Toulouse. L’hélico qui traque les gangs

mardi 28 juillet 2009

L’hélicoptère de la gendarmerie est devenu une arme à part entière dans la lutte contre la délinquance.
« Mise en route pour une heure de surveillance de la périphérie de Toulouse ». Le pilote de l’hélicoptère de la gendarmerie annonce brièvement sa mission à la tour de contrôle. L’Écureuil s’élève sans effort et reste suspendu à deux mètres du sol. De son point de départ jusqu’au lieu du décollage, sur la base de Francazal, il suit sur quelques mètres un tracé au sol. L'hélicoptère est équipé d'une puissante caméra, maniable avec un joystick, qui permet de distinguer de près les personnes et les voitures au sol. Photos DDM, Michel Labonne Puis, le nez légèrement penché vers l’avant, il s’élève franchement. Il est 16 h 20, ce jeudi de juillet. L’hélicoptère bleu de la gendarmerie gagne le ciel toulousain voilé de quelques nuages.
Dès les premiers instants, l’utilité de l’hélico saute aux yeux. Un virage à gauche et il survole l’immense centre commercial de Portet. Sur les parkings, les voitures, côte à côte, semblent rangées comme des jouets. Le long ruban de bitume de l’A 64 s’étire vers le sud. Des ouvriers marchent sur le sol blanc d’une cimenterie. Les lotissements, ponctués du rectangle bleu des piscines, mangent la campagne. D’en haut, à 200 mètres à peine, on voit tout. « C’est le poste d’observation idéal. On s’affranchit de tout obstacle. Nous sommes des voyeurs », sourit le maréchal des logis chef Walter Flandin, le pilote.
Ce jeudi, l’hélicoptère participe à une opération de contrôle. Au sol, dix-sept patrouilles sillonnent le secteur de Plaisance, Cugnaux, Villeneuve, Roques où des cambriolages ont eu lieu ces derniers jours. Quelques automobilistes sont stoppés à des points de passage stratégiques. En cas de fuite, l’hélico peut intervenir aussitôt. Et guider les gendarmes au sol.
Cambrioleurs surpris qui détalent, home jacking et recherche d’une voiture volée, filatures… l’hélicoptère est devenu une arme à part entière dans la lutte contre la délinquance. Précédemment cantonné aux missions de secours, le voilà orienté vers le flagrant délit, une utilisation « à l’américaine » qui gagne du terrain. « Aujourd’hui, 30 % de nos missions concernent les secours et 70 % la police judiciaire et les entraînements », note le lieutenant Jean-Claude Laporte qui dirige le détachement de Toulouse. Les émeutes de 2005 ont marqué une étape. Et Toulouse, grâce à la proximité de Francazal et la possibilité d’une intervention rapide, a un peu fait figure de précurseur. « L’hélicoptère a été désacralisé », observe Walter, le pilote.
Un quota de 800 heures est budgété par an pour les deux appareils du détachement toulousain qui agissent sur toute la région. De 1 200 € l’heure pour l’Écureuil, à 3 000 € pour l’EC 145, les hélicos ont un coût. « Le prix de la sécurité », observe un officier. Celui en tout cas d’une nouvelle façon de faire la police.

Une caméra et un phare surpuissants
Un phare surpuissant, une caméra équipée d’un zoom… c’est grâce à ces équipements-là que les hélicoptères de la gendarmerie peuvent accomplir de nouvelles missions. Le phare, très utilisé durant les émeutes dans les quartiers pour voir les mouvements au sol et les toits d’immeubles, peut illuminer un terrain de foot comme en plein jour. Mieux : grâce à un filtre spécial, il peut éclairer sans être aperçu depuis le sol !
L’équipage est équipé de lunettes à vision nocturne. La caméra, fixée sous l’appareil, peut pivoter dans tous les sens. Dans l’hélico, le mécanicien la manie à l’aide d’un joystick et visualise les images sur un écran, des images qui ne sont pas enregistrées.
Le zoom permet de lire une plaque d’immatriculation. Dans les faits cependant, cela implique une stabilité parfaite de l’appareil, ce qui est loin d’être toujours le cas. De même pour percevoir un visage.

