Michel ANGLADE

vendredi 3 janvier 2020

Le pilote d’hélicoptère a parcouru la terre entière à bord de son Alouette, du Loiret à la Mauritanie
Dans l’armée ou dans le privé, en montagne ou dans le désert… Le pilote d’hélicoptère Michel Anglade survole la terre depuis 60 ans. De son domicile d ’Izy, il raconte.
Pilote, instructeur, examinateur, viticulteur, bricoleur, Michel Anglade, un habitant d’Izy, est un véritable touche-à-tout.

Michel Anglade a effectué son premier vol à 14 ans. Depuis, il est devenu pilote d'hélicoptère. Installé à Izy, il y dirige son entreprise qui propose diverses prestations pour le cinéma ou les événements sportifs tout en formant de nouveaux pilotes - Photo collection M. AngladeNé en 1945 dans un petit village près de Carcassonne au sein d’une famille de viticulteurs, il est l’unique garçon d’une fratrie de quatre.

Dès l’enfance, Michel Anglade découvre Léonard de Vinci, Jean Mermoz et Antoine de Saint-Exupéry. Le petit garçon dispose d’une mappemonde où il suit les déplacements du frère et des sœurs de son père qui sont en mission à l’étranger. Des tantes professeures des écoles au Liban et ailleurs ainsi qu’un oncle, Gustave, missionnaire à Madagascar auquel il voue une grande admiration. L’enfant se promet que, lui aussi, découvrira le monde.

À l’âge de 7 ans, il balaye déjà, chaque jeudi, le hangar du Centre de Sélection Aéronautique de Carcassonne Salvaza dont il est voisin.

Sa passion lui permet de se faire remarquer : à 14 ans, il obtient la permission, ressentie comme une promotion, de nettoyer les avions.

Belmondo n’est pas le seul à voler à ses côtés
C’est à cette époque que son assiduité tape dans l’œil de Jean Passadori. Ce grand nom de la voltige mondiale invite le « petit » dans son cockpit. C’est son baptême de l’air.

En rentrant chez lui, il s’empresse de raconter son expérience à ses parents. Ils n’en croient pas un mot ! « J’ai reçu une paire de claque ! »

Chez des viticulteurs de père en fils depuis huit générations, la nouvelle est abrupte. Michel préfère le ciel à la terre. Il obtiendra tout de même un bac agricole mais change vite de cap.

Brevet de pilote en poche, il s’engage dans l’ALAT (aviation légère de l’armée de terre).

« Pour moi, c’est ma deuxième maman », révèle l’aviateur. Chef de patrouille sur hélicoptère de combat, il fait la guerre du Tchad.

En 1983, il devient le chef pilote de la société Helifrance qui coordonne des opérations de baptême de l’Air, des compétitions cyclistes, automobiles, le Niamey-Bamako, le Raid Blanc, l’Enduro du Touquet, Paris-Dakar.

Puis, il crée, en 1986, le Roto Club parrainé par Mireille Darc. Cette association de 400 membres forme 110 pilotes privés jusqu’en 1991 où l’activité école, à Issy-les-Moulineaux, est arrêtée.

Michel arrive ainsi dans le Loiret. Il implante son activité à Izy, près de Bazoches-les-Gallerandes, et ouvre une Société : Rotor Maintenance.

« L’hélicoptère est un outil », précise Michel Anglade. De fait, l’entreprise propose un large panel de prestations : stages de montagne, de transports de charges, poutrelles, surveillance de lignes électriques, recherche géophysique, assistance du SAMU ou encore la caméra hélico qui permet la captation d’événement sportif notamment.

Le cinéma et la publicité font aussi appel aux talents de Michel, des pubs Renault au tournage d’ Itinéraire d’un enfant gâté.

Jean-Paul Belmondo n’est pas le seul à avoir pris place dans le cockpit de l’Alouette du Loirétain d’adoption. Il convoie aussi les stars du Festival de Cannes et les hommes politiques de Pompidou au, encore aujourd’hui, président de l’assemblée nationale sénégalaise.

Ses missions l’ont conduit à travers le monde : Asie, Caraïbes, Afrique de l’Ouest, Guinée. Partout, il a scellé des amitiés.

C’est sur le continent africain que Michel Anglade fait l’une de ses plus belles rencontres, avec le père du Dakar, Thierry Sabine. Les premières éditions du rallye sont courues sans GPS, lorsque deux motards disparaissent dans le désert du Ténéré, c’est à la vue qu’il les retrouve, dans des conditions extrêmes.

« Pour faire ce métier, il faut de la volonté, du courage, de l’opiniâtreté. L’obtention d’un brevet ne suffit pas, il est nécessaire de se remettre en question quotidiennement, de continuer à s’appliquer sans cesse. »

Il sauve deux motards égarés du Paris-Dakar
Même avec toute l’expertise du monde, il est parfois impossible d’éviter l’accident. En 1985, en Mauritanie, une avarie provoque le crash de son Écureuil : « Rescapé mais dans le coma, j’ai subi 14 interventions en deux ans, j’ai mis du temps à admettre cet accident. »

Les deuils, après la perte de pilotes amis, n’ont pas entamé la passion de Michel. Soixante ans après son baptême de l’air, le ciel est toujours son refuge. Il continue à y former les pilotes privés. Les cours théoriques ont lieu, chez lui, à Izy.

« Piloter un hélicoptère, cela se fait en douceur, c’est sensuel, ce n’est pas physique. Pour certains, apprendre à piloter un hélicoptère peut s’apparenter à une thérapie pour dépasser des phobies : il s’agit alors d’apprivoiser cette machine, véritable empire de mécanique.  »

À 74 ans, le héros du ciel a gardé les valeurs bien ancrées de ses idoles d’antan, de Saint-Exupéry à Mermoz. En toute humilité, il continue à faire voler les mécaniques, il ne les roule jamais. Source : larep.fr

Vos commentaires

  • Le 21 septembre 2023 à 17:23, par Nicolas jean En réponse à : Michel ANGLADE

    Je viens de perdre encore un copain qui appartenait à un monde auquel j’appartiens depuis 65 ans à Dax où il fut
    mon élève pilote. Nous sommes restés en contact depuis toutes ces années. C’est encore un copain que je perds
    en vol. .

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    • Le 28 septembre 2023 à 19:04, par FanaAlouette En réponse à : Michel ANGLADE

      Le Maître Yoda de l’Hélicoptère s’est envolé pour toujours. Pour honorer sa mémoire tout en transmettant sa passion oh combien belle et humaine, on peut se souvenir de la fameuse phrase d’Antoine de St-Exupéry (figurant sur la place d’Armes de l’école des pilotes d’hélicoptères militaires à Dax) qu’il mettait si souvent avant : " Il te faut admettre, que seul vaut ce qui a coûté du temps aux hommes."

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