Un drôle d’oiseau nommé Charly

lundi 31 août 2009

Cet été, pour la première fois, le Service départemental d’incendie et de secours a loué un hélicoptère. Un appareil utilisé comme aide au commandement sur les incendies et comme outil de reconnaissance.
Il trône au milieu de la cour du Service départemental d’incendie et de secours depuis le 1er juillet. Visible de la route, sa carrosserie noir métallisé détonne quelque peu à côté des camions rouges des pompiers. Charly 40, c’est son surnom, est de la race des Colibris. Comprendre, le plus petit modèle d’hélicoptère fabriqué par le leader mondial Eurocopter, et non le passereau aux couleurs de l’arc-en-ciel. Charly 40 en point fixe au-dessus de l'incendie d'Uchacq : grâce à cela, les hommes au sol voient d'où vient le feu - Photo L. D.) Ce bijou de technologie, le Sdis en loue les services durant la saison estivale comme outil supplémentaire dans la lutte incendie. « Cela fait partie des mesures post-tempête », explique le capitaine Stéphane Poyau, responsable du centre de traitement d’alerte au Codis (1). Car Charly 40 n’est pas là pour faire de la figuration. Ses missions : aider au commandement sur les opérations de secours en cas de feu de forêt et assurer des vols de reconnaissance au-dessus du massif afin de prévenir tout départ de feu après des orages.

Colonne de fumée
Mercredi 26 août : un incendie vient de se déclarer dans une pinède, à Uchacq-et-Parentis. « On y file. Puis on ira du côté de Saint-Justin où de nombreux impacts de foudre ont été détectés suite aux orages du début de semaine. Il faut vérifier qu’aucun feu ne couve », annonce le major Hubert Clavé. « On finira par Escalans. Là, je dois prendre des photos aériennes de l’aménagement de l’espace entre l’habitat et la forêt. Cela nous servira par la suite en cas d’intervention sur le secteur », poursuit l’officier « aéro » du Sdis. Il est 15 heures et l’après-midi d’Hubert Clavé et Thierry-Pierre Corberand, pilote, s’annonce chargé.

Munis de leur feuille de route, les deux hommes ne perdent pas de temps et mettent le cap sur Uchacq-et-Parentis, non sans s’être signalés au préalable à la base aérienne de Mont-de-Marsan. « Nous sommes dans une zone d’installations militaires interdites au survol », rappelle le pilote, qui reste en contact permanent avec les contrôleurs aériens de la BA 118.

Trois minutes à peine après le décollage, une colonne de fumée blanche apparaît au-dessus de l’immense tapis végétal. Depuis le ciel, les camions de la trentaine de pompiers déjà arrivés sur place semblent des jouets d’enfant. « Regardez, c’est le bazar. Il y a des chablis partout », lance le major Clavé. En effet, la zone enflammée a subi les rafales de Klaus, ce qui complique considérablement la progression des soldats du feu.

« Anticiper c’est gagner »
L’incendie n’est toutefois pas d’une grande ampleur : « Un hectare, indique le major au Sdis, par radio. Les vents sont faibles et le sinistre avance vers une parcelle de petits pins ». Transmis au commandant des opérations de secours (COS) qui se trouve au sol, le capitaine Grégoire Journey, ces renseignements permettent d’adapter aussitôt les moyens déployés à l’évolution de la situation. Sorte de guide, Charly 40 « permet une vue d’ensemble rapide du chantier », commente le capitaine. Un intérêt décuplé depuis la tempête. « Le principal avantage de cet appareil, c’est qu’il nous offre un gain de temps important grâce auquel nous anticipons à plus long terme. Dans la lutte incendie, anticiper, c’est gagner la partie », poursuit l’officier qui vient d’effectuer un survol du périmètre enflammé. Ce dernier sera maîtrisé quelques heures plus tard. Bilan : deux hectares ont cramé.

