Historique du secours héliporté médicalisé

MAJ : 26-04-2014

Publication : 13/10/2011 Auteur(s) : Francis


LES PRÉMICES DE LA SUSTENTATION
HÉLICOPTÈRE (du grec "HELIX" qui signifie spirale et "PTEROS" aile).

C’est seulement après l’invention de l’automobile que cette nouvelle technologie s’est imposée dans le domaine du secours sanitaire. Elle est le fruit de très nombreuses recherches et d’une longue évolution. Pour arriver à employer ainsi un tel appareil, il a fallu que l’homme cherche tout d’abord à s’élever dans les airs. Le milieu médical fut d’ailleurs parmi les premiers à vouloir s’intéresser à ce projet si l’on observe tout d’abord l’initiative du médecin Abdas Ebas Fernas Ajboukassem, qui dès l’an 880 aurait confectionné des ailes en plumes d’aigle pour s’élancer d’une colline près de Cordoue, il réussit à planer un court instant avant de s’écraser au sol.

Une bible du XIVème siècle conservée à la Faculté de Médecine de Montpellier nous montre « Élie » porté au ciel par une sorte de caisse à roues et à brancards, carriole tout à fait rustique à laquelle ne manque naturellement qu’une bête de trait.

Les orientaux et les tibétains en particulier ont également beaucoup cherché à s’élever dans les airs, grâce à des cerfs-volants. Les premiers vols présentaient un caractère plus religieux que sportif, seule une certaine caste, celle des moines-médecins de la Lamaserie du Chakpori, utilisait ces cerfs-volants confectionnés à l’aide de bois et de soie. Ils se composaient d’une cage de toile de trois mètre cinquante de long à laquelle étaient fixées deux ailes de trois mètres d’envergure chacune.

Le moine prenait place à l’intérieur, d’autres tractaient l’engin grâce aux courants ascendants, le cerf-volant et son pilote pouvaient s’élever de plusieurs centaines de mètres, mais là aussi, les accidents furent monnaie courante.

C’est tout naturellement l’observation du vol des oiseaux qui a guidé ces premières tentatives pour faire décoller des engins plus lourds que l’air.

L'hélice tournante réalisée sous forme de jouet d'enfant est déjà représenté sur un retable du XVème siècle peint par Maitre de VIVOIN, exposé au Musée de Tessé (Le Mans).L’observation faite par Léonard DE VINCI, à la fin du XVème siècle, porte sur le vol d’un oiseau de proie, le Milan. Celui-ci montait sans battre des ailes au-dessus de Barbiga. Son explication réside pour la première fois, dans ce qui est appelé les courants d’air. Il conclut que la montée des oiseaux sans battement d’ailes ne nait pas d’autre chose que de leur mouvement circulaire dans le vent.
C’est à ce savant Florentin que nous devons les premiers dessins mécaniques concrétisant la théorie la plus simple qui consiste à penser que l’hélicoptère est en fait une vis dont la masse d’air est l’écrou.
L’hélice tournante réalisée sous forme de jouet d’enfant a dû amuser de nombreuses générations, puisqu’il est déjà représenté sur un retable du XVème siècle peint par Maître DE VIVOIN, exposé au Musée de Tessé (Le Mans).

Mais il faudra attendre l’année 1774, pour voir construire le premier modèle réduit ayant volé avec des ailes sustentatrices. Il a été présenté par LAUNOY et BIENVENU à l’Académie des Sciences.

Napoléon lui-même, aurait souhaité un moyen capable d’évacuer le plus loin et le plus vite vers l’arrière les blessés de ses armées, tout en leur assurant les soins vitaux, si l’on en croit le principe général édicté par LARREY son médecin-chirurgien.

LES PREMIERS PROTOTYPES
En 1853, PONTON d’AMECOURT commence les travaux le conduisant quelques dix années plus tard, à la réalisation d’un engin expérimental, que l’on peut encore admirer au Musée de l’Air. En 1853, PONTON d'AMECOURT commence les travaux le conduisant quelques dix années plus tard, à la réalisation d'un engin expérimental, que l'on peut encore admirer au Musée de l'Air. Remarquable appareil dans lequel l’aluminium entrait pour la première fois en qualité de matériau léger.

C’est en 1870, pendant le siège de Paris que le premier aéronef sanitaire entre dans l’histoire avec l’évacuation par ballons de 170 malades hors de la capitale. Ce sera ensuite au début du XXème siècle que l’on voit se réaliser de nombreuses fabrications d’engins les plus divers désirant s’élever grâce à une voilure tournante.

