Le miraculé du crash témoigne

mardi 15 septembre 2009

Rencontre avec Xavier Recordon, quatre jours après l’accident de l’hélicoptère bombardier d’eau.

Des mots, des silences et des sourires ponctués d’éclats de rire… Comme le désir inavoué de passer à autre chose. Oublier, le temps d’une entrevue, ce satané jeudi 10 septembre où il aurait pu… aurait dû mourir. Xavier sortira de l'hôpital jeudi, son principal souhait aujourd'hui : remercier tous ceux qui l'ont aidé et soigné - Photo Éric CamoinCe même jour où l’hélicoptère qu’il pilotait s’est crashé dans le lit de la Bléone, près du village du Mousteiret, alors qu’il intervenait sur un simple feu de chaume. Ce jour-là, tout a basculé. Satané jeudi 10 septembre… Xavier Recordon nous reçoit dans sa chambre d’hôpital. D’une humeur joviale, en apparence : "Bonjour La Provence ! Comment allez-vous !" Son regard mouillé trahit la joie, mais aussi la peur d’un homme miraculé. "Le mot est bien celui-là. C’est un miraculé, affirme son épouse Régine. Si on m’avait montré les photos de l’hélicoptère avant de voir mon mari, je n’aurais pas cru à ce qu’on me disait".

Un récit douloureux
Envie de prendre du recul donc, mais besoin de raconter aussi. Les premiers mots sont difficiles. "Ces types d’accidents sont nécessaires pour que les gens gardent conscience que nous exerçons un métier difficile, dangereux. Certains de mes collègues n’en sont pas revenus… Moi, oui !" Sa voix tremble. Comme si les images de la carcasse de l’engin se mettaient à défiler très vite dans sa tête et qu’il prenait conscience, tout à coup, qu’il est encore en vie. Miraculeusement en vie. Le récit de l’accident se fera d’un trait. "Ce feu, sur lequel on intervenait n’avait pas de caractère urgent. Aucune habitation n’était en danger, j’ai fait le tour pour repérer les lignes électriques, pour moi, aucune ne traversait la Bléone. Je suis allé au bord de la rivière pour prendre de l’eau, mais ça ne pompait pas. J’ai pensé qu’il n’y avait peut-être pas assez de profondeur, alors je suis allé un peu plus loin mais ça n’a pas marché non plus. J’étais juste en dessous de la ligne électrique et en remontant, je me suis pris dedans. La machine s’est mise à tourner sur la droite très violemment ce qui a arraché la cabine de chaque côté, je me suis retrouvé dans une décapotable, il ne restait que mon siège. La machine s’est désintégrée, j’ai vu le sol arriver vers moi et je me suis cramponné si fort aux commandes que je les ai arrachées… J’étais dans l’eau. Pendu aux bretelles de mon siège, une taule me déchirait le dos… J’avais atrocement mal, je ne comprenais rien, je me suis détaché, il fallait que je m’éloigne de l’appareil. Je me suis relevé une première fois, j’ai fait deux pas et je suis tombé. Puis une deuxième fois. Et là, le mécanicien est arrivé". Le pilote de l’Écureuil B2 était en vie. Et il allait bien. Malgré la plaie provoquée par la taule qui s’est enfoncée dans son dos et qu’il a fallu recoudre. Depuis, il demande à voir et revoir les photos de l’accident. "J’ai besoin de voir de l’extérieur. J’aimerais comprendre un peu mieux ce qui s’est passé". Besoin de prendre du recul, de raconter, de comprendre et surtout, de remercier. "Tous ceux qui étaient présents : gendarmes, service d’incendie, le sous-préfet, le directeur de cabinet de la préfecture, tous les collègues pompiers et aussi le personnel de l’hôpital qui s’occupe de moi comme un coq en pâte. Un grand, un énorme merci à tous". Reprendre les commandes d’un hélicoptère ? "Je le ferai dès que je serai sur pied. Vous me verrez encore l’année prochaine !" Pour l’heure, à sa sortie de l’hôpital jeudi, lui et son épouse rentreront chez eux, à Grenoble. "Mais attendez, j’oubliais… Vous m’excuserez auprès des habitants du Mousteiret qui ont été privés d’électricité quelques heures !" Qu’il se rassure, la coupure n’aura duré qu’une petite heure. Nadia Tighidet source

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