Pilote d’hélico : un rêve à 185.000 euros

mercredi 6 avril 2011

Matthieu Crochard est le premier Charentais à obtenir son diplôme de pilote d’hélicoptère au centre Héli Union à Champniers. Il part au Gabon pour des transports sur plateformes pétrolières.
« Pendant deux ans, je n’ai pas vu le jour. Mais là, je crois que le décollage est réussi. » Avec 200 heures de vol au compteur, Matthieu Crochard reste humble. Matthieu Crochard a décroché son rêve. Maintenant, il va pouvoir voler de ses propres ailes - Photo Majid Bouzzit Pourtant, il peut être fier d’être le premier Charentais à être diplômé par le centre de formation d’Héli Union à Champniers.

Ce centre, doté de deux simulateurs, forme plus de 300 pilotes par an et surtout est le seul en Europe à proposer tous les niveaux de formation (lire ci-dessous). C’est là que ce tout jeune pilote angoumoisin de 33 ans a obtenu toutes ses licences de pilote de ligne. Mieux, il vient d’être embauché par la compagnie Héli Union International comme copilote.

Le 18 avril, il s’envolera vers le Gabon. Une mission de six ans pour assurer le transport des personnels des plateformes pétrolières. « A raison de 500 heures de vol par an, j’aurai la qualification pour devenir commandant de bord », reprend Matthieu Crochard, pour qui le rêve devient enfin réalité.

« Depuis tout petit, je voulais être pilote, mais je croyais que la formation était inaccessible, alors je me suis dirigé vers un BTS Electronique à Sillac. Puis j’ai galéré à Châtellerault avec 1.800 € par mois dans une usine d’équipements automobiles pendant neuf ans en trois-huit. J’ai compris qu’il n’y avait pas de perspectives et je me suis décidé à vivre ma passion. »

Pour autant, son parcours est loin d’avoir été un long fleuve tranquille. « La réussite de Matthieu est un cas exceptionnel, souligne Christian Guibert, chef instructeur d’Héli Union Training Center, qui ne veut pas laisser croire aux néophytes que tout est facile. Ils sont déjà très peu à pouvoir se payer cette formation. Et ensuite, c’est encore plus rare d’être embauché directement à la sortie. »

Une formation unique en Europe
Car le premier obstacle à lever pour accéder aux cours de ce centre unique de formation de pilotes d’hélicoptère civils en Europe, c’est le financement. Rien que pour atteindre le premier niveau de pilote, il faut compter 85.000 €. Pour s’offrir les 14 modules de la formation de pilote de ligne, le top du top, Matthieu a dû débourser la bagatelle de 185.000 €.

« J’ai eu la chance d’obtenir des aides du fonds de formation, plus une prime de départ négociée de mon ex-employeur dans le cadre d’un plan de redressement de l’entreprise », confie Matthieu. Il a investi aussi toutes ses économies, il est retourné vivre chez ses parents pendant deux ans, mais il a surtout obtenu que son futur employeur lui avance les sommes restantes qu’il va devoir rembourser tous les mois sur son salaire de 5.000 €.

« Mais il n’y a pas que l’argent. Pour s’ingurgiter les manuels des cours, il faut travailler douze heures par jour et même les week-ends. La vraie différence, c’est la motivation. Dans la promo, deux fils à papa croyaient que leur formation était dans la poche parce qu’ils avaient les moyens. Ils ont vite déchanté et ont finalement abandonné. »

Reste, pour Matthieu, le plaisir de la formation pratique et l’ambiance du centre de formation. Il a passé en tout 70 heures sur un simulateur et 130 heures aux commandes d’appareils en vol.

« J’adore maîtriser ces machines capricieuses, savoure ce futur pilote, qui va devoir poser ses machines sur les plateformes pétrolières. J’aurais pu me trouver à faire du levage ou encore du service en montagne, mais les débouchés sont rares en France. C’est surtout à l’étranger qu’il y a des postes disponibles. D’ailleurs, lorsque j’ai cherché une école pour faire ma formation, je me suis tourné vers le Canada, et c’est grâce à internet que j’ai vu qu’il y avait l’école de ma vie à quelques kilomètres de chez moi. »

300 élèves de plus par an à Champniers
Le centre Heli Union de Champniers forme actuellement une moyenne de 300 pilotes professionnels par an. Seulement 15 stagiaires y suivent une formation initiale de 20 mois, à leur frais. Les autres sont des pilotes salariés qui viennent en formation continue. 90 % des stagiaires sont français, 10% sont étrangers (Afrique, Argentine, Russie ou Tunisie). Le taux de réussite du centre est de 89%.

Le 18 avril, Héli Union va installer un second simulateur de vol et va doubler son activité avec un objectif de 3.000 heures de formation annuelle, soit plus de huit heures par jour, à près de 1.000 € de l’heure. Le centre de formation va passer de 8 à 16 salariés, de 3 à 6 millions d’euros de chiffre d’affaires, et de 300 à 500 pilotes formés. Les retombées vont être importantes pour l’activité hôtelière.

Le centre, qui produit près de 2.000 nuitées actuellement, va en générer 3.000 de plus cette année. En 2015, Héli Union prévoit d’assurer la formation de 600 stagiaires. Cela devrait représenter 10.000 nuitées dans l’agglomération. Ce centre est une filiale du premier opérateur d’hélicoptère en France, Héli-Union International, qui fait partie des leaders mondiaux de cette activité en plein essor.

Forte d’une flotte de 40 hélicoptères dans le monde, cette société anonyme, dont le siège est à Paris, emploie 350 salariés et affiche pour 2010 un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros. Ses activités principales sont les transports logistiques pour les plateformes pétrolières, les recherches géophysiques pour les compagnies pétrolières, et la maintenance technique des hélicoptères, notamment pour l’Armée de terre. Alexandre Le Boulc’h source

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