L’accès aux chantiers de montagne a bien évolué depuis le temps où le matériel était acheminé à dos d’hommes, à l’image des célèbres porteurs du pic. Pourtant, dans le monde, il existe toujours des porteurs ou sherpas, notamment dans la chaîne de l’Himalaya… dont la vocation est le transport de denrées ou de matériel.

Sherpa 1, c’est donc tout naturellement le nom donné par Jean Cornec, ancien pilote de la société Hélicoptère de France, à tous les hélicos de HdF dont celui basé à Préchac et qui sert à monter du matériel sur les chantiers d’altitude. Un « ventilo » (1) certes, mais aussi des hommes et l’occasion de partager avec eux une journée de travail tout à fait hors normes. Rendez-vous est pris, il fait frais, presque froid. Comme avant chaque décollage, le mécanicien Philippe Pournin effectue les dernières vérifications. C’est parti ! Joël Prisse, le pilote de Chèze, connaît les vallées mais l’attention des deux coéquipiers est en permanence mobilisée durant le vol. Temps clair, brume dans les gorges, arrivée à Luz (qui mérite son nom) avec un ciel dégagé.

On file vers le premier chantier : une bergerie doit être débarrassée. Il fait froid car la combe est dans l’ombre. Les deux équipiers posent l’appareil et l’allègent de tout un matériel superflu : élingues, pompes, sacs… Première montée pour rejoindre le chantier plus haut. Le pilote est seul aux commandes, le mécanicien reste sur la zone d’atterrissage. L’appareil décolle (il faut s’en éloigner car le vent provoqué par le tournoiement des pales fait chuter la température relative de 10 à 15 degrés !) avant de se placer en position stationnaire au-dessus des lieux à déblayer.

Vigilance constante
Une élingue est accrochée sous l’hélicoptère à laquelle des ouvriers fixent et sécurisent les charges qui seront évacuées. Et ainsi une vingtaine de rotations seront effectuées. Cette mission terminée, le matériel déposé est récupéré et le Sherpa de nouveau équipé reprend son vol vers d’autres chantiers : Betpouey, Tournaboup et La Mongie.

Le scénario est identique. Cinq rotations pour le premier, quinze pour le suivant, une trentaine d’allers-retours avec un dénivelé de 500 m environ pour le dernier. On charge du sable. Le ballet est incessant : prendre au bout de l’élingue, monter, larguer, descendre au plus court… Sans oublier le ravitaillement en kérosène grâce à des bidons de 180 l déposés aux abords des chantiers, en prévision. Et puis surveiller le ciel dans des secteurs « aveugles » pour la station d’Ossun où les pilotes ne peuvent se fier qu’à leur vision… sans oublier de tenir compte des changements météorologiques rapides en montagne.

La journée est finie. Retour. Petit passage près du pic du Midi. Mer de nuages naissante, il ne faut pas traîner. Voilà le Hautacam… « Tu vois les pylônes ? » Pylônes, mais aussi câbles à haute tension qui sont l’angoisse permanente de ces sherpas du ciel. Ils ne plaisantent jamais avec la sécurité. Des dizaines de montées et de descentes, une vigilance accrue et ils semblent aussi frais qu’au départ. Des gens hors du commun, que l’on salue ainsi que leur équipe : Sandra Roméo au secrétariat, à Préchac ; Bruno Martin, autre pilote basé en Ariège, et le logisticien Patrick Millot. J. G. source

(1) nom fréquemment donné aux hélicoptères dans l’armée.