Dragon 56 : Mille sauvetages et puis s’en va

vendredi 15 mai 2015

Après huit années passées à la tête de Dragon 56, Pascal Diouloufet, 57 ans, part renforcer les 23 autres bases françaises de la Sécurité civile. Avec son accent d’Aix-en-Provence, il revient sur ses huit années morbihannaises, ses près de 1.000 personnes secourues et la situation enviable de la base.

Dragon, c’est parce qu’il était hors de question d’arrêter de piloter après vingt années dans l’aéronavale ?
Exact, je devais passer commandant, donc m’orienter vers les bureaux. J’ai postulé. J’avais fait beaucoup de missions sur Superfrelon, du transport de commandos, des rapatriements. Comme aller récupérer un pilote éjecté en milieu hostile, en pleine guerre de Yougoslavie. On devait prendre les pilotes français, anglais ou américains, dans la nuit, discrètement. Des missions pas simples ; il fallait passer au travers des lignes ennemies, en essuyant les tirs. On volait très bas pour ne pas être détectés par les radars. Le problème, c’est qu’on réveille les camps, alors il faut éviter de passer au même endroit au retour. Il y a aussi eu des missions chaudes en Éthiopie, à Djibouti...

Cela a-t-il toujours été un rêve d’être pilote d’hélicoptère ?
Non, au début je voulais être pilote de chasse. Malheureusement, une scoliose a fait que j’ai été déclaré inapte au siège éjectable. Je me suis rabattu sur les hélicoptères, qui m’avaient toujours attiré. Mon père travaillait à Eurocopter. Je ne regrette pas. Sur un bateau, c’est très dur d’être pilote de chasse. Il vole très peu et fait beaucoup de simulateur. Et il faut aller d’un point précis à un autre. Alors qu’en hélicoptère, on se pose partout. Chez l’habitant, dans un stade de foot, sur un rond-point, une route, sur un bateau...

Être pilote de Dragon nécessite quelles qualités ?
Les candidats sont nombreux. Les sélections se font sur le CV, les qualifications, des tests en vol, des tests écrits, des entretiens. Il faut quelqu’un d’expérience, qui a déjà treuillé, volé de nuit, fait du secours. Il faut aussi accepter les affectations : nous avons 24 bases en France, avec des endroits où personne ne veut aller. Accepter aussi de travailler dans une petite équipe. S’il y a des mésententes dans une flottille, ça va. Ici, on travaille à huit personnes, quatre pilotes et quatre mécaniciens. Si deux ne s’entendent pas, cela devient une catastrophe, même dangereux pour le vol. Et ça tient à pas grand-chose. On travaille ensemble. Ici, il faut tondre la pelouse. Cela peut sembler une broutille, mais non. Il y a la partie noble du vol, mais aussi la sombre, la gestion de la base.

En huit années, quelles auront été vos missions les plus marquantes ?
(Longue pause). C’est la question que je redoute ! Je n’ai aucune mémoire. Je me souviens comment on démarre l’hélicoptère, c’est déjà bien (rires). Malheureusement, les missions les plus marquantes sont celles où il y a des disparitions. Comme ce chalutier dans la baie de Quiberon. Nous avions survolé les débris. On savait qu’ils étaient là, c’était évident. La bouée couronne est d’ailleurs à la base. Mais on retrouve aussi des vivants, comme cette famille dont le voilier s’était échoué de nuit sur un rocher, du côté de l’île Dumet, en Loire-Atlantique. Parents et enfants ont été hélitreuillés. Ah si, je me souviens d’un bébé prêt à naître dans l’hélico au retour de Belle-ile. Ça, c’était sympa. Je revois mon mécanicien qui disait à la maman de tenir bon, la tête était déjà sortie. Il est né tout juste à l’hôpital.

Vous avez eu votre part d’inconscients en mer ...
Ce qui m’a toujours choqué, ce sont les voiliers en panne d’essence. Sinon, en mer, nous n’avons que des opérations compliquées à comprendre. Durant les recherches, on se pose toujours la même question : comment ont-ils pu se retrouver dans cette situation ? Quand on cherche, on se dit que c’est tordu. Les missions de Dragon n’ont-elles pas évolué ces huit dernières années ? C’est notre façon de travailler qui a beaucoup changé. Nous avons créé le kit médical dans l’hélico ; l’équipe médicale, l’été ; beaucoup oeuvré pour le Smur maritime... Le département est d’ailleurs digne d’être cité en exemple pour le travail en commun de toutes les unités liées aux secours : le Sdis, le Samu, nous, la SNSM, le Cross qui coordonne, les pompiers qui nous offrent tout le matériel médical... L’outil est remarquable, tout le monde travaille ensemble. Ce n’est pas le cas partout, loin s’en faut.(...) Lire la suite sur letelegramme.fr

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