L’hélicoptère du Samu, à Rouen : un maillon essentiel de la chaîne sanitaire

samedi 18 avril 2020

L’hélicoptère Viking du Samu de Rouen est lui aussi en première ligne pour le transport des patients atteints du Covid-19. Rencontre avec un pilote et son assistant de vol.
Ne leur dites pas qu’ils sont des héros, même de l’ombre… Le pilote de l’hélicoptère Viking du Samu de Rouen (Seine-Maritime) et son assistant de vol rectifient aussitôt pour dire qu’ils ne sont qu’un maillon de la chaîne sanitaire qui se déploie actuellement, dans le cadre de la pandémie du Covid-19. Ils sont toutefois en première ligne dans l’appareil, lors du transfert des patients, mais ils l’affirment avec beaucoup d’humilité : « Les équipes médicales, ce sont eux qui font le boulot  ». Comment vivent-ils cette situation inédite de pandémie, eux qui sont pourtant habitués aux missions sanitaires : c’est la question que nous avons posée au pilote Christophe Letouq et à son assistant de vol Mickaël Canu.

Un protocole de désinfection après chaque transfert
Comme chaque matin, le pilote décolle de sa base d’attache à l’aéroport Rouen Vallée de Seine, à Boos, et une poignée de minutes plus tard, il atterrit sur le toit du CHU de Rouen. Là, l’appareil est « armé », c’est-à-dire qu’il est équipé pour être prêt à partir en mission de secours aux personnes en situation d’urgence ou pour réaliser des transferts de patients. Primaires ou secondaires, ces missions sont le quotidien de ces équipages aguerris mais ces dernières semaines, le facteur Covid-19 a toutefois modifié les protocoles pour l’équipage, avec des précautions sanitaires obligatoires pour le transport des patients.

« On est entièrement protégé avec des combinaisons complètes et avant chaque mission, on vérifie chacun de son côté qu’on a rien oublié. Le cockpit a également été isolé avec une protection mais il est évident qu’on est amené à aider les équipes médicales lors du transport du patient, lourdement appareillé avec les respirateurs. Il faut bien donner un coup de main », constate Christophe Letouq.

Et au retour de chaque mission, l’appareil subit un protocole de désinfection qui dure près d’une heure, réalisé avec l’équipe médicale.

Un pic d’activité pendant une dizaine de jours
Quant au rythme des missions, le pilote et son assistant ont constaté un pic d’activité il y a environ quinze jours. « Cela a duré pendant une dizaine de jours, avec notamment les transferts depuis l’Ile-de-France », observe Christophe Letouq, qui note par ailleurs que les autres missions pour lesquelles l’hélicoptère est sollicité en temps normal, ont été divisées par trois : des missions d’assistance qui concernent généralement les infarctus ou encore les AVC (Accident vasculaire cérébral) qui nécessitent pourtant des interventions et des prises en charge rapides…

Les missions changent de nature donc mais la passion de l’hélico aide à surmonter bien des appréhensions.

« Notre rôle, c’est de faire gagner du temps aux équipes médicales »
« C’est une situation hors norme, c’est vrai que la crainte d’être contaminé existe mais depuis près de quatre semaines, les protocoles ont bien évolué et on est bien protégé », relève pour sa part Mickaël Canu. « Quand on achève notre semaine de présence sur site (NDLR : chaque semaine l’équipage pilote et assistant est relayé par un autre binôme) et qu’on rentre à la maison, on est très prudent. Pour ma part, mon épouse et moi faisons chambre à part et on a ménagé une distance, à table, pour éviter tout risque pour la famille », confie le pilote.

Mais quand ils sont dans l’hélico, le pilote et son assistant sont concentrés sur leur mission, à savoir transporter l’équipe médicale et le patient. « Notre rôle, c’est de faire gagner du temps aux équipes pour transporter les patients sur les longues distances. C’est à cela qu’on participe », poursuit Christophe Letouq avec humilité. Et pour le reste, les situations dangereuses, le pilote connaît bien : lui qui a évolué sur des théâtres d’opérations extérieurs, en temps de guerre, il connaît la notion de danger immédiat. Alors évidemment, il s’agit là d’un tout autre péril, d’un genre sanitaire, mais qu’importe, sa mission reste l’urgence et il met tout son professionnalisme à l’exécuter.

Même état d’esprit pour Mickaël Canu, lui aussi familiarisé avec les situations d’urgence : ancien sapeur-pompier de Paris pendant quatre ans, puis volontaire à Yvetot, il a le sens de l’aide à autrui dans les gènes et depuis trois ans qu’il est assistant de vol, il continue à mettre toute son expérience du secours à personne au profit de sa mission.

Un coup de chapeau aux sapeurs-pompiers de l’aéroport
Dans cette crise sanitaire, Christophe Letouq remarque en tout cas que « les gens se révèlent » et la fibre solidaire ressort comme une évidence chez certains. Dans ce registre, il tire un coup de chapeau particulier aux sapeurs-pompiers de l’aéroport Rouen Vallée de Seine qui n’hésitent pas à répondre présents, même lorsqu’ils ne sont pas d’astreinte, quand l’équipage de l’hélico du Samu fait appel à eux, notamment lorsqu’ils doivent faire le plein de carburant pour l’appareil.

« Ils sont toujours là pour nous. Nous sommes la seule activité de l’aéroport actuellement  », remarque Christophe Letouq. Même la tour de contrôle est désertée et les contrôleurs sont astreints au confinement…

En savoir plus…
• Les chiffres . Babcock France est un partenaire historique des autorités sanitaires pour les missions aériennes d’urgence, depuis 30 ans.
La société est dotée de 38 hélicoptères répartis sur 30 bases hospitalières, avec 200 membres d’équipage.
Les chiffres clés en France : 15 883 missions d’urgence médicale ; 14 334 heures de vol ; 2 centres à Angers (Maine-et-Loire) et le Cannet-des-Maures (siège social, dans le Var) pour 13 273 heures de maintenance. Près de 14 500 transportés et environ 28 millions d’hectares couverts.
• Les missions. Elles se déclinent en trois axes : sauver des vies, former, assurer la maintenance.
• Les implantations en France. Les bases SMUH (Service médical d’urgence par hélicoptère) sont implantées à Rouen, Dreux, Brest, Saint-Brieuc, Angers, Nantes, La Roche-sur-Yon, Tours, Blois, Orléans, Auxerre, Poitiers, Châreauroux, Limoges, Périgueux, Bordeaux, Bayonne, Carcassonne, Perpignan, Narbonne, Montpellier, Nîmes, Avignon, Marseille, Toulon, Nice, Valence, Gap, Châlon-sur-Saône, Dijon. Source : actu.fr

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