En mission avec les gendarmes du ciel

lundi 5 juillet 2010

Après le coup de feu la semaine dernière sur une patrouille de la gendarmerie à Canala, les deux hélicoptères de la SAG (Section aérienne de la gendarmerie) ont été mobilisés en appui des forces au sol.  La Section aérienne de la gendarmerie est présente depuis quarante ans sur le territoire. En moyenne, ses pilotes volent 250 heures par an. Zoom sur une unité qui, depuis plus de quarante ans, permet d’aider les enquêteurs et de garder un lien de proximité avec les tribus les plus isolées. Embarquement immédiat.

Jeudi, 7h30, les hommes de la Section aérienne de la gendarmerie (SAG) s’affairent dans le hangar de Normandie. Dernières vérifications et l’équipage est paré pour le décollage. Le commandant Pierre-Hugues Faure, à la tête de la SAG depuis bientôt un an, s’installe aux manettes de l’Écureuil, au côté de l’adjudant Philippe Mothes, mécanicien de bord. Ils sont attendus à la brigade territoriale de Houaïlou.
Chaque mois, un hélicoptère de la SAG embarque les gendarmes affectés en brigades pour répondre à leurs besoins dans différentes affaires : surveillance des cultures de cannabis, des routes, des mines, secours en mer, sauvetage de randonneurs égarés, recherche de fuyards ou encore de véhicules volés… Justement, dans la nuit, un pick-up Navara de couleur blanche a été dérobé à Houaïlou.
En moins d’une minute, la voiture est aperçue, embusquée dans de hautes herbes. Heureux hasard, un Land Rover de la brigade se trouve dans le secteur. Le pilote se stabilise au-dessus du pick-up. Au sol, un militaire se rapproche et confirme : « C’est le bon ! C’est bien celui qu’on recherchait. »
L’hélicoptère reprend son envol dans la vallée de Wakaya, le long du cours d’eau. Des agriculteurs au sol saluent l’équipage. Plus loin, l’œil aguerri des militaires permet de deviner, malgré la verdure, plusieurs cultures illicites de cannabis. « On est déjà venus ici », se souvient le gendarme Éric Procot. Il note les coordonnées GPS, pour revenir plus tard. « Sans hélicoptère, l’enquêteur au sol ne peut pas tout voir. C’est un gain de temps considérable. Nous faisons aussi des recherches à pied et à cheval, mais pour tomber sur une seule culture, cela peut prendre un temps fou ! ».
Il restera aux gendarmes à identifier le propriétaire. La lutte contre les trafiquants de cannabis s’intensifie. « Il faut que le message passe, assure le gendarme, ils finiront bien par comprendre. » Retour à la brigade où le niveau de kérosène est ajusté. L’oiseau bleu redécolle, direction Hienghène qu’il atteint en trente minutes.

" L’hélicoptère est une aide précieuse pour les enquêteurs et c’est important pour la population. "
« On avait entendu le ventilateur », s’empresse de nous saluer un militaire de la brigade territoriale. Dans l’après-midi, le gendarme Wilfried Xolawawa doit se rendre à Ouayaguette, à plus de deux heures de piste en 4x4, dans la Chaîne. Par la voie des airs, dix minutes suffisent pour rejoindre cette tribu isolée.
Le gendarme Wilfried prend contact avec Moïse, le petit chef. Il doit remettre à un jeune homme une convocation devant le délégué du procureur. Dans la tribu, les jeunes vivent de la chasse, surtout depuis que la mâchoire de faon a été revalorisée. John semble un peu terrorisé par l’uniforme mais le contact passe bien. Il assure qu’il sera présent au rendez-vous. Wilfried doit aussi trouver un habitant qui a déposé une demande d’autorisation de port d’arme. C’est une femme qui l’accueille. « Il est parti à la rivière ! », prévient-elle. « Dites-lui de venir me voir quand il passera au village », propose Wilfried.
Hormis quelques touristes, peu de monde arrive jusqu’à Ouayaguette. « L’hélicoptère nous permet de garder le lien avec la tribu. C’est une aide précieuse pour les enquêteurs et c’est important pour la population », ajoute le gendarme. Il est temps de regagner Hienghène, puis Nouméa. Le commandant Faure est attentif à tous les risques environnants, notamment les lignes électriques à haute tension.
Au niveau de Oua Tom, un point lumineux apparaît, puis plusieurs. Ce sont des flammes. L’hélicoptère survole la zone pour s’assurer qu’un incendie ne se propage pas. Cet écobuage ne représente finalement aucun danger. « On passe notre temps à regarder ce qui se passe au sol », sourit le pilote. La nuit est tombée et l’hélicoptère rentre à la base de Normandie, avant de nouvelles missions, demain, au gré des événements.