Impacts de foudre
Charly 40, lui, a repris les airs, en route vers les deux autres objectifs de la journée. Une carte des Landes piquetée de petits points dans les mains, Hubert Clavé scrute l’horizon. « Chaque point est un impact de foudre relevé par les capteurs de Météorage », explique-t-il. Et ils sont légion autour de Saint-Justin et Gabarret. L’été, la plupart des incendies ont cette origine. Ils peuvent d’ailleurs couver plusieurs jours avant d’éclater. Ce fut le cas par exemple du violent incendie de Campagne et Meilhan, fin juin, qui a détruit 192 hectares de forêt. Les pompiers ont mis près de six semaines pour en venir définitivement à bout.

« Un feu naissant ne va pas forcément apparaître sur les caméras de vidéosurveillance du Sdis installées sur les anciennes tours de guet, précise le major. Il faut que les fumées dépassent la hauteur des arbres pour qu’elles soient détectées. Grâce à l’hélico, on peut voir ces départs de feu et agir ainsi au plus vite ». Les éclairs ont eu beau s’en être donnés à coeur joie trois jours auparavant, heureusement, rien ne semble menacer le mas- sif.

Charly 40 poursuit son chemin et arrive au-dessus d’Escalans. Quelques minutes suffisent à Hubert Clavé pour fixer sur la pellicule la géographie des lieux. Le pompier est content, il a repéré trois plans d’eau « qui pourront servir de réserve en cas d’incendie ». Le vol de reconnaissance s’achève ; le bilan est positif. Mais une interrogation demeure : quelle est la cause de l’incendie d’Uchacq, aucun impact de foudre n’ayant été relevé sur le secteur ? L’enquête confiée à la communauté de brigades de gendarmerie de Roquefort le dira.

(1) Centre opérationnel départemental d’incendie et des secours.

40 57 000 euros pour deux mois d’exercice
Se doter d’un hélicoptère pendant les deux mois d’été représente une dépense importante pour le Service départemental d’incendie et de secours, dont le budget est financé en très grande partie par le Conseil général. « Le coût s’élève à 57 000 euros. Cela couvre la mise à disposition, du 1er juillet au 31 août, de l’appareil et du pilote ainsi qu’un forfait de 30 heures de vol », précise le colonel Olivier Bourdil, directeur du Sdis 40.

Une note bien plus salée que celle de la location d’un avion, solution qui avait été employée lors des étés 2006, 2007 et 2008. « Louer un hélicoptère revient beaucoup plus cher, reconnaît Olivier Bourdil. Cela s’explique principalement par la différence de potentialités qu’offre l’appareil ». Ainsi, l’avion était surtout utilisé pour la surveillance du massif à une époque où le système des tours de guet a été abandonné dans les Landes, suite à la mort d’un guetteur, Lionel Sanitas, électrocuté en haut d’une tour en juillet 2004.

Après ce drame, la sécurité du massif forestier landais a été totalement repensée. Et le Sdis des Landes s’est lancé dans l’aventure du progrès technologique avec le programme de détection automatique et de localisation des incendies par surveillance vidéo, alias Prodalis, entré en fonctionnement à l’été 2007. Parallèlement donc, un avion fut loué. « Mais ce type d’appareil ne permet pas de faire de l’aide au commandement. C’est pourquoi nous avons souhaité expérimenter cette année l’hélicoptère. Plus maniable, il peut se poser n’importe où, ou encore servir de guide aux hommes au sol, en faisant notamment du surplace au-dessus d’un incendie », souligne le colonel Bourdil. La palette des possibles est donc largement plus vaste. Elle doit être examinée à la loupe dans les prochains jours, à travers un bilan détaillé de l’apport de cet outil. « De cela dépendra la reconduction ou non de ce dispositif pour les années à venir », précise le colonel. Charly 40 doit repartir dès demain dans son aéroport d’attache, à Valence. Elisa Artigue-cazcarra source

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