Le premier ayant réussi à quitter librement le sol avec son pilote à bord, est certainement le mécanicien Paul CORNU qui décolle son appareil le 13 novembre 1907, aux environs de Lisieux. Cette tentative, peut-être réussie par miracle, est une véritable démonstration publique, exécutée avec un modèle actionné par un moteur de 24 chevaux, s’élevant librement à 30 centimètres et soulevant un poids total de 280 kg.

En 1914, les moyens d’évacuation sont encore ces ambulances dites "volantes" car bien que tractées par des chevaux, elles permettent de ramasser les blessés au cœur même des combats.

En 1917, un chirurgien nommé CHASSAIGNE obtient du Ministre de la Guerre qu’un avion de reconnaissance soit spécialement aménagé pour évacuer les blessés.

Le 23 septembre de cette même année, a lieu à bord d’un "DORANDDALSACE" la première évacuation sanitaire aérienne à Villacoublay. C’est à la même époque que sont effectués à Douai les premiers essais de vols d’appareils moitié avion, moitié hélicoptère appelés gyroplanes".

Les premières Evasan se font par avions - Photo collection FDEn 1918, le "Petit Larousse" ne traduit le mot HÉLICOPTÈRE que sous la forme suivante : HÉLICOPTÈRE n.m. Appareil d’aviation qui n’a d’ailleurs jamais existé que comme jouet d’enfant.
C’est toujours l’avion qui prédomine dans les évacuations sanitaires avec, en 1923 "l’apôtre de l’évacuation sanitaire aérienne", le Médecin Chef Robert PICQUE du Val-de-Grâce, qui met en place une organisation militaire des évacuations lors des conflits du R.I.F. du Maroc et du Levant avant de se tuer accidentellement 4 ans plus tard.

A la fin de 1924, l’Espagnol PESCARA détient, grâce à son quatrième appareil, le record de distance en ligne droite (736 mètres), et le Français OEHMICHEN décolle d’un mètre avec 200 kg de charge. M. PASSAT et son engin appelé déjà Alouette vers 1930 D’autres études sont poursuivies par Louis Charles BREGUET et l’ingénieur René DORAND dont le gyroplane permet en 1937 l’établissement de plusieurs autres records mondiaux.

Mais après les réussites de nombreux prototypes réalisés par l’ingénieur Américain Igor SIKORSKY qui permettent de croire enfin à la réussite du "Comment", il faut justifier les dépenses de fabrication en sachant résoudre le "Pourquoi". En effet, face aux progrès parallèles de l’avion, les passionnés de l’hélicoptère doivent prouver l’utilité de leurs inventions.

Cliquez pour voir la vidéo - Essais du nouveau gyroplane BREGUET-DORAND à Villacoublay, le 20 décembre 1935 - Photo DRAu début des années 1940, certains inventeurs énumérèrent quelques applications possibles, notamment :
• Taxi aérien dans les villes à circulation très encombrée avec atterrissages éventuels sur les toits de bâtiments spécialement aménagés.
• Observation pour le tir de l’artillerie en remplacement des ballons captifs.
• Observation pour la marine militaire (repérage des sous-marins).
• Observation pour la marine civile (repérage des bancs de poissons).
• Photographie aérienne civile et militaire.
• Surveillance des côtes et frontières par le Service des Douanes, etc..

On peut constater qu’aucune application sanitaire n’est encore imaginée.

NAISSANCE DE LA VOCATION DE SAUVETAGE
C’est paradoxalement en pleine deuxième guerre mondiale, avec la fabrication des appareils conçus par les ingénieurs Allemands FLETTNER et FOCKE, que l’hélicoptère trouve sa toute première vocation à caractère humanitaire.

Focke Achgelis du IIIe ReichTout d’abord destinés au transport des troupes en montagne, ces engins, appelés FW E1 et FL 265 sont révoqués pour manque de performance dans la Luftwaffe par le Maréchal GOERING. Par contre, ils ne manquent pas d’intéresser le commandement de la Marine de Guerre Allemande pour la recherche et le sauvetage en mer.

