérosène, qu’au bout de cinq mois, il tente d’effectuer le premier vol d’essai.
Même un pilote professionnel d’hélicoptère ne réussirait pas d’emblée à faire voler le prototype, la maîtrise d’un modèle réduit est un tout autre domaine.
Sur la télécommande manœuvrée avec les deux pouces, se présentent, un petit levier à droite pour les évolutions cycliques et un autre à gauche mixé, pour l’action sur le "Pas général" et l’inclinaison des pales du rotor de queue.
Michel, devenu à mes yeux un véritable "MARCHETTI-BOULET" de la voilure tournante en miniature, parviendra même par la suite, et non sans casse, à effectuer des posés en auto-rotation.

Nous lui souhaitons de nombreuses exhibitions, y compris un jour peut-être, une démonstration de secours en montagne avec utilisation du treuil de sauvetage, ce à quoi, dans le souvenir d’une situation vécue bien réelle, il doit peut-être la vie...

Nous nous quittons en fin de journée, avec le projet de nous revoir prochainement, pour rendre visite à l’un de ses amis, grand passionné lui aussi de cette captivante activité ; ce dernier peut me réserver d’autres surprises.

(*) Centre d’Etudes et de Loisirs Aérospatiaux de Grenoble.