L’hélicoptère d’Héli Mayotte s’écrase à Anjouan

jeudi 20 mars 2008

Une enquête technique de l’aviation civile sera diligentée
Plus de peur que de mal et heureusement, dans la nuit de mardi à mercredi, lorsque le seul hélicoptère de Mayotte s’est écrasé dans le lagon sans faire de victimes. Le pilote ainsi que les deux passagers de l’appareil sont sains et saufs et c’est l’essentiel. Pourtant, cet accident est pour le moins étonnant. Qu’un aéronef connaisse un problème technique, effectue un atterrissage d’urgence, ou au pire s’écrase, est tout à fait compréhensible, mais les circonstances du crash de ce Robinson R 44 de Héli Mayotte sont toutefois auréolées d’un épais mystère. L’appareil bien connu à Mayotte pour ses vols d’agréments pour touristes était le seul hélicoptère de l’île et à ce titre était également fréquemment loué par la préfecture pour des missions de lutte contre d’immigration clandestine. C’est d’ailleurs une telle mission qui s’est déroulée mardi soir, lorsque l’appareil à décollé de Dzaoudzi à 23 h05 par une nuit de pleine lune pour une mission de surveillance « de routine ». Étrangement se trouvaient à bord outre le pilote, le mécanicien et un gendarme de la brigade nautique. Si la présence du gendarme était tout à fait normale pour une telle mission ( pour constater les éventuelles infractions), celle du mécano n’était sans doute pas indispensable, d’autant que l’appareil venait de sortir de révision il y a une semaine. Quoi qu’il en soit, ce type d’engin ne peut évoluer de nuit sans autorisation spéciale car n’étant pas équipé pour le vol IFR (Instrument Flying Rules) il ne peut théoriquement que voler de jour. Admettons qu’une dérogation lui ait été accordée et, prenant en considération qu’il faisait pleine lune, le problème de visibilité ne se posait pas de manière cruciale. Toutefois, par mesure de précaution, le vol s’est déroulé à l’aide de lunettes de vision nocturne. L’appareil a donc pris l’air pour sa mission et s’est enfoncé dans la nuit. A 0h40 selon le communiqué de la préfecture, le pilote a envoyé un message radio signalant un problème, puis plus rien. Immédiatement, la préfecture a activé une cellule de crise et dépêché sur zone des moyens nautiques. A 4h10 du matin, toujours selon le communiqué de la préfecture, le Cross Réunion a pris en charge les opérations de secours. Dès le lever du soleil, un Transall C 160 a décollé de la Réunion tandis que de Dzaoudzi décollaient un gyrocoptère de Mayotte ULM ainsi que le Cessna 172 de l’aéro club. Sur mer, le dispositif était tout aussi impressionnant et à 9h40, une information indiquant que l’hélicoptère et ses occupants sains et saufs étaient retrouvés à Anjouan, arrivait à la préfecture. Soulagement général.

Clipper....down
Mais que faisait donc le Clipper R 44 à Anjouan ? Voilà la question qui s’est immédiatement posée. La réponse est arrivée rapidement de la préfecture : Le pilote, victime d’un problème de GPS s’est perdu. Certes cela peut arriver, mais l’on ne peut s’interroger sur ce point lorsque l’on sait que mardi soir la lune éclairait parfaitement Mayotte l’océan et qu’on y voit relativement bien. Si en plus on chausse des lunettes de vision nocturne, même sans GPS on peut distinguer Mayotte ou Anjouan. Tous les pilotes professionnels (à Mayotte comme en métropole) interrogés hier sur ce point nous ont répondu la même chose. Pas question de mettre en doute les capacités professionnelles du pilote de l’hélico loin de là, puisque nous avons recueilli à son sujet un wagon d’éloges. Il n’en demeure pas moins que le communiqué de la préfecture fait état d’un problème d’alimentation en carburant qui s’est terminé par un crash, heureusement sans gravité pour tout le monde, sauf pour l’hélico qui est détruit. Les trois passagers de l’appareil se trouvaient à 800m de la côte, près de Sima, soit dans le nord-ouest d’Anjouan. « Il y a eu un problème et l’hélico est tombé, mais il n’y a pas eu de coups de feu ou de bruit suspects sur la cellule » selon les déclarations du mécanicien se trouvant à bord et qui a pu avec le gendarme regagner hier Mayotte par le vol Comores Aviation également propriétaire de l’hélicoptère. Le pilote, lui, a préféré rester à Anjouan pour surveiller l’épave. Il reviendra dans la journée d’aujourd’hui. Selon le communiqué de la préfecture, une enquête technique de l’aviation civile sera diligentée.

Zones d’ombre
Il est cependant étonnant de constater que la balise de détresse permettant de repérer de suite l’aéronef n’ait pas été déclenchée, ce qui aurait permis au centre de Toulouse de détecter au mètre près, la position de l’épave de l’appareil.
On peut s’interroger ensuite sur la facilité avec laquelle les passagers de l’appareil ont pu rentrer à Mayotte par vol régulier hier en début d’après midi, alors que Mohamed Bacar sait que la France manifeste sa solidarité vis-à-vis de la position du président Sambi en lui offrant un soutien logistique. Cet accident qui heureusement n’a pas fait de victime est tout de même entouré d’un nuage de mystère, qui sera sans doute très difficile, voire impossible à percer. Denis Herrmann Source

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