Traverser les airs pour lutter contre les flammes
vendredi 16 juillet 2010
Pour atteindre les zones escarpées, les pompiers font appel à un hélicoptère
Un incendie a pris naissance au nord du village d’Aureille. Il se développe vers le sud-est, poussé par un violent mistral. Le terrain difficile et les conditions météo défavorables conduisent à une progression du feu vers l’ouest du village d’Eyguières, dans le secteur du vallon des Glauges.
Le scénario est fictif. C’est celui choisi hier par le lieutenant colonel Alain Fonters, responsable départemental du DIH13, pour entraîner ses hommes. DIH, comme Détachement d’intervention héliporté. Un groupement spécial destiné à lutter contre les feux de forêt dans des conditions extrêmes, là où les camions n’ont plus accès.
Là où les hommes, une fois l’hélicoptère parti, sont seuls. Fictif, ou presque, car ily a cinq ans, c’est ce même feu qui menaçait le village d’Eyguières. Mais aujourd’hui, aucune flamme pour semer l’inquiétude. Dans le département, 200 pompiers formés à ce type d’interventions se tiennent prêts en permanence.
Aujourd’hui, ils sont une vingtaine. Quatre par quatre, les hommes, de Salon, Miramas, ou encore Sénas, notamment, sont montés au sommet du massif rocheux par hélicoptère. Le dispositif est imposant. En plus des hommes, c’est l’hélicoptère bombardier d’eau basé à Salon qui a été mobilisé, ainsi qu’une petite dizaine de camions.
Sur le sol, s’entassent déjà lances, tuyaux, pompes. Mais la star du jour, c’est un bac en métal de 3,5 m3. Une fois héliporté, il est en mesure d’amener près de 3500 litres d’eau dans des zones inaccessibles. Une innovation de taille pour des pompiers habitués à se battre contre les flammes avec des réserves cinq fois plus petites.
Encore plus lorsqu’on sait, comme l’explique le lieutenant colonel Fonters, qu’ "à la DIH, on est obsédé par la permanence de l’eau et le poids". La "permanence de l’eau", c’est l’assurance-vie des pompiers de la DIH. Coincés sur des hauteurs escarpées, sans véhicule, sans possibilité de repli autre que la marche, les hommes doivent être en mesure de se protéger constamment.Et se protéger, pour eux, c’est avoir de l’eau.
Autre élément incontournable du dispositif : l’hélicoptère. En une heure et demie de manoeuvre, il aura effectué une dizaine de rotations. Les hommes en premier, puis le bac, d’abord utilisé pour transporter le matériel. C’est là qu’intervient la deuxième obsession de la DIH : le poids. "On en est à combien là ?", lance le lieutenant colonel à un de ses officiers, en désignant le bac, alors que l’hélicoptère s’apprête décoller. Au maximum, l’engin peut transporter entre 500 et 600kg. Le bac en fait 250.
Reste entre 250kg et 350kg pour transporter tuyaux, lances et pompes, qui permettent aux pompiers d’avoir de la pression malgré le dénivelé. Tout dépassement de la charge maximale met les pilotes comme les pompiers en danger de mort : déstabilisation de l’appareil, chute du bac, crash. Reste pour l’hélicoptère à charger de l’eau dans un "seau" pour remplir, puis ravitailler le bac.
Enfin, l’engin monte au sommet un dévidoir aérien, qui contient assez de tuyaux pour faire le lien entre le camion citerne stationné en bas de la colline, et les hommes au sommet. Treize mille litres d’eau supplémentaires. Trente minutes de préparation, une heure de rotation, les hommes sont enfin prêts à intervenir. Mathilde Boussion source