Vu du ciel, rien n’échappe aux gendarmes

mardi 24 novembre 2009

Aérodrome d’Auch, hier, à 7 h 29. L’hélicoptère de la section aérienne de la gendarmerie se pose sur le tarmac au moment où deux motards de l’escadron départemental de sécurité routière pénètrent dans l’enceinte. Walter le pilote et le capitaine de L'Estoile ont repéré trois contrevenants dont une jeune maman qui a cumulé les infractions - Photo DDM, Béa. D.Avant de monter dans l’hélico, le capitaine rappelle l’objectif du jour : « On recherche les franchissements de ligne continue, les dépassements dangereux, les refus de priorité, les non-respects des stops et des distances de sécurité. A cette heure-ci, on risque d’avoir des conducteurs pressés parce qu’ils sont en retard au travail. » La première patrouille au sol part se positionner à Sainte-Christie. La deuxième est déjà en place 3 km après Fleurance, et la troisième 3 km au nord de Lectoure.

7 h 52 : « On décolle », prévient Walter, aux commandes de l’appareil, tandis que David, le mécanicien de bord, vérifie tous les paramètres. Walter remonte à l’ouest de la RN21. Le capitaine de L’Estoile est assis derrière lui, à droite de l’appareil, de manière à avoir une visibilité parfaite sur la route. Essais radio OK, c’est parti !

8 h 05. Une Clio blanche oublie de marquer le stop à Fleurance. Le capitaine communique son signalement à la patrouille alpha 2. Puis Walter propose de suivre un moment un petit utilitaire : « Il se comporte bien ». Plus loin : « Un train camion voitures, c’est souvent ça qui excède les VL. On suit. » RAS.

8 h 35. Un camion colle au pot d’échappement d’une voiture à « Lagrange », dans le sens Fleurance Lectoure. L’hélico le survole jusqu’à l’arrivée des motards. Walter voit le conducteur, tout de rouge vêtu, aller à leur rencontre. Il repart vers Fleurance.

8 h 46. De nouveau au lieu-dit « Lagrange », mais dans le sens Lectoure Fleurance. Une petite voiture blanche colle au train d’une autre voiture, elle chevauche une ligne continue et finit par un dépassement dangereux en se rabattant trop près de la voiture qui arrive en face. Le capitaine de L’Estoile voit rouge. Mais la liaison radio passe mal. La patrouille au sol ne peut verbaliser que si on lui donne l’intitulé précis de l’infraction et le lieu. Or elle a seulement entendu la description de la voiture et sa direction. Les deux motards arrêtent la contrevenante à l’entrée de Fleurance. Walter aperçoit un champ dégagé à côté. Vu le nombre cumulé d’infractions, il décide de se poser, en accord avec le capitaine de L’Estoile qui va transmettre lui-même les informations. Dans la voiture, la conductrice se liquéfie et tente de rassurer son jeune enfant à l’arrière. Le capitaine d’un air sévère : « Vous étiez pressée madame ! Il vaut mieux qu’on vous le dise maintenant, avant que ça se termine dramatiquement. » Aller-retour vers l’arrière du véhicule pour le contrôle des papiers. Face au désir de sévérité du capitaine, l’un des motards s’inquiète de la situation sociale de la jeune femme car elle risque 90 € d’amende pour chacune des trois infractions. Mais en constatant qu’elle a un défaut de contrôle technique et les pneus plus que lisses en prime, il martèle…

« Franchement, vous avez de la chance qu’on vous arrête. Vous allez tout droit à la catastrophe. Vous avez prévu de changer la voiture ?

C’est pas ma priorité.

Votre priorité, c’est de rester en vie », répond du tac au tac le militaire. Son bébé dans les bras, elle baisse la tête, penaude. Il faut dire que les gendarmes ont encore en mémoire la mort d’une jeune maman et de son bébé, le 23 octobre, à Beaumarchès. Au moment de remonter dans l’hélico, direction l’aérodrome, le capitaine reste ferme : « Je préfère qu’elle comprenne maintenant plutôt qu’on la retrouve entre quatre planches. »

De 0 à 290 km/h, l’Ecureuil ne laisse aucune chance
En moins de 72 heures, Walter est venu deux fois de Toulouse pour survoler le Gers. Une fois à la demande de la compagnie de Mirande qui a organisé une recherche de malfaiteurs dans la nuit de vendredi à samedi. Il était copilote. Et hier, à la demande de l’escadron départemental de sécurité routière, pour limiter les dégâts en cette année qui a déjà fait dix morts de plus que l’an dernier à la même époque. L’occasion de prendre le manche pour Walter puisqu’il était commandant de bord sur cette mission. Dans les deux cas, c’est dans un Écureuil qu’il connaît bien qu’il a officié avec David, le mécanicien.

