Sécurité civile : dernier envol pour l’Alouette

mardi 25 août 2009

Après 45 ans de bons et loyaux services en Haute-Savoie et Savoie, le dernier exemplaire de l’Alouette III encore en action au sein de la Sécurité civile a pris hier son ultime envol depuis l’aérodrome de Meythet, pour rejoindre l’Échelon central à Nîmes (équivalent de la direction).

20 000 vies sauvées dans le département
Véritable mythe, cet hélicoptère s’envolait de toute urgence au secours des personnes blessées ou malades dans les départements savoyards. L’Alouette III a sauvé près de 20 000 vies en Haute-Savoie depuis 1964, date à laquelle ses pâles ont fendu l’air local pour la première fois, dans le cadre des opérations de secours.

Sa toute dernière fois au sein de la Sécurité civile, c’était dimanche à Courchevel, en Savoie. Pendant la période estivale, elle était détachée dans la station. Dans l’ensemble de l’Hexagone, l’Alouette III a volé plus de 260 000 heures et sauvé 155 000 personnes.
Cet appareil, produit par Sud Aviation, est sorti des usines en 1959. « À l’époque, il s’agissait d’une véritable révolution », s’enthousiasme Michel Pierre, chef de base de la Sécurité civile, à l’aérodrome de Meythet. L’Alouette II était le premier hélicoptère à turbine produit au monde, « contrairement aux hélicoptères qui fonctionnaient à l’aide d’un moteur à pistons (autrement dit à explosion). L’alouette III développait une capacité et une puissance supérieure par rapport à ses aînés. Elle pouvait grimper à 6 500 mètres d’altitude et atterrir jusqu’à 5 800 mètres », poursuit le secouriste. D’où son grand intérêt pour le sauvetage en haute montagne, dans le massif du Mont-Blanc, mais aussi dans les Andes et l’Himalaya. Un véritable succès commercial pour cette création industrielle française « qui avait un temps d’avance par rapport à celles des États-Unis », selon Michel Pierre.

50 ans d’action
Question capacité, l’hélicoptère pouvait accueillir jusqu’à sept personnes. « L’armée parvenait à placer deux civières ; d’ailleurs les poignées de maintien dépassaient sur les côtés. Dans le cadre sanitaire, un mécanicien, un pilote, deux sauveteurs, un médecin et le blessé prenaient généralement place à bord ».
Et ses atouts ne s’arrêtaient pas là. « L’alouette était très manœuvrable, plus encore que l’hélicoptère utilisé actuellement, l’EC 145, produit par Eurocopter (voir ci-dessous). « Son rotor articulé donnait lieu à un mouvement de balancier. Les pâles jouaient ainsi le rôle d’amortisseurs et entraînaient de la souplesse, nécessaire en cas de turbulences », explique Michel Pierre.
Très robuste et fiable, elle aurait donc pu encore zébrer le ciel pendant plusieurs années. Mais elle devait quand même tirer sa révérence, 50 ans tout juste après son apparition dans le ciel français. Pour des raisons liées au progrès technologique, mais aussi commerciales. « L’Alouette a toutefois connu trois accidents en Haute-Savoie, dont un mortel dans le massif du Mont-Blanc en 1991, avec le décès du pilote », précise le chef de base de Meythet.
La dernière Alouette de la Sécurité civile française est donc partie vers d’autres cieux, ceux de Nîmes. Avec trois personnes à son bord, dont le pilote Jean-Luc Jerez, pour qui « ce dernier vol long d’1h45 serait rempli d’émotion ».
Quant à l’avenir de ce dernier exemplaire, il s’avère un peu moins brillant que celui de ses deux prédécesseurs, exposés à la Cité des sciences et au Musée de l’air et de l’espace. Cette ultime alouette finira en pièces détachées sur les quelques exemplaires encore en action au sein de la Marine française. Gwladys PERRILLAT source

REPÈRES
L’alouette III en chiffres
• 1959 : premier vol.
• 7 : nombre maximal de personnes transportées.
• 850 ch : puissance du moteur.
• 180 km/h : vitesse de croisière. Dans sa "version montagne" (alourdie en raison du matériel à bord), la vitesse est de 150 km/h.
• 650 kg : charge utile. En pleine charge, l’Alouette pouvait peser jusqu’à 2,3 tonnes.
• 400 heures : durée de vol entre chaque révision "importante" qui prennent environ un mois.
• 6 500 mètres : altitude maximale.

L’hélicoptère EC 145 : le must pour les opérations de secours
Produit par Eurocopter, une filiale d’EADS (groupe industriel européen dans l’aéronautique et le spatial aussi bien civile que militaire), l’EC 145 est utilisé par la Sécurité civile de Haute-Savoie depuis 2004. D’aspect beaucoup plus massif (il pèse jusqu’à 3,7 tonnes en pleine charge), cet hélicoptère est bourré de technologie. « Le vol en automatique est désormais possible. Il possède des jumelles infrarouges qui permettent les secours nocturnes. En 2008, 1 280 heures de vol ont été effectuées dont 10 à 15 % de nuit. Cet hélicoptère vole généralement à 220 km/h. Concrètement, sur un vol Annecy-Nîmes, il met 30 min de moins que l’Alouette », assure Michel Pierre. Doté de deux moteurs à turbine et pouvant transporter 11 personnes, il est capable de décoller en cas de mauvais temps.
Et s’il est connu du grand public, c’est en partie grâce à la série télévisée Médicopter.

 Cliquez ici pour voir les photos du dernier atterrissage de cette Alouette III sur la DZ de Meythet.

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