Sauveteurs aux sommets

jeudi 22 juillet 2010

Ce sont les saint-bernard venus du ciel. Les pelotons de gendarmerie de haute montagne effectuent 9 000 missions par an et sauvent des centaines de vies. Nos reporters les ont accompagnés pendant quinze jours à Chamonix et Modane.
Sous le regard de Fred le mécanicien dans l'hélico, les gendarmes préparent les accidentés pour l'hélitreuillage. La météo, incertaine, risque de devenir excécrable : l'opération ne doit pas dépasser les dix minutes - Photo Philippe Petit Avec ses mains tannées, abîmées par le froid, Yvan tire un drap blanc sur le cadavre de Reggiano, un randonneur italien de 39 ans. « On ne vient pas pour ça », marmonne le sauveteur sans quitter la victime du regard. Une traînée sanglante salit la neige, trace d’une chute mortelle de 200 mètres. Sur une paroi coupée par deux barres rocheuses tranchantes hautes de 20 mètres. Devant nous se découpe le dôme de la ­Levanna occidentale : 3 593 mètres d’altitude. Une demi-sphère enneigée, bordée d’arêtes escarpées. Son ascension, facile et rapide – entre cinq et six heures – attire les marcheurs dominicaux. Une balade agréable, le soleil estival et la chaleur en prime... ­Véronique, la gardienne du refuge du Carro, a donné l’alerte à 9 heures.

La veille, ­Reggiano avait dormi dans son gîte. Il s’était levé aux aurores pour grimper au sommet. « Il était avec un groupe de dix-sept personnes du club alpin italien, dit Véronique. Ils ont dîné ici, l’ambiance était super. Ils étaient entraînés, très bien équipés, les conditions météo étaient idéales et leur itinéraire simple et sans danger... » La montagne n’est ­jamais sans danger.

Sur le glacier de Derrière-les-Lacs, l’équipe de secours du peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de la Savoie, basée à ­Modane, s’organise. Les gestes sont mécaniques et précis. Yvan et Henri-­Xavier, les deux gendarmes secouristes, soulèvent la victime, puis la déposent sur la perche, ou brancard. Derrière eux, Pierre, le médecin ­urgentiste, coiffé d’un casque de protection et vêtu d’un gilet fluorescent, range son matériel. « Je n’ai rien pu faire, le choc a été très violent, explique-t-il avant de monter dans l’hélico. Il a dû heurter la première zone de ­rochers, le traumatisme crânien l’a tué sur le coup. »

Aux commandes d’un EC 145 estampillé « Gendarmerie », Guillaume, ancien pilote de l’armée de l’air, est secondé par Thierry, son mécano volant. Les deux complices appartiennent au détachement aérien de la gendarmerie (DAG). Derrière eux, coincés entre la carcasse métallique étroite et le mort, Yvan, Henri-­Xavier et Pierre. Les oreilles maltraitées par l’altitude bourdonnent. ­Personne ne parle... Déjà, au poste de ­commandement installé sur les hauteurs de Modane, une nouvelle mission les attend. Emilie Blachere source

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