Marine nationale : les adieux de l’Alouette 3

mercredi 7 décembre 2022

La retraite est venue pour l’Alouette III
C’est la Deudeuche (la 2 CV) de l’aéronautique navale française. Un hélicoptère mono-moteur qui a été de toutes les surveillances et tous les déploiements depuis 60 ans. L’Alouette 3 vit son dernier envol à Lanvéoc (29).
Tout d’abord, une silhouette reconnaissable entre mille. Puis, le tintement métallique de son mono-moteur. En l’air, le claquement caractéristique de ses pâles souples. Ses vols à basse altitude complètent la signature de cet appareil familier des marins et des Bretons de la pointe. Après le 31 décembre 2022, les trois dernières Alouette de la Marine nationale ne décolleront plus de Lanvéoc.

Sur tous les navires
L’Alouette 3 s’est posée sur la plupart des navires de guerre français et a veillé durant des décennies le long des côtes et des intérêts nationaux. À Brest, les hélicos bleu marine, et non pas gris comme les derniers arrivés, sont indissociables de la sécurisation et des approches des sous-marins nucléaires de l’Ile-Longue.

Lorsque l’Alouette longe les collines de la rade et du goulet de Brest, c’est qu’un sous-marin s’éloigne ou est en approche. Chargés de la vérification visuelle et de la protection du plan d’eau, les équipages ont, pendant plus de 50 ans, veillé à la sécurisation des sous-marins de la force de dissuasion.

Disponibilité inégalée
Parmi les dizaines d’Alouette qui ont été déployées à travers le temps, seulement trois fonctionnent encore à Lanvéoc. Amoureusement entretenues, ces machines affichent un taux de disponibilité à faire pâlir les monstres de technologies progressivement arrivés sur la base. « L’Alouette tourne ici autour des 95 % de taux de disponibilité. Elle est opérationnelle la majeure partie de son temps. Je l’ai connue au plus bas à 85 % de disponibilité et c’était plutôt en déploiement lointain ou en Outre-mer », commente le maître principal chargé de son entretien à Lanvéoc.

Gilets pare-balles sous les fesses
« Sur certains déploiements, on n’en menait pas large quand ça canardait depuis le sol », raconte un autre fan absolu de l’Alouette. Et contrairement aux hélicos de l’armée de l’Air, l’Alouette marine n’était pas prévue pour aller au combat. « Sans blindage, on avait l’habitude de mettre un gilet pare-balles sous nos fesses. Et il fallait prier que les balles ne traversent pas la bulle en plexi ».

Pas de vitesse supersonique mais une agilité et de spectaculaires évolutions à très basse altitude. « C’est un régal à piloter », confirment les plus jeunes qui, jusqu’en 2018, étaient encore formés sur Alouette. La vitesse de croisière se situe à 90 nœuds (165 km/h) et on peut pousser la machine en cas d’urgence vitale jusqu’à 118 nœuds (215 km/h), confirme un pilote chevronné. Sans être trop chargé, on peut voler plus de deux heures trente et embarquer jusqu’à sept personnes, équipage compris.

Ses adieux, vendredi, à Lanvéoc
Le pilote se souvient d’avoir treuillé un groupe électrogène de plus 400 kg. « J’étais en limite de charge, j’avais mis 150 litres de pétrole juste pour faire la manip sans traîner ».

Hélitreuiller des marins en détresse, sortir de la panade des survivants d’une catastrophe naturelle, transporter en civière un blessé grave, récupérer des marins-pêcheurs, assurer la récupération des pilotes du porte-avions… Les marins doivent une fière chandelle à leur bel oiseau bleu marine et sa longévité précieusement entretenue.

 Parmi les quatre accidents mortels survenus sur Alouette 3 dans l’aéronautique navale française, le seul en Bretagne est survenu le 16 août 1973, à proximité de l’Ile de Sein (aucun survivant : deux pilotes et deux mécaniciens décédés en mer). Source : letelegramme.fr


L’Alouette 3 de la Marine Nationale a fait son temps
Toujours précieuse sur le plan opérationnel, l’Alouette 3 ne répondait plus à tous les critères et à l’évolution de l’aéronautique actuelle.
Sur la base aéronavale de Lanvéoc-Poulmic (29), un technicien nous ouvre les entrailles de la bête. « Là, c’est le réservoir (550 litres). Et regardez l’armature de l’engin, je ne vous ai pas menti en vous disant que c’est la 2 CV de l’aéronavale !  ». L’appareil est régulièrement désossé (révision toutes les 600 heures). Les pannes sont rares. Les interventions souvent simples, un peu comme avec votre voiture avant l’arrivée de l’électronique. « Même au bout du monde, les pièces arrivaient en moins de deux jours ». À Lanvéoc, on a gardé cinq moteurs pour des pièces supplémentaires. Mais l’industriel fournissait encore dans les temps.

Diverses dérogations
Les trois dernières Alouette pourraient encore voler mais leur coût d’entretien a explosé ces dernières années. Elles ne seront pas vendues à des pays qui l’utilisent encore mais rejoindront des musées ou des écoles de formation à la mécanique. Leur niveau d’équipements ne se situe surtout plus dans les standards du pilotage et des règles aéronautiques en vigueur. Les autorités ont progressivement fait la chasse aux hélicoptères mono-turbine, l’appareil faisant l’objet de diverses dérogations pour continuer à voler et composer avec les interdictions de survol, notamment des zones fortement habitées.

330 000 heures de vol
Après 330 000 heures de vol, l’Alouette 3 laisse sa place au Dauphin plus puissant et mieux équipé. L’école de pilotage a également glissé vers le Dauphin depuis 2018. On ne découvrira plus le métier de marin du ciel à bord de ce bel oiseau bleu. Mais on croisera encore ses pales déployées dans les musées, les écoles de formation mécanique et les plus beaux livres d’histoire.

« Génial pour apprendre le métier »
« Oui, je confirme la grande fiabilité de l’Alouette 3 ». La commandant en second de la Flottille 34 F ESHE, le capitaine de corvette Anne Charlotte Demay, a appris à piloter sur cet appareil. « C’est le premier appareil du parcours hélico, celui qui permet de se lancer (sur Alouette). Et quelle machine idéale pour démarrer ! Finesse du pilotage, équipement et cockpit dépouillé, vue dégagée de tous les côtés… Avec l’impression de voler sans rien sous les pieds ». « C’est génial pour apprendre le métier, pour treuiller, se poser dans un mouchoir de poche, sur son premier bateau, regarder à droite, à gauche, au-dessus sous aucun angle mort », ajoute un autre pilote expérimenté, aujourd’hui réserviste et qui en redemande ! Source : letegramme.fr

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