Guillaume Faury : « Depuis vingt ans, près d’un hélicoptère civil sur deux est fabriqué par Airbus Helicopters »

mercredi 10 mai 2017

L’hélicoptériste ne voit pas les commandes des pétroliers repartir avant dix-huit à vingt-quatre mois.Il veut jouer un rôle de premier plan sur le marché des drones et de l’« urban mobility ».

Après plusieurs années de crise, le marché des hélicoptères redémarre-t-il ?
Le marché semble s’être stabilisé après avoir touché un point bas, ce qui pourrait préfigurer une reprise. Nous avons eu un bon début d’année, tant en prises de commande qu’en livraisons. Néanmoins, nous restons extrêmement prudents, car les signes de reprise restent assez fragiles. La baisse du prix du pétrole a entraîné une surcapacité d’hélicoptères dans le secteur pétrolier, qui est très importante dans notre activité. Même si le prix du pétrole remonte, il faudra du temps avant que l’ensemble de la flotte retrouve des contrats. Nous ne voyons pas ce secteur redémarrer avant dix-huit ou vingt-quatre mois.

Votre chiffre d’affaires a reculé de 2 % en 2016, à 6,7 milliards d’euros. Airbus fait-il mieux ou moins bien que ses concurrents ?
Airbus Helicopters a montré beaucoup plus de résilience que les autres acteurs du secteur. Les Français ne le savent souvent pas, mais, depuis vingt ans, près d’un hélicoptère civil sur deux vendus dans le monde est fabriqué par Airbus Helicopters. En 2016, nous avons encore augmenté notre part de marché, en remportant 47 % des livraisons civiles. Malgré la crise, nous avons réussi à maintenir un ratio de prises de commande sur livraisons de 1 en 2015 et 2016. Nous avons aussi mieux résisté grâce à nos activités de services, qui représentent la moitié de notre chiffre d’affaires, soit autant que la vente d’appareils.

Et Marignane ?
La baisse d’activité du site de Marignane a donné l’impression qu’Airbus Helicopters était en très grande difficulté. Mais cela ne reflète pas la situation de l’entreprise à l’échelle mondiale, qui n’a subi qu’une petite baisse de son chiffre d’affaires et se porte très bien sur certains secteurs, comme celui des bimoteurs légers et des appareils militaires lourds. Et si le marché américain a beaucoup baissé, la Chine a continué à monter. Pour la première fois en 2016, nous avons enregistré plus de commandes en Chine qu’aux Etats-Unis.

Le crash d’un hélicoptère H225 en Norvège, il y a un an, a lourdement pesé sur vos résultats (-18 % de résultat d’exploitation ajusté). Les vols ont-ils repris ?
Appareil civil et militaire, le H225 est dans une situation très contrastée. Les difficultés se concentrent sur le secteur pétrolier, tandis que tous les appareils militaires sont en vol. Certains clients, comme Singapour et le Koweït, nous ont même passé de nouvelles commandes. Du côté civil, l’Agence européenne de sécurité aérienne a autorisé la reprise des vols en octobre, contre la mise en place de mesures protectrices. Quasiment toutes les autorités du monde ont suivi, sauf le Royaume-Uni et la Norvège, qui n’ont pas encore autorisé la reprise des vols. Nous espérons une décision avant la fin de l’année. Nous avons fait des modifications sur l’essentiel de la flotte. Sur les 340 machines potentiellement concernées, 175 ont déjà recommencé à voler.

Comment se porte le marché militaire ?
Sur le marché militaire, qui pèse 25 milliards de dollars par an, soit cinq fois plus que le civil, nous sommes numéro trois ou quatre mondial selon les années. Contrairement à nos concurrents américains Bell et Sikorsky, nous ne pouvons nous appuyer sur le mégabudget du Pentagone. Mais nous parvenons à équilibrer notre activité entre civil et militaire : l’an dernier, nous avons fait 57 % de militaire et 43 % de civil. D’ailleurs, Airbus a remporté tous les appels d’offres importants lancés l’an dernier, qu’il s’agisse des hélicoptères d’entraînement des pilotes des armées britanniques, de remplacer les hélicoptères lourds de Singapour ou de renforcer la flotte d’appareils lourds du Koweït avec la livraison de 30 nouveaux Caracal.

Et les drones ?
C’est un marché quasi inexistant aujourd’hui, mais à cinq ou dix ans, les drones vont commencer à occuper une place significative dans notre chiffre d’affaires. Dans le domaine militaire, nous avons lancé le programme VSR700 en coopération avec Hélicoptères Guimbal, qui est un projet de drone de 700 kilos, capable de faire des missions de renseignement de dix-douze heures. Les marines, mais aussi les forces terrestres, ont un besoin croissant de ce type d’appareils. Dans le domaine civil, nous nous intéressons aux problématiques de la mobilité urbaine. Avec essentiellement deux projets, le CityAirbus, soit un véhicule à décollage et atterrissage verticaux et à propulsion électrique qui pourrait offrir un service de taxi aérien sur de courtes distances, par exemple entre un aéroport et le centre-ville. Les essais en vol du premier démonstrateur technologique démarreront fin 2018.

Et l’autre projet ?
Il s’agit de Skyways, un projet mené en partenariat avec la Poste de Singapour. (...) Lire la suite sur lesechos.fr

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