Dans une descente VTT sur le domaine de Tignes mi-août, ma compagne chute quasiment à l’arrêt. Mauvaise réception, elle tombe en se faisant une entorse grave doublée d’une fracture du péroné. Nous étions à environ cinq cent mètres au-dessus de la station dans une pente à forte inclinaison. Je décide presque instantanément d’avertir les secours à l’aide de mon téléphone portable. Auparavant, je localise précisément l’endroit de la piste balisée sur laquelle nous sommes sur une carte du domaine de la station. En contact avec les secours, j’expose la situation en avertissant immédiatement que nous sommes dans un endroit inaccessible en 4x4, ou tout du moins pas à moins de 200 m d’une crête possédant un chemin carrossable.
Au bout de cinq bonnes minutes, l’opérateur en ligne (fort gentil d’ailleurs) m’explique que ce serait trop compliqué de venir chercher ma compagne par un moyen terrestre et qu’il va basculer mon appel vers les secours en montagne. Quelques minutes plus tard, je suis en ligne avec un nouvel interlocuteur et je dois reprendre intégralement les explications car aucun renseignement n’est transmis entre les deux centres d’appels (pourtant déjà connu au 112). Aussi, la personne me demande-t-elle les informations pour nous localiser et m’informe que l’hélico serait là dans un petit quart d’heure. Effectivement, peu de temps après, nous entendons l’appareil arriver mais celui-ci va nous chercher sur un flan de la montagne distant de plus d’un kilomètre de notre position. Malgré nos gestes, l’équipage de l’EC 145 n’arrive pas à nous localiser et l’hélicoptère entame des montées-descentes sur un secteur ou l’on trouve aussi une autre descente VTT balisée...
Rétrospectivement, j’avais imaginé qu’en indiquant précisément le nom de la piste où nous étions, il serait facile pour les secours de nous retrouver. Il était évident pour moi qu’un équipage habitué à la région pourrait interpréter cette information, mais pour un hélicoptère couvrant ce secteur, des centaines de vallées et de nombreuses stations d’altitudes, un nom de piste ne suffit pas. Pourtant, j’aurais pu avec la fonction GPS de mon téléphone, transmettre nos coordonnées exactes...
Cela dit, l’opérateur en lien radio avec l’hélicoptère me rappelle et nous finissons en direct la localisation (à droite, plus bas, environ 1 km à l’est, etc...). Nous perdrons une bonne dizaine de minutes ce qui, dans un cas plus grave, aurait pu avoir une importance vitale.
Dès que nous sommes repérés, les choses évoluent très vite. Après son approche rapide, l’appareil dépose le médecin et deux CRS à une vingtaine de mètres au-dessus de nous. Pendant les premiers soins prodigués à ma femme, l’EC 145 se pose en attente sur une crête nous surplombant. Une fois le conditionnement terminé, le médecin transmet par radio l’information à l’hélicoptère. Celui-ci revient se positionner en vol stationnaire, en équilibre avec seulement le bout du patin gauche sur la pente. Tandis que le pilote maintient cette position quasiment sans bouger et avec une maîtrise absolue, la victime et les sauveteurs embarquent en moins de deux minutes. Ce professionnalisme bluffant et cette efficacité me laisse sans voix pendant quelques instants.
Mon appareil photo rangé, il me faut maintenant redescendre avec les deux vélos dans un sentier très raide. Mais cela est une autre histoire bien moins captivante et bien moins spectaculaire.

Ma femme et moi profitons de cette occasion pour remercier tous les acteurs qui ont participé au sauvetage de ma chère et tendre. Nous étions rassurés d’avoir pu être rapidement pris en charge et nous saluons donc la compétence de ces équipes qui veillent fidèlement sur nous.