À Cazaux, Sophie est la seule femme en France à piloter des essais au manche de son hélico

mercredi 10 mars 2021

En France, il n’existe qu’une seule femme pilote d’essais en vol sur hélicoptère. Elle se trouve à Cazaux au sein de la DGA. Découverte de Sophie, lieutenant- colonel de 38 ans.
Depuis toute petite, le lieutenant-colonel Sophie a la tête dans les étoiles mais les pieds bien sur terre. Sans doute les histoires que lui racontait son grand-père, À Cazaux, le lieutenant-colonel Sophie est la seule femme en France à piloter des essais au manche de son hélico, ici le H225 F-ZAJB de la DGA - Photo DRmécanicien dans l’aéronautique, y sont pour quelque chose.

Une certitude qu’elle confirme en se rappelant toutes les biographies qu’elle a dévorées. « J’ai lu beaucoup de biographies d’aviatrices et de femmes scientifiques pionnières : Maryse Hilsz, Marie Curie, Claudie Haigneré… Donc entrer dans les essais en vol, c’était mon rêve de petite fille qui s’est réalisé.  » Sophie a 38 ans, elle est la seule femme en France capable de pouvoir piloter des hélicoptères pour des essais en vol expérimentaux.

Elle a intégré en 2019 son poste au sein de la DGA (Direction Générale de l’Armement) à Cazaux en tant que lieutenant-colonel et fait partie du cercle très restreint des pilotes d’essais. Auparavant au sol, cette ingénieure travaillait dans le bureau d’études d’Airbus Helicopters pour la conception des cockpits. Mais l’envie de piloter et d’être un jour aux commandes, dans ces cockpits, l’a poussée à gravir les barreaux de l’échelle.

« J’ai toujours été fascinée par les hélicoptères. J’ai testé un peu l’avion de tourisme quand j’étais élève ingénieure, j’ai même passé mon brevet de pilote privé, mais sitôt que j’ai mis le pied dans un hélicoptère, j’ai compris que c’était dans cette voie que je voulais m’orienter », raconte Sophie.

La première femme depuis Jacqueline Auriol en 1955
C’est au cœur de l’armée de l’air qu’elle a pu atteindre cet objectif. Pendant douze ans, elle participera à des missions dans des escadrons opérationnels pour la recherche et le sauvetage au combat, notamment en Afghanistan, puis des missions prestigieuses au profit des VVIP gouvernementaux.
En 2017, après sa sélection à l’École du personnel navigant d’essais et de réception (Epner), elle devient la première femme pilote d’essai expérimental d’hélicoptères. La France en compte 12 au sein de la DGA entre Istres et Cazaux. Depuis 1955, la seule autre femme française était Jacqueline Auriol qui avait obtenu ce grade.
Pilote d’essai est un métier d’expert qui consiste à faire voler des aéronefs avant leur certification. Ces appareils sont équipés d’une installation d’essais en vol et le rôle du pilote d’essai est d’exécuter des vols de vérification et de conformité.

« Souvent les équipes travaillent pendant des mois voire des années et nous, nous arrivons en bout de cette chaîne. Il y a une pression à absorber, il faut canaliser les équipes », explique Sophie dans sa combinaison orange, une te- nue visible pour que les secours puissent en cas d’atterrissage d’urgence retrouver les pilotes.

« Lorsque l’on fait des essais en vol, il y a une part indéniable de risque. La préparation avant le vol est très importante pour minimiser le risque. »

« ENTRER DANS LES ESSAIS EN VOL, C’ÉTAIT MON RÊVE DE PETITE FILLE »

Dans ce parcours, la ténacité sans faille l’a accompagnée. Ses études d’un an aux États-Unis à 21 ans, pour un “master of science” lui ont ouvert le champ des possibles avec des idées qui sont devenues ses piliers : l’audace et la performance. « J’ai beaucoup travaillé pour accéder à cette école, la meilleure au monde. Il a fallu ne rien lâcher, persévérer et chasser les doutes. Là-bas, j’ai eu des professeurs qui ont travaillé sur le design de la capsule Apollo. J’ai adoré. »

Des valeurs qu’elle va étoffer en y ajoutant les siennes : celles de la solidarité et la  La Dépêche du Bassin a consacré sa une à la pilote cazaline dans son édition du 25 février - Photo DRpersévérance. Pour avancer dans cette trajectoire avec l’envie de piloter chevillée au corps, il a fallu déployer des trésors de volonté avec un mental solide. Le yoga, qu’elle pratique depuis plus de quinze ans, l’a aidée par ses techniques de préparation et visualisation mentale pour « être au top de la performance » et pour accéder à ce niveau d’exigence.

La transmission dans les milieux ruraux et défavorisés
Sophie est aussi engagée auprès des enfants avec l’association Rev’explore et le programme Ose. Elle aime partager et trans- mettre dans des milieux ruraux et défavorisés pour parler de son parcours professionnel et inciter les jeunes à s’engager dans des voies scientifiques.

Avec les autres parrains et marraines du programme Ose dont Thomas Pesquet, elle partage ces moments précieux qu’elle a choisi d’intégrer dans son parcours de vie. Sur la base de Cazaux, dans le hangar où sont abrités ces engins de nature impressionnante, Pour Sophie, la fréquence des essais en vol varie. Il peut y avoir un vol comme dix vols par semaine - Photo DRSophie confie avant son vol prévu l’après-midi même, les hélicoptères qui ont conquis son cœur. Si elle a volé sur 22 types d’hélicoptères avec plus de 2700 heures de vol, dont le Puma, le Fennec, l’Apache, le NH 90 ou encore le H225, le Caracal reste « son hélicoptère de cœur ». « C’est celui sur lequel j’ai travaillé quand j’étais ingénieure », confie la pilote. L’arrivée toute récente du nouvel hélicoptère H225 est le témoin du dynamisme des essais en vol de la DGA.

Aussitôt livré aussitôt en essais. Mais si l’air est son élément, un prolongement inexplicable d’elle-même, la mer et le Bassin restent son lieu de ressource. Une terre loin de sa Bourgogne natale qu’elle a découverte en 2008 lorsqu’elle s’y est installée pour la première fois….et qu’elle ne compte pas abandonner…

Repères
2004 : elle obtient le diplôme de l’École nationale supérieure de l’aéronautique et de l’espace et poursuit ses études au Massachusetts Institute of Technology
2004 -2005 : Ingénieur conception cockpit au sein du bureau d’études d’Airbus Helicopters
2005 : Admise à l’École de l’air en tant qu‘élève officier
Pendant 12 ans : Missions dans des escadrons opérationnels de l’Armée de l’air. Missions de recherche et sauvetage au combat. Transport des hautes autorités de la République (président et ministres)
2017 : Formation de pilote d’essai en Angleterre grâce au partenariat EPNER (école du personnel navigant d’essais et réception) et l’ETPS (Empire Test Pilots School).
2018  : Elle devient la première femme pilote d’essai expérimental d’hélicoptères
2019  : Elle obtient le grade de lieutenant-colonel
2020  : Elle est sélectionnée dans le programme Young Leaders de la French-American Foundation, une reconnais- sance indéniable de ses compétences et de son parcours inspirant. Source : ladepechedubassin.fr

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