La vocation de l’hélicoptère en matière de secours était née.
Parallèlement, les Américains eux aussi parviennent à mettre au point de tels appareils si l’on excepte deux défauts : une certaine délicatesse de pilotage et une descente sans moteur un peu rapide encore. La section aérienne de la Coast Guard devient confiante malgré tout dans les possibilités offertes par ces "whirlybirds" (oiseaux tournants). Le rêve d’un bateau de sauvetage volant capable de planer au-dessus des eaux pour récupérer les survivants d’un naufrage, prend consistance avec les premiers vols réussis des prototypes d’hélicoptères.

Le 3 janvier 1944 s’effectue la première mission humanitaire en hélicoptère en transportant de toute urgence du plasma de New York aux victimes de l’explosion d’un destroyer à Sandry Hook dans le New Jersey.

A partir du 24 mai 1944, les hélicoptères sont employés aux Indes pour les missions d’observation, d’appui et de liaison. Au cours du mois de mai, les hélicoptères de la région de Burma évacuent de nombreux personnels en danger en plusieurs points isolés. Dans la même période, ils sauvent de nombreux Américains derrière les lignes japonaises et le type d’hélicoptère employé, le Sikorsky 4B prend même en surcharge une troisième personne sans incident.

En novembre et décembre 1944, le célèbre pilote d’autogires et d’hélicoptères, le Commandant BRIE (RFA) signale que les hélicoptères sont couramment employés pour la protection des convois contre les sous-marins ennemis ainsi que pour le sauvetage des pilotes et des équipages obligés d’atterrir dans la Manche.
Un peu plus tard, au cours de la guerre de Corée, les "Marines" sont très intéressés par l’hélicoptère non seulement comme engin de combat, mais aussi pour son côté "pratique" pour l’évacuation des morts et des blessés avec les appareils conçus par Bell et Sikorsky.

LES DÉBUTS DE L’ÉVACUATION SANITAIRE
Toujours en Indochine, en 1949, le Médecin-Général ROBERT, Chef du Service Sanitaire Français, demande des hélicoptères afin de réaliser des "EVASANS". En effet, l’évacuation des nombreux blessés s’avère très difficile dans ces régions, et l’hélicoptère, par le gain de temps qu’il procure, permet de sauver plus de soldats que l’évacuation terrestre.
En avril 1950, les désirs du Médecin Général sont satisfaits, car les deux premiers hélicoptères perçus par l’Armée de Terre arrivent en Extrême-Orient. Ils n’intéressent pas l’Armée de l’Air malgré l’avis de ses Officiers, le Capitaine SANTINI qui voit là des engins permettant des évacuations rapides de blessés, par conséquent, le sauvetage de nombreuses vies humaines.

Ces deux premiers hélicoptères munis de porte-civières extérieurs ont été achetés avec des fonds provenant du Service de Santé, d’un don de l’Association des Anciens Combattants et d’une souscription de la Ville de Bordeaux.

Evasan avec un Hiller 360 piloté par le Capitaine Valérie ANDRÉ - Photo collection Dominique RoosensLes deux Hiller 360, de fabrication anglaise, effectuent leur première évacuation le 16 mai 1950. Quatre autres appareils de ce type sont perçus en février 1952. En juin a lieu la livraison d’un Westland-Sikorsky S51, suivi de huit autres machines qui peuvent embarquer jusqu’à quatre blessés. Peu de temps après, le Médecin-Capitaine Valérie ANDRÉ parvient à obtenir encore d’autres moyens. Deux compagnies sanitaires équipées de vingt-cinq HILLER H 23 (deux blessés couchés) et de vingt-cinq "WESTLAND H 13" (six blessés couchés, huit assis) sont créées. Elles effectuent 11 000 heures de vol pour 11 000 blessés.
Sur le territoire français, c’est à l’Adjudant Joseph DE TADDÉO de la Brigade des Sapeurs-pompiers de Paris que l’on doit le tout premier rapport sur les possibilités d’utilisation de l’hélicoptère dans le domaine de l’incendie et du secours. A la suite de celui-ci, une démonstration est organisée le 15 novembre 1949 à Issy-les-Moulineaux. Un HILLER 360 équipé d’une échelle de corde est utilisé d’abord en stationnaire puis De TADDÉ0 fait un véritable périple au-dessus de PARIS suspendu sous l’hélicoptère.

Convaincu par les recherches de DE TADDÉO, le commandant Frédéric CURIE soutient la thèse de son adjoint auprès des responsables en haut lieu. Il y a cependant un problème insurmontable : l’absence de crédits.

