Mais où sont donc passées les Gazelles ?

mardi 26 avril 2011

Remplacées pour l’instruction des pilotes par les Colibris, depuis janvier, les Gazelles quittent peu à peu l’Eaalat et le ciel dacquois. Une page d’histoire se tourne.
L'adieu de la Gazelle au ciel dacquois sur le tarmac de l'Eaalat - Photo Loïc Dequier« Bientôt, pour voir une Gazelle à Dax, il n’y aura plus que le musée ou le rond-point qui se situe juste avant », plaisante le capitaine Pascal Habert, chargé de communication à l’Eaalat (École d’application de l’aviation légère de l’armée de terre). Bien sûr, il ne s’agit pas là de l’élégant et véloce mammifère que l’on croise dans la savane africaine, mais de l’hélicoptère également connu pour sa puissance et sa rapidité, dont l’histoire est intimement liée à celle de l’école. Les dernières Gazelles vont quitter les cieux landais pour d’autres destins puisque désormais remplacées, depuis janvier, par les Colibris rouge et blanc pour l’instruction des pilotes.

« C’est une page d’histoire qui se tourne », commente le lieutenant Neuville qui fut instructeur sur Gazelle, avec un réel pincement au cœur. « Les pilotes d’hélicoptère sont des sentimentaux », renchérit le capitaine Pascal Habert qui garde en mémoire le visage fermé de ses camarades lorsqu’ils ont effectué leur dernier vol sur Super Frelon, quand le moteur s’est arrêté pour la dernière fois.

Depuis 1997, tous les pilotes de l’Eaalat « la Mecque de l’hélicoptère », comme disent fièrement ceux qui en portent les couleurs, ont été formés sur Gazelle. « Cela représente 1 073 pilotes, ce qui équivaut très exactement à 134 760 heures de vol », note le capitaine Habert aux comptes toujours très précis. Le parc devenait vieillissant, l’école a fait le choix d’entrer dans le XXIe siècle avec les Colibris. « Des appareils très performants avec des tableaux numérisés, qui consomment beaucoup moins aussi », reconnaissent les deux officiers.

On sent tout de même la pointe de nostalgie, comme un photographe qui vous vanterait tous les bienfaits du numérique, mais manifestant un tout autre respect pour l’argentique. Alors, qu’avait-elle donc de plus cette fameuse Gazelle, aux couleurs camouflage, la queue cerclée d’orange, frappée des lettres « armée de terre » ? « C’est un appareil très agréable à voler, à la fois puissant et rapide. Il peut aller jusqu’à 250 kilomètres/heure. »

En Côte d’Ivoire
Si c’en est fini des Gazelles pour la formation des pilotes à Dax, ces appareils n’ont pas cessé leur activité sur le terrain. Car il existe des Gazelles de reconnaissance, des Gazelles d’attaque « canon », des Gazelles hautes qui peuvent être équipées pour le lancement des missiles. Ces mêmes engins étaient il y a encore dix jours, en Côte d’Ivoire en appui aux troupes au sol.

Les Gazelles survolaient tous les théâtres d’opération depuis 1990 : guerre du Golfe, en Afrique et en Afghanistan. Et le capitaine Habert a dans le regard des souvenirs très précis de l’appareil en activité. Un appareil qu’il a vu, tout blanc aux couleurs des Nations unies, avec lequel il a même fait le tour du monde, embarqué sur la « Jeanne-d’Arc ».

Delon fan de Gazelle
« Tous les pilotes en activité ont fait de la Gazelle, y compris les pilotes civils qui sont pour beaucoup d’anciens militaires », ajoute le lieutenant Neuville pour dire que ce départ n’est pas anecdotique. Celle qui se trouvait encore jeudi sur le tarmac de la base était prête à s’envoler pour le premier régiment d’hélicoptère de combat de Phalsbourg. Fabriquée à l’origine par Sud Aviation puis Eurocopter après l’Aérospatiale, elle avait au départ une vocation civile. Certaines célébrités ont été photographiées la pilotant comme Alain Delon ou Michel Drucker.

Mais à l’Eaalat, ce qui rattache l’école à la Gazelle relève d’un lien plus intime et secret. Les premières sont arrivées en mai 1976. Plus de 30 ans de vie commune ne s’effacent pas d’un trait de plume. Mais avant la Gazelle, il y avait l’Alouette 2 et finalement, la transition s’est faite. Le Colibri devra imposer son ramage rouge et blanc, même si ces couleurs ne sont pas flamboyantes en ce moment dans la cité thermale.

Il reste pour la plupart des pilotes d’hélicoptère des paysages et des missions attachés à une carrière forcément placée, à un moment ou un autre, sous le signe de la Gazelle. Christine Lamaiso source

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