Le Dragon des neiges vole aux secours des victimes de la montagne

vendredi 24 février 2017

Au bruit d’abord, le Dragon 63 s’annonce : jaune et rouge entre le blanc et le bleu ciel des massifs en hiver. C’est le plus spectaculaire parmi les familiers des neiges auvergnates.
Autant qu’il soit vu le moins souvent possible sur le Sancy, cet impressionnant hélicoptère sur patins armé d’un treuil. Mais sans le Dragon 63, tellement moins de secours possibles ! L’hélicoptère de la Sécurité civile basé à Clermont-Ferrand intervient en première intention dans les quatre départements de l’ancienne région Auvergne.

En hiver, cela veut dire deux massifs dont les pièges n’ont rien à envier aux contraintes alpines. Auxquelles il faut ajouter des moyennes montagnes qui ont leurs propres clients : propices au ski nordique, c’est le terrain d’accidents cardiaques à héliporter au plus vite.

Médicalisé dès le départ, ou en cours de route, le Dragon 63 sort presque 800 fois par an, dont 70 % du temps en missions Samu.

Ce 1er mai 2016, il est 12 h 30, en fin d’hiver, quand l’appel tombe, à la base du Brezet (Aulnat). « On nous annonce une avalanche sur le haut du Mont-Dore, avec deux skieurs dont une victime enfouie… On va rallier avec les gendarmes déjà arrivés sur place. Un skieur médecin a pu donner les premiers secours », explique Ludovic, pilote d’astreinte ce jour-là. Il lui faut 15 minutes pour décoller avec Philippe, l’un des trois mécaniciens opérateurs de bord (Mob) en charge du treuillage.

Le Mob et le pilote, c’est le binôme indissociable en opération. « Dans la phase de treuillage, c’est lui qui guide. Il devient mes yeux ! » Mais on n’en est pas là. Il faut encore récupérer le tandem médecin/infirmier au CHU de Clermont, puis un gendarme-secouriste à la station du Mont-Dore, et enfin, boucler un survol de reconnaissance pour sécuriser les conditions d’intervention.

La victime est polytraumatisée, la neige est fraîche, et la zone extrêmement escarpée. Il fait beau mais le vent du nord souffle fort.
« C’était une opération un peu délicate, mais il y avait une possibilité de dégagement. » L’équipe opte pour un hélitreuillage très haut, entre 40 et 45 mètres pour ne pas déclencher d’avalanche, et ne pas souffler la neige fraîche sur l’intervention… « Il faut se mettre au service des secours pour qu’ils soient dans les meilleures conditions possibles », explique Ludovic.

Ce jour-là il aura fallu treuiller plusieurs fois pour déposer les uns et remonter les autres. Mais à 14 h 40, l’hélicoptère était rentré et la victime hospitalisée. Ce n’est pas toujours aussi simple.

Dans ce massif orienté Est-Ouest, les vents Nord-Sud transforment les couloirs en pièges. « Dans le Sancy, c’est surtout l’aérologie qui nous embête, expliquent les pilotes. Le Val d’Enfer est presque inaccessible par vent de sud. »

Philippe Milhès, chef de la base se souvient d’une recherche de personne dans le Val de Courre, où un petit 15 nœuds de vent de sud l’a empêché d’approcher alors qu’il parvient à poser son hélico par 30 nœuds sur les crêtes.

Parmi les autres difficultés auvergnates, les trois pilotes du Dragon 63 racontent aussi les plafonds bas, une météo changeante, des conditions très différentes entre la base et la montagne où ils butent parfois sur un « mur » de nuages. Il faut tourner sans visibilité, trouver la trouée, passer, tenter d’approcher… Et puis il y a les jours blancs à ne pas savoir où poser les patins du Dragon… Se fier aux instruments, tester…

Victimes dans le vide
Il y a enfin le soleil, qui éblouit le pilote posté au-dessus de la ligne de crête en fin de journée… S’en remettre aux prunelles du Mob… Se fier au secouriste que l’on descend, pour amener un treuil dans l’ombre portée des a-pics.
Quand la victime arrive à la porte de l’hélico…

Sous le souffle des pales et dans le bruit, l’hélitreuillé est souvent terrifié. Philippe raconte les victimes tétanisées par l’expérience du vide et les gestes parasites quand il manœuvre pour arrimer.

À la manœuvre derrière le pilote, il affronte aussi la souffrance en tête à tête : « Surtout quand ce sont des enfants », avoue ce papa chez lequel ces treuillages trouvent un douloureux écho.

Souvent issus des rangs de l’armée, ces passionnés d’hélicoptère ont pourtant choisi l’orange pour être utiles et porter secours. (...) Lire la suite sur lamontagne.fr

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