Nadine Oya, une femme libre comme l’air

mercredi 1er décembre 2010

Elle est à la fois la première et encore la seule pilote professionnelle d’hélicoptère sur l’île. Nadine Oya a trouvé son équilibre entre La Réunion, La Côte d’Azur et les Alpes où elle exerce son métier avec passion et surtout avec liberté.
Nadine Oya aux commandes de l'AS 355N F-OHSP d'hélilagon - Photo RectoversoLaquelle d’entre-nous n’a jamais rêvé de passer près de 45 minutes dans 2 mètres carrés et de « s’envoyer en l’air » avec Bruce Willis, David Halliday ou Patrick Bruel ? Nadine Oya, elle, l’a fait. Entre Nice, Saint-Tropez et Monaco, la Réunionnaise d’origine travaille pour une compagnie d’hélicoptère et transporte pendant sa saison d’été en métropole de nombreux chefs d’entreprise, grands industriels, acteurs, chanteurs… bref des VIP qu’elle emmène à bord de son hélicoptère. « Même à La Réunion, je promène des people ! Récemment j’ai eu Yannick Noah et l’actrice Audrey Tautou ! Ce métier me permet de rencontrer des personnes que je n’aurais jamais l’occasion de croiser dans la vie de tous les jours. » Son métier, elle l’a choisi avec détermination. Son métier, elle l’a réussi avec une volonté de fer. Son métier, elle l’exerce avec passion… mais pas sans contrainte sur sa vie de femme, de mère de famille et d’épouse. « D’autant plus quand on décide de ne pas travailler à temps plein pour une compagnie et de faire les saisons. »

« C’est ça et rien d’autre ! »
Pendant l’été en métropole, elle vole au-dessus de la Méditerranée. En hiver, c’est au-dessus des Alpes. Le reste de l’année, les mois de septembre à novembre et d’avril à juin, c’est au-dessus de son île qu’elle se balade. Trois lieux, trois métiers, trois maisons, trois vies ? « Quand j’ai rencontré mon mari, il savait que ma vie allait être ainsi. Lui, il a les pieds sur terre avec son vignoble dans le Var. Je dirais qu’il subit, explique celle qui a eu son brevet de pilote professionnel en 1997. Je ne veux pas travailler à plein temps pour une compagnie. Je veux gérer ma vie, travailler quand je veux, pour qui je veux. Je veux garder cette liberté. » Une liberté qu’elle a tout de suite ressentie quand elle a fait son premier baptême en hélicoptère. « C’était à Pierrefonds. J’étais avec mon père qui travaillait à l’ORTF à l’époque à Paris. On revenait régulièrement à La Réunion voir sa famille. Le vol a été une révélation. Je me suis dit : c’est ça et rien d’autre ! » Nadine Oya à bord de l'AS 355N F-OHSP - Photo Rectoverso Celle qui suit souvent ses parents entre La Réunion et la métropole où ils sont régulièrement affectés pour leur travail, a l’habitude des voyages, de la distance et de la séparation. C’est du côté du Canada qu’elle décide alors de passer son brevet de pilote d’hélicoptère. « C’était deux fois moins cher qu’en France. J’ai fait un crédit et je suis partie ! J’ai quitté l’école à 18 ans car je m’ennuyais. Je ne savais pas quoi faire. J’ai fait des tas de petits boulots. C’était la première fois de ma vie que je voulais faire quelque chose. Je devais m’en donner les moyens. »