Reportage : Géraldine Pion


La section aérienne de Normandie a été créée le 1er juillet 1970. Huit jours plus tard, les deux premiers pilotes, trois mécaniciens et deux radios avitailleurs prenaient leurs fonctions. C’était il y a quarante ans. Leurs missions étaient encore plus larges puisqu’à l’époque, la SAG s’occupait des évacuations du Samu.



« On ne sait jamais comment cela va se finir »
Questions à... Pierre-Hugues Faure, commandant de la SAG.

• Les Nouvelles calédoniennes : Quelle est la principale mission de la Section aérienne de la gendarmerie ?
Pierre-Hugues Faure, commandant de la SAGPierre-Hugues Faure : La principale est l’appui opérationnel des militaires comme le transport des enquêteurs, des magistrats, des techniciens en investigation criminelle... La semaine dernière, après le coup de feu sur une patrouille de la gendarmerie à Canala, les deux hélicoptères de la SAG ont été mobilisés, notamment pour évacuer deux blessés vers le CHT. C’est toujours le plus urgent qui va primer, comme sauver une vie en danger. Mais on ne sait jamais comment va se finir une mission.

• Pour qui la section aérienne remplit-elle ses missions ?
La section aérienne est l’une des rares unités de la gendarmerie qui soient complètement autonomes. Elle appartient aux Forces aériennes de la gendarmerie (FAG) à Paris, qui met à disposition la machine et un équipage. La gendarmerie mais aussi la police peuvent faire appel à la SAG pour surveiller l’étendue des squats dans la ville par exemple, ou être un appui lors d’opérations d’envergure anti-délinquance ou des contrôles d’alcoolémie ou de vitesse.

• Comment s’organise la flotte ?
La SAG fonctionne sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Elle est composée de quatre pilotes, sept mécaniciens et deux radios avitailleurs. Les deux hélicoptères Ecureuil volent tous les jours. Ils devraient être remplacés dans les deux prochaines années par des EC145, appareil bimoteur disposant d’une capacité deux fois supérieure et qui pourra voler par tous les temps.



Lignes électriques : attention danger
Sur les crêtes de la Chaîne, les lignes à haute tension constituent un grand danger. « Chaque nouveau pilote ou mécanicien affecté à la section aérienne est sensibilisé à la configuration du territoire et ses risques », souligne le commandant Faure. Il en va de la vie des occupants de la machine comme cela s’est produit le 1er octobre 1984. le 1er octobre 1984, le crash de l'Alouette II Sierra-Juliette de la Section aérienne de la gendarmerie avait fait quatre morts. Dans la région de Houaïlou, près de Coula, le crash de l’Alouette II de la Section aérienne de la gendarmerie avait fait quatre morts : le capitaine Duprat (aux commandes), le mécanicien de bord Labarthe, le maréchal logis-chef Prat (commandant de brigade de Houaïlou) et le gendarme Mouchel. L’Alouette II Sierra-Juliette avait quitté Nouméa le matin même. A Houaïlou, l’hélicoptère avait embarqué les gendarmes de la brigade pour visiter des tribus isolées. Vers 9 heures, à Coula, l’appareil a accroché trois câbles d’une ligne Enercal à haute tension, avant de s’écraser une centaine de mètres en contrebas. Le mécanicien de bord était arrivé sur le territoire cinq jours avant le crash. source


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