Portrait. Maréchal des logis chef, Walter Flandin, pilote.
« C’est un rêve que je croyais inaccessible »
Le sourire ne le quitte pas et pour cause. Son métier, c’est une passion. À 40 ans, père de deux enfants, Walter Flandin, Grenoblois d’origine, est un des six pilotes du détachement aérien de Toulouse. Mais ce métier qui fait rêver, il souhaite complètement le démystifier. « Pour moi, c’était un rêve d’enfant que je croyais inaccessible. Ce n’est pas vrai. Il y a des critères de base, mais un non-bachelier peut réussir », insiste-il. Après son bac de physique, Walter a d’abord travaillé chez Hewlett-Packard, bien loin de sa passion de l’aéronautique. Puis, alors que le service militaire approchait, il s’est engagé dans l’armée où il a acquis, à Dax, sa formation de pilote d’hélicoptère. Première affectation : le 4e Groupe d’hélicoptères légers de Bordeaux. Puis le 6e Régiment d’hélicoptères de combat à Compiègne. À 35 ans, il intègre la gendarmerie toujours dans le but de piloter. « C’est un parcours assez fréquent », observe-t-il.
Les critères de sélection d’un futur pilote sont d’abord physiques : une bonne condition physique, une bonne hygiène de vie (ce qui exclut l’alcool et la cigarette), deux critères qu’il faudra de toute façon continuer à respecter, et une bonne vue. « On est examiné sous tous les angles », observe Walter. La maîtrise de l’anglais est aussi importante pour lire les manuels d’apprentissage. « Mais tout cela est accessible », insiste-t-il, à condition d’y consacrer du temps. Et puis, souligne-t-il, « un pilote n’est rien sans le mécanicien ». La maintenance est ici une question vitale.

zoom
Interventions récentes
La Section aérienne de gendarmerie (SAG) de Toulouse, dirigée par le lieutenant-colonel Bernardini, regroupe le Détachement aérien de Toulouse (qui possède deux hélicoptères, lire ci-contre) et celui de Tarbes. Elle intervient en Midi-Pyrénées, dans l’Aude et le Lot-et-Garonne, au service des autres unités de la gendarmerie, et de plus en plus de la police.

Voici trois exemples d’interventions récentes :

Grenade (31), le 12 juillet. Interpellation d’un homme suspecté d’avoir tiré deux coups de feu sur un couple.
Toulouse, janvier 2009. Survol de la ville au profit des pompiers après la tempête.
La Magdelaine (31),
juillet 2008. Recherche d’un homme qui avait tué cinq membres de sa famille et des proches.

L’hélicoptère l’Ecureuil

 monoturbine
 capacité : 6 personnes
 poids : 2,1 tonnes
 autonomie : 3 heures
 rayon d’action : 550 km
 vitesse : 200-220 km/h
 consommation : 180 l/heure
 coût d’utilisation : 1 200 à 1 500 € l’heure.

Il s’agit d’un appareil polyvalent grâce à ses équipements : caméra, treuil, tracker…

L’hélicoptère : EC 145

 biturbine
 capacité : 11 personnes
 poids : 3,6 tonnes
 autonomie : 3 heures
 rayon d’action : 650 km
 vitesse : 220 à 240 km/h
 consommation : 300 l/heure
 coût d’utilisation : 3 000 € l’heure.

Opérationnel depuis fin 2008 à Toulouse, il remplace l’Alouette III. Il s’agit d’un appareil de nouvelle génération, avec beaucoup d’électronique embarquée. Plus puissant, il permet de voler plus haut et d’emporter plus de monde. Des capacités qui le destinent plus particulièrement au secours en montagne. Il est basé à Pamiers pendant l’été. source

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