L’hélico des gendarmes visé par un rayon laser

mardi 16 février 2010

Samedi soir au-dessus du Mont-Dore, un « Ecureuil » de la gendarmerie a été ciblé à deux reprises par un faisceau laser. Quatre mineurs ont été interpellés mais contestent avoir visé l’hélicoptère. Le pilote dénonce ce jeu dangereux, de plus en plus répandu en Calédonie.
Samedi soir à 22h30, l’équipage de l’hélicoptère de la Section aérienne de la gendarmerie (SAG) de Nouméa était en service de surveillance entre Robinson et Tina, à une hauteur d’environ 300 mètres, lorsqu’il a été visé par un faisceau lumineux vert. Pierre-Hugues Faure, commandant de la SAG pilotait l’appareil avec trois autres militaires à bord : « On en a assez de cette pratique dangereuse. C’est un phénomène mondial, qui revient de plus en plus en Calédonie. On a donc décidé de faire demi-tour pour essayer de localiser les auteurs. » Se sachant accompagné d’un copilote, le commandant est reparti avec une main devant les yeux pour se protéger. Aussitôt, un second « coup » de laser a trahi la provenance du rayon, « à environ trois ou cinq kilomètres, sur les hauteurs de Robinson ». L’emploi du phare de recherches a permis à l’hélicoptère de guider au sol une patrouille de gendarmerie, qui a immédiatement interpellé quatre mineurs de 15 ans, dont l’un était détenteur d’un laser de classe 3.
« C’est un appareil que l’on trouve dans le commerce. Il n’est pas dangereux pour les yeux, c’est-à-dire qu’il faut vraiment se le mettre dans l’œil pour se brûler la rétine et risquer une cécité. Par contre, le vrai problème, c’est qu’il provoque un éblouissement qui peut durer plusieurs heures, voire plusieurs jours », témoigne le commandant Faure, déjà victime du phénomène en région parisienne. « Vous n’avez plus qu’une vision périphérique, avec un trou noir au milieu. Si cela vous arrive sans copilote avec vous, vous avez toutes les chances de perdre le contrôle de la machine, surtout en phase critique comme lors d’un atterrissage ou d’un décollage. En plus, le Plexiglas du cockpit accentue le spectre. »

« Si cela vous arrive sans copilote avec vous, vous avez toutes les chances de perdre le contrôle de la machine »

Et de poursuivre : « Ça porte très très loin. A grande distance, le rayon qu’on aperçoit fait 30 centimètres de diamètre. Vous n’avez pas le temps de vous protéger avec la main. Il suffit de croiser le laser dans les yeux et vous avez l’impression d’être allé vous faire mettre des gouttes chez l’ophtalmo. Ça vous éblouit et ça donne même une sensation de flottement. »
L’épisode de samedi n’est pas un cas isolé. Début janvier, un avion du SAMU revenait d’une évasan à Touho quand il a été visé, en pleine phase d’atterrissage à Magenta, par un puissant faisceau vert qui avait aveuglé son pilote. Une dizaine de cas ont été recensés depuis un an, avec souvent l’impossibilité de retrouver l’auteur. Par chance cette fois-ci, la gendarmerie avait son phare.
Le commandant de la SAG a déposé plainte. Une enquête est en cours. Pour l’heure, les quatre mineurs avouent avoir joué avec le laser mais contestent avoir eu l’intention de viser l’hélicoptère. Si celle-ci était caractérisée, le parquet assure qu’il poursuivrait les auteurs. « Il s’agit au minimum d’un délit, soit pour entrave à la navigation aérienne, soit pour mise en danger de la vie d’autrui, estime Pierre-Hugues Faure. Dans certains pays autres que la France, les auteurs prennent des peines de prison ferme. Aux Etats-Unis, c’est considéré comme un acte terroriste. Sans aller jusque-là, il ne faut pas minimiser le danger. Ce n’est pas Star Wars, mais c’est loin d’être anodin. » Sylvain Amiotte source

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