Eurocopter : « Le marché se stabilise à bas niveau »

samedi 13 juin 2009

Dans un entretien au Figaro, le président d’Eurocopter, Lutz Bertling, explique comment il résiste à la crise.
Lutz Bertling, président d'Eurocopter : « Nous comptons livrer cette année un nombre d'appareils équivalent à celui de 2008. » À droite, le futur EC175, fruit de la coopération avec l'industrie chinoise, qui devrait effectuer son premier vol d'essai fin 2009. Crédits photo : bernhardhuber.comLE FIGARO. - Comment abordez-vous ce salon du Bourget ?
Lutz Bertling. - Cette année, le salon revêt une importance encore plus grande que les années précédentes. Il va nous donner de très bonnes indications sur l’environnement économique dans notre industrie, sur les tendances à venir du marché dans les dix-huit prochains mois. Le salon est un baromètre très important du climat de l’aviation.

Que peut-on voir de nouveau sur le stand Eurocopter ?
Nous présentons pour la première fois en Europe l’EC175 dans une version corporate, qui est l’hélicoptère issu de notre coopération avec l’industrie chinoise depuis 2006. Ce programme est exemplaire et intervient après vingt ans de partenariat industriel avec la Chine. Pour l’EC175, nous avons franchi chaque étape en temps et en heure. Le premier prototype est en cours d’assemblage en France et le premier vol d’essai devrait avoir lieu fin 2009 à Marignane. La première livraison est prévue en 2012 avec une montée en cadence à 50 appareils par an. Et je ne vois aucune raison à ce jour pour remettre en cause ce calendrier. C’est une machine qui a beaucoup de succès : nous avons déjà enregistré 111 commandes.

À mi-course de 2009, estimez-vous avoir touché le fond ?
L’activité a baissé entre décembre 2008 et mars 2009. Depuis, nous n’enregistrons plus d’annulations ni de reports de livraisons. Nous observons une stabilisation du marché à bas niveau mais nous ne voyons pas encore de signes de reprise.

Pour Eurocopter, la situation n’est pas mauvaise. Nous venons de vivre trois années de très forte activité avec 615 commandes en 2006, 802 en 2007 et 715 en 2008. Nous avons un important matelas de commandes avec 1 550 machines à livrer ces prochaines années, qui joue un rôle d’amortisseur à la crise. Nous avons certes dû faire face à quelques annulations mais nous avons pu éviter d’avoir des créneaux de production inoccupés. Cela nous a permis de maintenir les cadences de production au même niveau qu’avant la crise et de préserver tous nos emplois. Nous comptons livrer cette année un nombre d’appareils équivalent à celui de 2008.

Le marché se déplace-t-il sur des machines meilleur marché ?
Nous observons le contraire. Le « mix-produit » s’améliore en valeur car nous vendons davantage d’hélicoptères moyens et lourds. Nous avons bien entamé l’année avec des commandes significatives en France, au Brésil, au Mexique notamment. Du coup cette année, nos commandes devraient être plus faibles en volume qu’en 2008 mais équivalentes en valeur, soit autour de 5 milliards d’euros. En revanche, 2010 devrait être beaucoup plus difficile : tout va dépendre de la reprise du marché aux États-Unis.

Souffrez-vous de la crise de la même façon qu’Airbus ?
Non, car nous évoluons sur des marchés différents. Celui d’Airbus est dominé par les compagnies aériennes. De leur bonne santé dépend celle d’Airbus. Eurocopter, quant à lui, est présent sur plusieurs marchés très différents : VIP et affaires, énergie, militaire, sécurité civile, etc., ce qui répartit nos risques. Seule l’activité VIP et corporate évolue comme l’aviation commerciale. En revanche, les autres marchés résistent bien, d’autant que les forces de police, la sécurité civile, etc., ont tendance à acheter des hélicoptères plus lourds et mieux équipés. Au total, notre activité est équilibrée entre le civil et le militaire mais en termes de valeur, 70 % de notre carnet de commandes - soit 14 milliards d’euros fin avril 2009 - proviennent de nos clients militaires et gouvernementaux.

Êtes-vous autant qu’Airbus exposé aux variations du dollar ?
Non, nous n’avons pas du tout la même exposition. Nous réalisons 25 % de notre chiffre d’affaires en dollar. Sur ce total, la moitié est couverte par des achats réalisés en dollar. Le risque dollar ne concerne que 13 % de notre activité.

Eurocopter a signé un partenariat avec Lockheed. Où en êtes-vous ?
Nous nous sommes alliés avec Lockheed pour présenter une version militarisée de notre plate-forme UH145 dont nous avons déjà livré 70 exemplaires sur les 350 commandés par le Pentagone pour faire face à leurs besoins paramilitaires en 2006.
L’armée américaine a lancé l’étude de ses besoins et devrait procéder à l’appel d’offres en bonne et due forme en 2010. Nous serons en compétition avec Boeing en particulier pour ce contrat qui concerne environ 500 machines pour une valeur estimée de 3 milliards de dollars. Si nous le remportons, l’hélicoptère sera assemblé dans notre usine du Mississippi et militarisé par Lockheed.


Quel est le poids des États-Unis pour Eurocopter ?

Il faut savoir que nous vendons plus aux États-Unis que partout ailleurs dans le monde. L’armée américaine, les garde-côtes, les douaniers, les forces de police figurent parmi nos clients. Au total, le marché américain pèse pour 25 % de notre chiffre d’affaires. Nous allons fêter le 9 juillet nos 40 ans de présence aux États-Unis. Nous disposons déjà de 2 usines, l’une au Texas et l’autre au Mississippi. Nous avons créé des emplois et utilisé une importante valeur ajoutée locale. De toute façon, il ne faut pas espérer réussir aux États-Unis, surtout vendre au gouvernement américain, sans être implanté sur place. Véronique Guillermard source

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