Le Tigre en Afghanistan

jeudi 21 janvier 2010

KABOUL, 20 jan 2010 (AFP) - Les deux hélicoptères Tigre tournoient longuement dans le ciel de la vallée d’Alasay, au nord-est de Kaboul, présence rassurante pour les forces de la coalition et menaçante pour les insurgés. Soudain, l’un des appareils ouvre le feu au canon de 30mm, une brève série de rafales, tirs de barrage pour couvrir le retrait des troupes afghanes et françaises harcelées par l’ennemi. C’était le 5 janvier, en lisière du village de Jalokhel après une journée marquée par une série d’accrochages.

Arrivés fin juillet en Afghanistan, où ils ont été engagés pour la première fois sur un "théâtre d’opérations extérieures", les Tigre, derniers nés des hélicoptères d’attaque français, sont désormais considérés comme "combat proven", aptes au combat.

En Kapisa et en Surobi, dans la zone de responsabilité française située à une cinquantaine de kilomètres au nord-est et à l’est de Kaboul, leur silhouette anguleuse fait partie du paysage. Elle est devenue aussi familière que celle des Apache, leurs célébrissimes équivalents américains.

"Les Tigre sont devenus totalement indispensables maintenant que l’on a pris l’habitude de travailler avec eux", souligne le lieutenant-colonel François d’Argaignon, tirant le bilan d’une mission de six mois en Afghanistan à la tête du "bataillon" des onze hélicoptères français.

Trois Tigre ont rejoint fin juillet ce détachement déployé sur l’aéroport international de Kaboul. Ils ont effectué depuis près de 600 heures de vol et 160 missions, ouvrant le feu à une quinzaine de reprises au canon de 30 ou à la roquette.

Leurs missions : l’appui des troupes au sol (3.300 soldats français sont présents en Afghanistan), l’escorte d’hélicoptères de transport Caracal ou Cougar et la reconnaissance, en complément des Gazelle.

Les insurgés ont rapidement pris la mesure de cette menace. Si les Tigre n’ont jamais été sérieusement touchés en vol, ils ont été systématiquement visés par des tirs ennemis, explique le lieutenant-colonel d’Argaignon.

"Nous volons à 1.000 pieds (environ 300 m) minimum du sol et nous ne faisons jamais de stationnaire ce qui nous affranchit des menaces, comme les tirs de kalachnikov", explique le capitaine Cyril (tenu à l’anonymat, NDLR). Patron de l’escadrille de Tigre du 5e Régiment d’hélicoptères de combat, stationné à Pau (sud-ouest de la France), il achève lui aussi sa mission en Afghanistan.

Pendant six mois, le jeune officier était en état d’alerte deux jours sur trois, prêt à prendre l’air en quelques minutes. Agé de 31 ans, il est né alors que les ingénieurs traçaient les premières esquisses du Tigre sur leurs planches à dessin.

"Parfois, nous sommes pré-alertés, déjà aux commandes et en attente à proximité du lieu des combats", explique-t-il.

S’il reste discret sur le détail des opérations, le capitaine Cyril concède avoir connu quelques poussées d’adrénaline : "sur deux ou trois opérations, on s’est dit que sans notre appui, la situation au sol aurait été délicate".

"Quand on stoppe la progression d’insurgés qui s’en donnent à coeur joie depuis quelques heures, on se sent utile", poursuit-il.

Dans ces phases de combat, l’équipage a une priorité : éviter à tout prix les dommages collatéraux, la hantise de la coalition qui a sensiblement renforcé ses règles d’engagement l’été dernier sous l’impulsion de son nouveau commandant en chef, le général américain Stanley McChrystal.

La satisfaction du capitaine Cyril ? Quand les troupes au sol lancent à la radio : "merci pour le boulot". source

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