Paul-Émile VICTOR devant une Alouette II Marine - Photo collection FDPour contourner cette difficulté, le Commandant CURIE, aidé du Docteur Valérie ANDRÉ et de Paul-Émile VICTOR créent la ligue Française de Secours et de Sauvetage Aérien. Au mois de mai 1950, le Service de Santé de l’Armée de l’Air en Indochine commandé par le médecin-Général ROBERT achète deux Hiller 360. Les premiers pilotes, le Lieutenant SANTINI et l’Adjudant FUMAT, formés à l’école de M. BORIS à Corneilles-en-Vexin, amènent leurs appareils à proximité des combats pour évacuer les blessés graves et les ramener vers les hôpitaux. Ils sont rejoints par le Médecin-Pilote Valérie ANDRÉ. Les médias se font largement l’écho des merveilles accomplies par ces petites machines.

En 1952, une loi de réquisition des hélicoptères en cas de catastrophe est promulguée. Tous les appareils, en état de marche à travers le pays, sont recensés.

A la même époque en Suisse, au bord du Lac de Bienne, lors de l’assemblée annuelle de la Société Suisse de Sauvetage, c’est un médecin également, le Docteur Rudolf BUCHER qui s’investit pour que la société se spécialise dans le sauvetage aérien. Il fonde la Garde Aérienne Suisse de Sauvetage. Les pionniers du sauvetage par les airs sont Freddy WISSEL de Saint-Moritz et le pilote valaisan Hermann GEIGER.

L’utilisation d’un hélicoptère lors d’une intervention de sauvetage le 22 décembre 1952 à DAVOS laisse entrevoir de nombreux espoirs. Le pilote Sepp BAUER transporte le passager secouru dans une corbeille à l’aide d’un HILLER 360. Dès ce moment, ils sont convaincus que l’avenir du sauvetage par les airs appartiendra à l’hélicoptère.

Alouette 2 de la Protection civile pour la Hollande - Photo collection Dominique RoosensLe 31 janvier 1953, en pleine nuit, les digues protégeant la région des polders hollandais sont rompues. Un tiers du pays est envahi par la mer. Grâce à une coordination exemplaire entre plusieurs Ministères étrangers, quatre hélicoptères sont dirigés sur la Hollande. Trois autres appareils mis à la disposition du gouvernement par des services publics ou des entreprises privées rejoignent les Pays-Bas quelques jours plus tard. Tous ces appareils regroupés sous l’autorité du Commandant CURIE prennent une part active aux missions de sauvetage et de reconnaissance.

Des journées nationales de la sécurité sont organisées à Paris en juin 1953. CURIE utilise des BELL 47 G1 prêtés par la Société FENWICK pour refaire devant les spectateurs rassemblés sur les rives de la Seine, l’ensemble des manœuvres exécutées en Hollande. Un exercice a lieu ultérieurement, et pour la première fois, devant des médecins réunis en congrès.

Le 10 avril 1954 ont lieu les catastrophiques inondations de la Seine. Le BELL 47 G1 renforcé par un HILLER 360 effectue plus de 36 heures de vol en missions de secours et de reconnaissance pour venir en aide à la population parisienne sinistrée.

La même année, le Colonel FOUCHE, Chef du Bureau Technique de la gendarmerie Nationale voit lui aussi, l’aboutissement de ses efforts. La Direction de la Gendarmerie Nationale et de la Justice Militaire procède à l’acquisition d’un hélicoptère BELL 47 G. Mais il lui reste à prouver l’utilité de la demande de cette technologie nouvelle.

Le 12 juin 1954 a lieu le premier vol de nuit. 1954 est aussi l’année où décède le premier gendarme à bord d’un hélicoptère militaire chargé d’une mission d’évacuation Sanitaire en Indochine.
Pendant ce temps, la Société Nationale de Construction Aéronautique du Sud-Est (SNCASE) met au point un appareil à turbine bien supérieur aux moteurs à pistons utilisés jusqu’ici sur les appareils anglais et américains.

CRÉATION DE L’ALOUETTE MÉDICALISÉE
Alors que s’effectue à SUD AVIATION le premier vol du "SE 3110", premier hélicoptère vraiment français destiné à la commercialisation et qu’évolue l’étude du "SE 3120" appelé ALOUETTE I muni de "Containers Sanitaires", ces deux prototypes vont rapidement déboucher vers un autre engin, cette fois muni de la fameuse turbine, Artouste II, ce sera l’Alouette II. Elle décolle pour la première fois le 12 mars 1955.