« Besoin de revenir sur mon île »
Si Nadine a réussi à trouver aujourd’hui un parfait équilibre dans sa vie, ce n’est pas sans concession. Elle revient du Canada, brevet en poche mais pas assez d’heures de vol à son compteur et surtout son diplôme n’est pas reconnu par les instances nationales. Elle trouve alors une parade, réussit à se faire embaucher par une compagnie dans les Alpes (Montblanc hélico) et obtient du Fongecif une possibilité de se former. « C’était parti ! Je devais faire un maximum d’heure de vol ». Parallèlement, elle fonde une famille. Son époux, viticulteur s’installe à Grimault et produit du vin rosé. Deux enfants, deux garçons de 19 et 9 ans sont ses deux points d’ancrage. « Il suffit de s’organiser. Je me suis toujours arrangée avec les professeurs pour qu’ils suivent leurs cours à distance. » Petit à petit, Nadine s’impose dans les airs et dans un milieu qui se conjugue souvent au masculin. « Comme de nombreux métiers où les hommes sont présents, il y a du machisme. Mais je n’ai jamais eu de privilège parce que j’étais une femme et surtout je n’ai jamais eu de problème avec mes collègues. »
Actuellement, jusqu’à mi-décembre, elle fait sa saison avec la compagnie réunionnaise Hélilagon. Cela fait plus de six ans que Nadine revient travailler pour eux. « J’en profite pour voir ma famille. De toute façon ma vie est rythmée ainsi : j’ai besoin de revenir sur mon île. Même si je suis née à Issy-les-Moulineaux, mes racines sont sur ce caillou au milieu de l’océan Indien. » D’autant plus qu’elle est la seule pilote professionnelle d’hélicoptère sur l’île. « Bien sûr qu’il y a un sentiment de fierté. J’espère que c’est une fierté pour les Réunionnais, pour ma famille aussi. »

« Je veux arriver au top »
Nadine Oya et ses passagers sur Altiport de l'Eperon à Saint-Paul - Photo RectoversoUne famille qui est à cent mille lieux de ce métier mais qui comprend sans faille, la passion de ce petit bout de femme. « Personne dans ma famille n’était dans ce milieu. Ma famille est maintenant habituée, explique la femme d’une quarantaine d’années. Il est vrai que certains touristes sont encore étonnés de voir une femme aux commandes. Quand je les accompagne à l’hélico et que je me présente, je vois un petit étonnement dans leur regard mais il n’y a jamais eu de réflexions désobligeantes. » Bien au contraire. Nadine avoue même à demi-mot que sur certains vols, être une femme pilote d’hélico peut être un atout. « Je ne dis pas que je suis meilleure que mes collègues hommes, mais on a une façon de piloter différente. Peut-être plus douce ! » souligne-t-elle avec un large sourire éclatant.
Mais Nadine n’a pas fini sa carrière. Elle pourrait tout à fait se contenter de faire les vols touristiques, mais la Réunionnaise en veut plus. Elle veut aller au bout de sa passion. « J’aime faire les vols touristiques comme à La Réunion, ou le transport de marchandises comme je peux aussi le faire en métropole, mais je veux arriver au top. » Le top pour Nadine, c’est de passer son brevet de pilote d’hélicoptère pour les « vols aux instruments ». Nadine Oya pose devant l'AS 355N F-OHSP d'hélilagon - Photo RectoversoA 41 ans, la jeune femme est repartie dans ses études et prépare les cours théoriques pour faire des vols « off-shore », notamment sur les plates-formes pétrolières. « C’est la dernière étape. Les engins sont plus gros, plus puissants et on travaille dans des conditions particulières, en pleine mer notamment. Je pourrais alors mieux gérer ma vie. Certainement gagner mieux pour avoir plus de temps à moi, à ma famille. Etre encore plus libre. » Véronique Tournier source

Retrouvez l’article intitulé "Une femme libre comme l’air" dans Femme Magazine édition du 2/12/2010 (page 26 et 28).
Nadine Oya, une femme libre comme l'air - Femme Magazine 2/12/10 (page 26)
Nadine Oya, une femme libre comme l'air - Femme Magazine 2/12/10 ( page 28)

Vos commentaires

  • Le 19 avril 2011 à 18:39, par Chris En réponse à : Nadine Oya, une femme libre comme l’air

    Je suis une fan de Nadine ; moi-même je veux devenir comme elle, être pilote.

    Répondre à ce message

  • Le 20 novembre 2012 à 18:29, par Chris En réponse à : Nadine Oya, une femme libre comme l’air

    Bonjour l’équipe de Helico Fascination et Mme OYA,
    Je me plais à relire ces lignes, en tous les cas je suis fier de vous en tant que Réunionnais pilote PPLH, vous faites le métier dont je rêve et en plus vous rayonnez de beauté. On se croise régulièrement dans les cieux Réunionnais, je suis sur F-GDUE, j’aimerais avoir le prestige de vous rencontrer un jour, je l’espère.
    Bons vols.
    Stéphane.

    Répondre à ce message

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