Vendredi, Kristophe, le pilote qui les accompagnait, a décrit les caractéristiques de cet hélico : « C’est un appareil qui mesure 12,94 m de long pour 3,22 m de haut. Le diamètre du rotor est de 10,69 m. Il fait 650 chevaux, consomme 180 litres de kérosène à l’heure, a une masse de 2,1 tonnes au décollage et peut atteindre 290 km/h. Le projecteur à l’arrière est manipulé par le mécanicien. De nuit, à 200 mètres d’altitude, il éclaire la valeur d’un stade de foot pratiquement comme en plein jour grâce à une puissance de 1 600 watts. Une visibilité qui participe au caractère de prévention de nos recherches. Mais on peut avoir une approche plus discrète grâce à la lumière infra rouge visible uniquement avec nos jumelles de vision nocturne. Nous avons aussi un Traqueur. Ce sont ces quatre antennes blanches qui dépassent sous l’appareil ; il permet de localiser une voiture volée à plusieurs dizaines de km à la ronde. » Hier, le bip ne s’est pas déclenché pendant l’opération de sécurité routière. Il n’y avait donc pas de voiture volée équipée d’un système Traqueur sur les routes. C’est déjà ça. Béa. D.

Bilan sur la RN21, l’axe le plus accidentogène du Gers depuis le 1er janvier
Le capitaine de L’Estoile, qui commande l’escadron départemental de sécurité routière, n’a pas choisi la section Auch-Sainte-Mère (limite du 47) par hasard, hier, pour le contrôle coordonné entre l’hélico de la section aérienne de la gendarmerie et les six motocyclistes de service sur la mission. Cette portion de la RN 21 est la route la plus accidentogène dans le Gers depuis le début de l’année. « On déplore deux accidents mortels à Lectoure et à Fleurance, huit accidents corporels qui ont fait quinze blessés et neuf accidents matériels, insiste le capitaine de L’Estoile. D’où l’intensification des contrôles avec l’hélicoptère. Les gens doivent comprendre qu’à tout moment ils peuvent être contrôlés, soit par les moyens visibles, soit avec les moyens discrets comme l’hélico, car on veut absolument éviter qu’il y ait d’autres drames. L’année 2009 est assez mauvaise comme ça ! Je veux, si possible, pas d’autres tués, et le moins possible de blessés. C’est le seul objectif qui nous anime. » Pour les contrevenants, au nombre de trois hier entre 8 h 05 et 9 h 05, ça s’est traduit par des amendes de 90 € et des retraits de points. source
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Un hélicoptère de la gendarmerie était de nouveau de sortie, hier matin, survolant le nord du département

Action discrète pour piéger les chauffards
Opération spéciale, hier matin, pour des motards et l'hélicoptère de la gendarmerie - Photo PH. BatailleCela ne pardonne pas. Une mère de famille, pressée de gagner Fleurance, en a eu pour ses frais. Hier matin, dans le ciel de Lomagne, l’hélicoptère de la gendarmerie, affrété pour une opération spéciale de sécurité routière, a ainsi observé la Gersoise de 45 ans accompagnée d’un bébé commettre trois infractions : non-respect des distances de sécurité, chevauchement d’une ligne continue et dépassement dangereux. Cette addition devrait lui coûter sept points sur son permis de conduire ainsi qu’une amende salée.

Contrôler sans être vu
« Les automobilistes, le lundi matin, sont généralement speeds, explique Emmanuel De L’estoile, commandant de l’escadron de sécurité routière du Gers. La remise en route après le week-end est difficile, alors ils commettent quelquefois des imprudences. »

Pas de répit. Alors que les chiffres ne sont définitivement pas bons cette année (1), les forces de l’ordre multiplient différents types de contrôles depuis quelques mois. L’hélicoptère est un moyen parmi d ’autres. « C’est une façon de montrer aux automobilistes que l’on peut contrôler sans être vus. Un de nos dispositifs les plus discrets », ajoute le capitaine De L’Estoile.

Hier, l’hélicoptère accompagné au sol par quatre motards et un relais radio a survolé une zone bien définie, allant de Preignan à l’extrême nord du département. Ce choix de secteur ne doit rien au hasard. La RN 21 est l’axe le plus accidentogène depuis le début de l’année, particulièrement entre Preignan et Sainte-Mère : huit accidents corporels, deux mortels et neuf matériels ont ainsi été comptabilisés.

Durant plus d’une heure, entre 7 h 45 et 8 h 45, l’hélicoptère a donc parcouru la zone, traquant tout comportement dangereux. Les véhicules en infraction repérés et identifiés depuis l’appareil sont signalés aux motocyclistes qui, en attente et hors de vue des usagers, vont ensuite procéder à l’interception et à la verbalisation des contrevenants. L’emploi de l’hélicoptère permet de contrôler environ 400 véhicules en une heure...

Outre la Gersoise, écopant de trois contraventions, deux autres automobilistes ont été verbalisés hier matin : le premier pour le non-respect d’un stop (4 points) à Fleurance et le second, un chauffeur de poids lourd, pour non-respect des distances de sécurité (3 points).

Action répressive en hausse
« Nous enregistrons un nombre d’accidents stable par rapport à l’année dernière, rappelle Emmanuel De l’Estoile. Mais en terme de conséquences corporelles, les accidents sont bien plus graves en 2009. » Du coup, l’action répressive s’amplifie : 13 865 infractions ont été ainsi constatées au cours des neuf premiers de l’année contre 12 847 sur toute l’année 2008 : soit plus de mille supplémentaires... Jean-Charles Galiacy source

(1) Sur la zone gendarmerie, 132 accidents corporels ont fait 27 tués et 203 blessés au 19 novembre contre 136 accidents, 20 tués et 191 blessés l’an passé.

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