Christian Blugeon : Du plancher des vaches jusqu’au sommet

jeudi 1er novembre 2012

Christian Blugeon : du plancher des vaches jusqu'au sommet - Photo © Philippe RIGA 3K est allé à la rencontre de ce pilote surdoué, dans la vie duquel ne semblent exister que deux états : ce qui est fait et ce qu’il reste à faire. Lorsqu’il ”s’exprime“, que ce soit aux commandes de son hélicoptère ou de sa voiture de course, il laisse bouche bée. De la vie pastorale de ses débuts, il a gardé l’essentiel : la nécessaire symbiose qui doit s’opérer entre l’homme, l’outil de travail et son environnement.
Pourtant, rien ne prédestinait ce fils de paysans à l’avenir brillant qu’il s’est tracé.
Perche-man, pisteur secouriste et enfin moniteur de ski, option plomberie durant l’été, non, vraiment rien ne le destinait au pilotage. Homme entier, qui dit lui-même avoir les défauts de ses qualités, il s’est pourtant hissé à force de détermination jusqu’aux commandes d’un hélicoptère. D’une gageure, il a fait une réussite. D’un rêve que l’on n’oserait nommer, une réalité. A 55 ans, avec 24 000 heures de vol au compteur, il est à la tête d’une société possédant quatre hélicoptères. Un pied de nez au déterminisme social. On dit même de lui qu’il est le pilote le plus demandé des alpes.
Le ”dieu de la montagne“ comme on le surnomme, aurait pu prendre une retraite confortable et se retourner sur son irrésistible ascension. Mais non. Toujours à la tête de son florissant business, il a décidé il y a quelques années d’étayer le registre de ses passions. Cette fois-ci, ce serait dans le domaine de la course automobile et sa détermination a vite été suivie de résultats. L’année dernière, il s’est adjugé la Carrera Cup (catégorie b, avec des voitures de 2008) seulement cinq ans après avoir débuté dans le championnat. D’un naturel modeste, on se dit qu’une conversation avec lui n’aurait pas été différente s’il était resté le moniteur/plombier des débuts.
Finalement, s’il a quitté le plancher et les vaches qui vont avec, Christian Blugeon n’a fait que se décaler de quelques centaines de mètres au-dessus du milieu qui lui est si cher.

Comment vous est venue l’envie de piloter un hélico et pourquoi ?
Mon beau frère m’a un jour proposé de travailler avec lui ; ça a commencé par l’engazonnement des pistes des arcs l’été. L’hiver nous nous occupions du damage des pistes. C’est comme ça qu’on a créé une société. Puis cette dernière s’est développée et on en est venu à la protection des pistes : construire des paravalanches, les premiers catexs et les télésièges et là forcément, on a eu besoin de l’hélicoptère. A cette époque j’étais responsable de la partie montagne pour l’organisation de ces travaux. Je me suis engouffré dans la faille et j’ai rapidement sympathisé avec un pilote qui a commencé à m’initier en double aux rudiments du métier. La passion m’est venue en pilotant, je ne l’avais pas avant. Mais j’ai dû faire beaucoup de sacrifices avant d’en arriver là.

Sur quel type de machine avez-vous commencé ?
Un Lama, direct ! Ensuite je suis passé sur l’Alouette 2 et je me suis payé une partie du brevet de pilote privé. Je faisais des charges avec l’Alouette, du ravitaillement de refuges, du débardage… en parallèle je continuais mon activité l’été. J’ai ensuite passé mon brevet de pilote professionnel et je suis devenu directeur commercial d’une société, c’est moi qui organisait tout le boulot. En même temps je continuais à piloter et de fil en aiguille, après un stage chez Héli Suisse, j’ai été engagé comme pilote dans l’entreprise. et puis j’ai fait mon chemin comme ça. J’ai volé sur Puma, Super puma, Lama, Gazelle, Alouette 3… J’ai fait plus de 2500 secours. C’est une succession de métiers qui m’a amené là. J’en suis aujourd’hui à ma quatorzième machine.

Quel type de travaux effectuez-vous ?
Ça va du ravitaillement de refuges au transport de charges pour les particuliers, en passant par le bétonnage, le déroulage de câbles, la pose de poteaux, le déclenchement d’avalanches… je fais toutes sortes de choses. Je transporte des vip l’hiver, notamment vers Genève, Courchevel, Lyon et Paris mais ma spécialité reste vraiment le travail à l’élingue, je vise surtout les chantiers. En ce moment je traite trois gros refuges sur 2 ans qui vont représenter 800 heures de vol. Je travaille aussi pour les remontées mécaniques, la DDE, la SNCF…

Combien de temps volez-vous par jour ?
Environ 6 heures.

Quel type de travail préférez-vous ?
J’aime les travaux pointus. J’aime les choses techniques que sont le déroulage de câbles et le positionnement en falaise avec de grandes élingues. C’est un vrai travail d’équipe, c’est ça qui très intéressant.

Quelles qualités faut-il avoir pour faire ce genre de métier ?
Il faut être en parfaite santé physique et avoir le goût du métier. Car il ne suffit pas de piloter. Il doit y avoir une symbiose entre les gens au sol et le pilote. Sur certains chantiers, l’hélicoptère n’est finalement qu’une grue qu’il faut positionner. J’apprécie l’aspect collectif de ce type de travail. (...) Lire la suite sur 3K n°19 à partir de la page 99 .

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