Hélico-entrepreneur

lundi 8 septembre 2008

Rencontre avec Guy Mogica, créateur de Helinka, société de transports en hélicoptère, basée à Lima, Pérou.
De Bourges à Lima, en passant par le Moyen Orient et l'Afrique…Depuis son enfance, Guy est passionné par les hélicoptères. Il suit une formation d’école militaire au sein de l’ALAT (Aviation Légère de l’Armée de Terre), et il intègre par la suite l’école de pilotage de Luc en Provence où il fait ses premières armes en tant que mécanicien et où il acquiert beaucoup d’expérience en peu de temps. Hésitant sur le fait de prolonger sa carrière militaire ou non (15 ans de service lui aurait permit de bénéficier rapidement d’un certain confort et sécurité, notamment en terme de retraite), Guy décide pourtant de quitter l’armée pour rejoindre (toujours en tant que mécano) une société civile au Koweit dont la mission est de réparer les nombreux hélicoptères abandonnés pendant la guerre du golfe. Dans une ambiance mercenaire qui n’est pas pour lui déplaire, Guy acquiert vite une expertise sur un certain type de machine (Super Puma) qui lui vaut 2 ans plus tard une proposition pour partir travailler en Afrique dans une société Canadienne pour le compte de l’ONU. Guy découvre alors pour la première fois un univers 100% civil où les machines effectuent un travail de production. De retour en France en 1994, il se retrouve sans emploi, notamment à cause d’un flou législatif français sur les licences de mécanicien. Il en profite alors pour se spécialiser sur d’autres machines, et fait un rapide passage chez Eurocopter avant de débarquer chez Héli-Union (exploitant d’hélicoptères en France), qui lui propose en 1995 un contrat au Pérou pour la maintenance de 2 machines qui travaillent sur de la prospection sismique. Les débuts sont difficiles (grosse débrouillardise), mais ses efforts portent ses fruits puisque lorsque le client d’Héli-Union commande 3 machines supplémentaires pour ses travaux, Guy accède à plus de responsabilités (base manager)et devient résident permanent à Lima. Petit à petit, il se familiarise avec d’autres aspects non techniques de son travail (relations commerciales, finance,…). Mais en 2001, une baisse d’activité dans le secteur aéronautique au Pérou l’incite à tenter sa chance en Equateur ou il rejoint un ex-directeur d’Heli-Union qui s’est mis à son compte. L’expérience dure peu de temps due à une nouvelle baisse d’activités liées à un manque de sécurité dans les parties reculés du pays où opèrent les machines. Une nouvelle aventure débute alors en Bolivie ou Guy rejoint un français exploitant d’hélicoptères alors en proie à des difficultés d´organisation. Il l’aide à restructurer sa société et double son capital en 2 ans et demi.

Pourquoi pas moi ?
Fort de cette réussite et sentant qu’il existe des opportunités dans le domaine, Guy décide alors de se lancer à son compte. Avec un associé français (Alexandre Martin), il revient au Pérou et fonde Helinka en 2003 dont l’activité est le service en hélicoptère (transports de personnes et de marchandises, tourisme, secours,…). Ils achètent une machine 300 K dollars aux USA qui est tout de suite contractée par une société Canadienne opérant dans le secteur minier. Les débuts sont difficiles, les liquidités manquent, il faut réinvestir tous les bénéfices…

Un business florissant...
Mais petit à petit, Guy et Alexandre peuvent louer une deuxième machine , puis en acheter une troisième, et Helinka prend son envol…Aujourd’hui, la flotte d’Helinka compte 12 machines, et la société emploie plus de 100 personnes pour un CA de 8,5 M de dollars (2008).

Mais qui coûte cher…
Le plus gros problème que Guy et son associé rencontrent aujourd’hui réside dans le financement des machines. Un hélicoptère représente un énorme investissement (parfois plusieurs millions de dollars), et il n’est pas facile de convaincre les banques de mettre la main au portefeuille, même pour une personne qui a vécu plus de 10 ans dans la région. Trouver des sources de financement est donc toujours un casse tête pour les dirigeants d’Helinka, mais “on trouve toujours des solutions”.

Si tu veux faire une omelette, tu casses tes œufs
Afin de sécuriser leurs investissements, Guy et ses associés ont monté plusieurs sociétés qui détiennent des parts dans chaque société du groupe. C’est ainsi que c’est une société indépendante qui détient tout le patrimoine, alors que c’est une autre société qui gère le ravitaillement.

Créer son entreprise au Pérou
C’est relativement facile : 1000 dollars et 3 semaines, et tout est fait ! Le plus difficile reste la partie finance. Il faut avoir une bonne comptabilité, et réaliser un audit par un organisme extérieur facilite bien les choses et donne plus de crédit à l’entreprise (notamment pour la recherche de financements !). Il est aussi important de bien connaître le système tributaire du pays afin de prévoir une trésorerie suffisante pour les impôts.

Ce n’est pas parce qu’on est patron qu’on ne doit pas rendre de compte !
Même si avoir créé sa société laisse une grande place à la liberté d’action, ce n’est pas pour autant qu’on ne doit pas rendre de compte. On doit répondre vis à vis de ses employés, de ses associés, des autorités, des clients,… Cela représente beaucoup de pression, il faut être derrière en permanence…

Le Pérou
Guy se sent parfaitement bien intégré dans son nouveau pays d’accueil. Il est d’ailleurs marié à une péruvienne. Bien qu’il existe un décalage entre la façon de travailler d’un local et d’un européen (”il faut 3 péruviens pour réaliser le travail d’un européen” plaisante-il), les péruviens sont courageux au travail. Il estime qu’il existe encore de nombreuses opportunités (minerais, pétrole, immobilier…) dans ce pays ouvert au monde. Par contre, des efforts doivent être faits en terme d’éducation, de décentralisation (Lima sur-développé par rapport aux provinces), de lutte contre la pollution et surtout contre la corruption. Enfin, bien connaître la mentalité péruvienne avant de se lancer est indispensable (”il faut d’abord travailler dans le pays au préalable pour acquérir une expérience”).

Et la France dans tout ca ?
Bien qu’ayant passé presque la moitié de sa vie à l’étranger, Guy reste néanmoins bien français et attaché à son pays d’origine. Il est d’ailleurs membre de la chambre de commerce franco-péruvienne. Mais la communauté française, assez nombreuse au Pérou, n’est selon lui pas très dynamique ici.

Un bon concours de circonstances
Guy tire un bilan très positif de son aventure entrepreneuriale, même s’il estime avoir eu “de la chance” d’en être arrivé là. “Il faut s’adapter aux besoins du moments”.

Ses conseils :

 terminer les études en France. “Nous avons de la chance d’avoir un bon niveau”
 avoir de la constance, de la continuité…”ça paie toujours !”
 être logique

Et ne croyez pas qu’il n’existe aucun lien entre un mécanicien et un créateur d’entreprise : “Être mécanicien sur un hélicoptère, c’est déjà être un petit chef d’entreprise !”. source

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