Héli Air Monaco mis en examen

lundi 7 décembre 2009

Après avoir fait, à Nice, du surplace durant cinq ans, l’enquête relative à un accident d’hélicoptère survenu en 2004 met le turbo. Chargée d’établir dans quelles circonstances le pilote et ses quatre passagers furent tués au large de Saint-Jean-Cap-Ferrat, la justice vient de désigner deux présumés responsables. Elle a commencé par mettre en examen pour « homicides involontaires » le motoriste équipant l’appareil, la société Turboméca. En savoir +
Minibex de la Comex et une vedette de la gendarmerie sur les lieux du crash au large de Saint-Jean-Cap-Ferrat. L'accident était survenu le 8 juin 2004 - Photo : archives Éric DulièreDu même chef, elle vient de poursuivre le transporteur, Héli Air Monaco, qui assure la ligne régulière entre la principauté et l’aéroport de Nice.
Sur cette ligne, le 8 juin 2004 vers 11 h 45, le temps était parfaitement calme lorsqu’un Écureuil AS 350 de la société monégasque s’était abîmé en mer. Tombant comme une pierre, il avait rapidement coulé et atteint le fond, à moins 270 mètres. Ne laissant aucune chance à ses cinq occupants.
Selon un expert, le crash serait consécutif au bris d’une pièce mécanique ayant provoqué l’arrêt total de l’unique moteur de l’appareil. À croire ce spécialiste, l’accident aurait pu être évité si Turboméca, alerté par de précédentes avaries, de moindre gravité, avait imposé plus rapidement des modifications techniques. Mis en examen, le constructeur a immédiatement sollicité une contre-expertise.

Le p.-d.g. réfute toute négligence
Poursuivie à son tour par le juge Alain Chemama, la société Héli Air Monaco réfute, elle aussi, toute négligence. Elle est suspectée de ne pas avoir suivi les recommandations de Turboméca, d’avoir insuffisamment formé et préparé le pilote.
« Aucune faute, assure son p.-d.g. Jacques Crovetto, n’a été commise dans l’entretien de l’appareil ni dans la formation du pilote. Peut-être ce dernier a-t-il raté son coup (il n’a pas enclenché l’autorotation des pales susceptible d’amortir la descente de l’Écureuil) mais volant à moins de 300 pieds (100 mètres) pour respecter la réglementation en vigueur dans le secteur, il disposait de très peu de temps pour tenter la manoeuvre... »

De gros enjeux
Une plus grande réactivité aurait-elle empêché le drame ? La mère du pilote, assistée par Me Christian Scolari, s’inscrit en faux. En avançant que le plafond imposé par l’aviation civile était trop bas pour permettre cette autorotation.
La contre-expertise va-t-elle, d’ici quelques mois, conforter l’accusation ou au contraire ouvrir la voie à des non-lieux ? Pour les mis en examen, les enjeux ne sont pas uniquement judiciaires. Turboméca est leader mondial des turbines à gaz de petite et moyenne puissances. Héli Air Monaco, dont la ligne Monaco Nice représente 80 % du chiffre d’affaires, a transporté jusqu’à 100 000 personnes par an avant de connaître, en 2009, une baisse d’activité (80 000 voyageurs) liée à la crise. Jean-paul Fronzes source

Vos commentaires

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.