Évacuation sanitaire avec une Alouette II en AlgérieConçue par l’ingénieur Français Charles MARCHETTI et pilotée par le pilote d’essai Jean BOULET, l’ALOUETTE II est industrialisée après avoir battu le record mondial d’altitude toutes catégories en juin 1955 (8209 mètres).

L’utilisant sur les champs de bataille durant la guerre d’Algérie, le Médecin Général Valérie ANDRÉ est aussi la première femme médecin et pilote d’hélicoptère à apprécier l’Alouette II pour l’évacuation des blessés au moyen de deux civières extérieures montées de chaque côté de l’appareil. Désormais, celui-ci succède à ceux utilisés auparavant pour ce type de missions ; les appareils Américains Bell et Djinn, tandis que deux autres types d’hélicoptères lourds, transporteurs de troupes, les fameux "Bananes" Vertol et les H-34 et H-19 de Sikorsky permettent le chargement en cabine de blessés accompagnés d’un personnel médical.

Le matelas coquille inventé par le Professeur CARAEn mai 1956, le Professeur CARA, Chef des Services de Réanimation de l’hôpital NECKER à PARIS réalise une sélection du matériel de réanimation nécessaire et effectue le premier transfert secondaire aérien d’un poliomyélitique sous ventilation assistée. Il est également le concepteur du matelas coquille très utilisé pour les secours et les transferts sanitaires par hélicoptère.

En France également, la première évacuation sanitaire d’un accidenté de la route est faite dans la région de REIMS le 1er juillet 1956. Le 7 octobre 1956, le Lieutenant-colonel CURIE tombe dans les eaux froides de la Seine à bord de son appareil. L’année précédente, il participait au secours de la population grecque d’Argostoli frappée par un tremblement de terre et Orléansville en Algérie également victime d’un violent séisme.

En novembre, il décède. L’année suivante, le 19 juin 1957, le Ministère de l’Intérieur crée officiellement le Groupement Hélicoptère rattaché au Service National de la Protection civile. Dès lors, on comprend très vite l’intérêt de l’emploi de l’hélicoptère au bénéfice des populations civiles. Transport sanitaire avec l'Alouette II Après l’acquisition d’hélicoptères à moteur peu puissants du type BELL J3 et BELL G2, c’est l’Alouette II, équipée de sa turbine de chez Turbomeca qui s’impose dans le domaine du secours, surtout en régions montagneuses.

La preuve en est faite à la fin de l’année 1956 au cours du drame que vivent les deux jeunes alpinistes VINCENDON et HENRY dans le massif du Mont-Blanc. Pris dans le mauvais temps, ils sont sur le point d’être secourus par un Sikorsky H-34 de l’Armée de l’Air, malheureusement celui-ci se retourne en atterrissant près d’eux.
L’équipage composé du Commandant SANTINI et de l’Adjudant BLANC a été aveuglé par le nuage de poudreuse soulevé par le souffle du rotor. Mal équipés, les deux hommes se retrouvent eux aussi blessés et bloqués à 4000 mètres d’altitude par une température de -20° au côté des deux alpinistes dont les jambes et les bras sont gelés. C’est alors qu’arrivent deux « Alouettes » de la société « Sud Aviation » pilotées respectivement par Gérard HENRY et Jean BOULET. Ils parviennent à se poser au refuge Vallot pour récupérer l’équipage du Sikorsky et les guides, puis se posent quelques minutes plus tard prés de l’hôpital de Chamonix. Aucune autre tentative ne sera renouvelée pour récupérer les deux alpinistes dont les corps seront redescendus au printemps 1957. Évacuation, avec une Alouette 2 F-ZJAY de l'ALAT, du célèbre cycliste Roger Rivière victime d'une grave chute le 10 Juillet 1960 au col de Perjuret en Lozère. L'appareil évacua la victime sur l'Hôpital de Montpellier en compagnie du Docteur DUMAS - Photo DR Cependant, l’Alouette II vient d’ouvrir la voie à une nouvelle génération de machines et une nouvelle approche du secours en montagne.

