Montagne : des missions de sauvetage à haut risque

mardi 20 juillet 2010

Un drôle de volatile rouge et jaune fend le ciel azuréen. C’est un « Dragon » ! Celui de la Sécurité Civile qui crache le feu de ses turbines pour voler au secours des naufragés de l’été. Avec les beaux jours, les missions se multiplient. Le domaine d'intervention du « Dragon 06 » s'étend sur plus de 60 canyons, dix stations de ski, des centaines de points d'escalade, quatre site de parapente très fréquentés, sans oublier les accidents de la route, les sauvetages en mer et la reconnaissance en milieu escarpé - Photo François Vignola En mer, comme il y a quelques jours lorsqu’un jeune hockeyeur niçois a disparu alors qu’il se baignait en baie des Anges. Mais le plus souvent en montagne, pour aller chercher randonneurs, parapentistes ou "canyonneurs" en difficulté.

Cinq interventions en moins de 72 heures, l’hélico ne chôme pas. Véritable Saint-Bernard des cieux azuréens ? La formule n’est pas du goût de Denis Bernard, le patron de la base hélico de Cannes. Pour cet ancien militaire qui a mis ses compétences de pilote au service de la Sécurité civile, il n’y a pas de place pour les « chiens fous » ou les « trompe-la-mort » dans le secours. « Il n’existe pas de mission anodine », confirme le lieutenant Florian Autruy, responsable des CRS de montagne. Celle opérée jeudi dernier dans la clue de la Maglia en est la dramatique démonstration. Ce jour-là, le Dragon a décollé de la base de Cannes pour secourir une jeune femme victime d’une fracture à la jambe. Alors que l’hélico se présentait sur les lieux, une pierre s’est décrochée, semble-t-il au-dessus de l’engin, mais l’enquête devra le préciser. Car la victime au sol a été mortellement touchée à la tête (voir page ci-contre). « C’est un drame, souffle Denis Bernard. Et peu importe si c’est le passage de l’hélico qui a provoqué la chute de pierre ou si ce n’est qu’une coïncidence. Cela nous rappelle que le risque zéro n’existe pas. Faut-il pour autant que l’on arrête de secourir les gens ? »

Car cet accident ne doit pas faire oublier les 550 à 600 personnes sauvées chaque année.

850 missions chaque année
Avec son millier d’heures de vol annuel, le Dragon 06 réalise en moyenne 850 missions. Certaines sont plus marquantes que d’autres. Et les inondations dans le Var, le mois dernier, resteront sans doute l’un des événements majeurs de la base de Cannes. « Nous avons sauvé près de 300 personnes en une nuit, par des conditions météorologiques calamiteuses, souligne Denis Bernard. Il n’y a pas eu de pépin. On a ramené tout le monde à la maison... Avec le sentiment d’avoir été à la hauteur de l’engagement qu’on attendait de nous. »

Pilotes, mécaniciens, secouristes, qu’ils soient CRS, gendarmes ou pompiers, tous ont un sens aigu du devoir qui est le leur. « On ne fait pas ce métier sans passion, celle du secours et celle de la montagne », note le Lt Austruy. Pourtant, un petit merci serait parfois le bienvenu. « On ne demande pas à recevoir des caisses de champagne, souligne Denis Bernard, juste un petit mot, un petit coup de fil. Cela n’arrive que trois ou quatre fois par an. »

Des enterrements et la naissance du petit Paul
Pourtant, les secouristes azuréens se mettent parfois eux-mêmes en danger pour secourir leurs semblables. « Sur certaines missions, il arrive que l’on transpire à grosses gouttes », confirme Denis Bernard. Ce pilote chevronné parle d’inquiétude maîtrisée. « Car la peur, elle n’est pas de mise dans notre métier, poursuit-il sans flagornerie. Tout simplement parce que si l’on a peur, c’est que l’on est allé trop loin. Voilà, ce qui est sans doute le plus dur dans notre métier : trouver cette ligne rouge qu’il ne faut pas franchir. Car parfois, il faut savoir renoncer, parce que la météo est trop mauvaise ou la topographie trop délicate. Il faut alors savoir faire demi-tour. Pour qu’il n’y ait pas plus de victime. »

Malgré leur expérience, ce sont les secouristes eux-mêmes qui, souvent, payent un lourd tribut. « En quinze ans, j’ai déjà perdu huit collègues. Les enterrements font aussi partie de ce métier », déplore le Lt Austruy qui pourtant n’en changerait pour rien au monde. Il y a aussi de merveilleux moments : « comme lorsque le petit Paul est né à l’arrière de l’hélico », se souvient Denis Bernard. Éric Galliano source

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