Martine Gaillard, des souvenirs de très haut vol

dimanche 20 décembre 2020

L’Agenaise Martine Gaillard, des souvenirs de très haut vol
La voix posée, douce, presque hésitante lorsqu’il s’agit de parler d’elle dissimule un sacré tempérament qui trouve peut-être ses racines dans l’enfance, comme elle le dit : Martine Gaillard Pilote EC 145 Dragon 33 Sécurité civile - Photo DR"Chez moi, je suis passée après deux grands frères. Je n’ai pas beaucoup joué à la poupée. C’était plutôt les billes, le tir à la carabine puis la moto… J’avais également entendu parler dans la famille d’un oncle que je n’ai jamais connu, qui avait été dans l’Infanterie de Marine, et de ses affectations en Indochine ou à Madagascar. Tout cela me faisait un peu rêver. Je rêvais d’aventure et de voyages." Inutile donc de préciser ici que le projet d’une carrière dans la comptabilité un temps envisagé a tourné court.

La suite, l’Agenaise nous la raconte : "À 17 ans, j’ai donc passé le concours des trois Armées. Une fois reçue dans l’Armée de Terre, je me suis engagée pour faire partie de l’État-Major, car à cette époque, les femmes dans l’Armée ne pouvaient travailler ailleurs que dans les bureaux. Et puis, en février 1982, pour la première fois, on apprend que les femmes vont être autorisées à devenir pilote ALAT (NDLR : Aviation Légère de l’Armée de Terre) et qu’il y a deux places disponibles dans ma promo. Celui qui allait devenir le père de mes enfants m’a encouragée à le tenter. Il a d’abord fallu passer des tests psychotechniques puis des tests médicaux. Pour piloter, il faut bien évidemment avoir un profil médical impeccable." Avec des résultats concluants, voici donc la jeune femme à l’orée d’une carrière hors du commun.

"J’ai aussi transporté des ministres"
C’est à Dax, toujours en 1982, qu’elle suivra une année de formation pour l’obtention de son brevet. Le contact initial avec l’appareil et les premiers instants dans les airs lui ont laissé un immense souvenir : "Je n’avais que 18 ans, je n’aurais jamais cru que je pourrai un jour piloter un hélicoptère ! J’étais comme un petit enfant. Moi qui avais un esprit d’aventure, c’était comme si je décrochais la lune, c’était difficile mais magique !". S’ensuivra une carrière militaire de 17 années, dont les sept premières se dérouleront à Rennes, avec plusieurs missions, dont certaines qu’elle détaille ici : "J’avais d’abord les missions d’aide au commandement. Il s’agissait de transporter des chef de corps de service, des généraux, des VIP, des préfets et même un ministre étranger.

Il y avait bien sûr les missions de préparation au combat, les vols d’entraînement et j’intervenais aussi sur la partie évacuation sanitaire au profit des stages d’entraînement commando et des préparations militaires parachutistes." Un pan de son travail qui aura sa préférence, jalonné par une première intervention qui l’aura profondément marquée. Les images de cette période où elle était basée en Bretagne sont intactes : "J’ai dû aller secourir un jeune qui effectuait une formation de parachutiste. Comme il nous l’a dit, lors du saut, son parachute ne s’est pas déployé complètement. Il a paniqué et n’a pas su ouvrir son parachute ventral. Ce qui fait qu’il a chuté avec un parachute mal formé. Nous sommes allés le chercher dans les bois, je me suis posée dans une clairière et nous l’avons ensuite transporté à l’hôpital de Vannes. Il est décédé dans la nuit. J’ai compris ce jour-là l’utilité de mon métier. Cela a été une révélation, comme une graine plantée et qui m’a amenée, plus tard, à piloter pour la Sécurité civile. "(…) Source ladepeche.fr

Une mission difficile au-dessus des baïnes de l’Atlantique
Martine Gaillard, Pilote de l'EC 145 Dragon 33 - Photo DRUne mission a particulièrement marqué Martine Gaillard : « L’été, dans la Sécurité civile, j’interviens à Lacanau. L’été dernier, à Carcans, une famille a été emportée par une baïne, ces courants très dangereux qui vous amènent au large, dans une zone non surveillée. La mère a réussi à sortir. Et le père a poussé son plus jeune fils vers la plage avant de partir chercher les deux plus grands, un garçon et une fille. Ils se sont tous les trois noyés. C’était une mission psychologiquement éprouvante. La douleur des familles est pour moi le plus difficile à vivre. »

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