Bien qu’ils soient équipés de civières extérieures placées dans des containers étanches et chauffés, ces appareils ne permettent pas aux médecins l’accès aux personnes transportées. Ces vols classés "Evacuation Sanitaire" doivent se transformer en "Transport Sanitaire". Cela peut se réaliser dès 1960, grâce à l’initiative d’un équipage de la Base Hélicoptère Protection civile de Grenoble. Alfred LEPLUS et Gabriel MONTMASSON créent et aménagent la première civière intérieure amovible sur cet appareil, rendant possible la surveillance et l’administration des soins par accès direct aux malades ou aux blessés. La même année, l’ALAT, avait déjà placé une civière à l’intérieur d’une Alouette II pour la sécurité du Tour de France. Cette nouvelle possibilité appliquée dans les autres Bases permet un développement considérable des missions civiles à caractère sanitaire en rendant aux médecins transportés leur pleine efficacité, de la prise en charge des victimes sur le terrain jusqu’à leur arrivée en milieu hospitalier.
C’est cette initiative qui marque avec ce type de matériel le début d’une véritable médicalisation des hélicoptères de la Protection civile du Ministère de l’Intérieur.

Civière embarquée sur Alouette 2 F-ZBAC de la Protection civile pilotée par Francis Riera - Photo collection FDDès 1962, des essais effectués par le S.A.M.U. de Paris avec le concours de la gendarmerie, marquent le début de l’emploi de l’hélicoptère pour les transports civils de réanimation (en particulier les transports inter-hospitaliers).
Sur ce sujet, la même année a lieu un séminaire sous la direction du Professeur CARA et du Général SALVANIAC, regroupant les membres de l’Association des anesthésiologistes français à l’Ecole de l’Air de Salon de Provence : "Intérêt de l’hélicoptère en pratique sanitaire pour les transports civils de réanimation".
Par la suite, le professeur GRIFFON, Chef du laboratoire de toxicologie de la Préfecture de Police de Paris, préconise l’intervention "in situ" qui consiste à amener sur les lieux mêmes de l’accident, outre le matériel de réanimation classique, des équipes de médecins réanimateurs et de désincarcération qui procèdent à l’extraction du blessé. La victime est ensuite mise en condition à l’aide de soins appropriés et Hélitreuillage d'un blessé en civière depuis l'Alouette III F-ZBDL de la Sécurité civile - Photo collection FDc’est seulement après cette phase que l’on procède au transport dans un hôpital de première urgence.

Le Professeur LARENG de la Faculté de Médecine de Toulouse met au point le principe du télédiagnostic grâce à la mise en œuvre de l’électronique. Ce procédé est destiné à équiper les hélicoptères intervenant en terrain difficile (accidents de montagne par exemple). Un assistant transporté par hélicoptère donne à la victime les premiers soins et dispose sur celle-ci des électrodes. Un émetteur transmet les paramètres importants : rythmes cardiaques et respiratoires, tension artérielle à un récepteur au sol. Le médecin reçoit ainsi, à distance, des renseignements qui lui permettent après interprétation d’établir un diagnostic et de prescrire le traitement adéquat.

Dès lors, les bons résultats obtenus donnent rapidement l’idée de généraliser l’emploi de ce moyen mobile aérien dans des régions où le relief n’est pas accidenté.
Cliquez pour agrandir la photo des acteurs du secours héliporté posant devant 2 Alouette III en été 1983 sur la DZ des Bois à Chamonix - Photo © Jean-Claude StammPour motiver ce choix, il faut savoir qu’une demi-heure de vol pour cet hélicoptère représente près de 100 kilomètres parcourus, alors que par la route, on ne parcourt guère plus qu’une moyenne de trente kilomètres dans le même temps.
Ainsi, depuis 1969 dans la région de Toulouse, à l’initiative du Professeur LARENG, l’hélicoptère est utilisé surtout sur le réseau routier et autoroutier.

A cette notion de rapidité, s’ajoute la nécessité de donner les premiers soins sur le lieu même de la détresse tout en assurant un transport sous surveillance médicale vers le centre hospitalier approprié.
Agusta A 109 sur la DZ du Samu 26 à Valence - Photo © Christophe GothiéOn assiste à partir des années 70 et grâce au bon fonctionnement des S.A.M.U., au développement d’une nouvelle aide médicale recouvrant pratiquement tout le territoire compte tenu de l’implantation des diverses bases hélicoptère des unités de la Gendarmerie Nationale, de la Sécurité civile et de la participation d’entreprises privées affrétées auprès de plusieurs centres hospitaliers.

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