Accident d’hélicoptère : un expert enquête

jeudi 12 août 2010

Le pilote a fait appel de la décision qui l’avait condamné en 2007, deux ans après l’accident du Pic de la Sagette.
Selon son avocat Jean-François Blanco, Jean-Philippe Duprat, ex-pilote d’hélicoptère palois, a mené une véritable « contre-enquête » technique depuis sa condamnation en 2007 à un an de prison avec sursis, et avec 250 000 euros d’indemnités à verser à l’un de ses passagers grièvement blessé lors de l’accident du Lama qu’il pilotait le 4 août 2005.

En fait de crash, c’est plutôt un atterrissage périlleux auquel s’était livré le pilote au niveau du pic de la Sagette, au-dessus du lac de Fabrèges, à Laruns. Une pale avait frappé un rocher et un des trois passagers s’était retrouvé gravement blessé, condamné à vivre sur un fauteuil roulant. Les deux autres passagers comme le pilote, restés dans l’hélicoptère, étaient ressortis indemnes. Ce jour-là, Jean-Philippe Duprat, qui avait loué l’hélicoptère à une société d’Uzein, transportait trois techniciens d’une entreprise sous-traitante d’Orange venus poser une armoire pour un relais téléphonique au niveau du pic de la Sagette.

« Erreur humaine »
L’enquête de la gendarmerie de l’air avait conclu à une erreur humaine suite à cet accident, le pilote ayant choisi d’atterrir sur une zone jugée inadéquate. D’où cette première condamnation par le tribunal correctionnel de Pau. Début 2008, c’est la cour d’appel qui se penchait sur l’affaire. Et, à la barre, l’ex-pilote Jean-Philippe Duprat, aujourd’hui chauffeur de taxi, faisait cette révélation jusqu’alors inconnue de la justice : ce jour-là, lors de la montée avec l’hélicoptère, il aurait senti des ratés dans le moteur.

Face au doute, les magistrats de la cour d’appel nommaient en mai 2008 un expert aéronautique pour vérifier cette théorie nouvelle d’une avarie du moteur. L’affaire a pris son temps. Ce n’est qu’hier que l’expert a entendu le pilote, devant le président de la cour d’appel. « Mon client a indiqué qu’il avait senti un premier raté dans le moteur à mi-pente, alors qu’il venait de décoller du lac de Fabrèges. Il avait d’ailleurs atterri et avait dû faire des vérifications. Ce n’est qu’au sommet qu’il a senti une nouvelle avarie, une perte de puissance qui l’a obligé à se poser dans de telles conditions », explique le bâtonnier Jean-François Blanco.

La théorie de l’avarie moteur tiendra-t-elle à la lumière de l’expertise ? Au moment du procès en appel, les magistrats s’étaient étonnés de cette nouvelle version, alors qu’elle n’avait jamais été évoquée auparavant. Le pilote avait expliqué à la barre qu’il avait préféré se taire, parce qu’il avait besoin de la société de location pour poursuivre son activité.

Un rapport très attendu
«  Depuis, il a remonté l’historique de cet hélicoptère Lama, affirme son avocat. Il était venu du Yémen en pièces détachées. Puis il a servi dans le Var à la lutte contre les incendies de forêt. On lui avait rajouté une pompe et un réservoir. Enfin, il a servi aux essais d’une filière de Turbomeca. En fait, l’appareil a subi trois épisodes de transformation avant l’accident », affirme aujourd’hui l’avocat.

Ces transformations pourraient-elles faire pencher la balance vers une erreur matérielle plutôt qu’humaine ? Les juges de la cour d’appel ont fixé la prochaine audience au 16 décembre… si toutefois l’expert qui doit examiner l’appareil, dont les pièces ont été saisies en octobre dernier, a terminé son rapport à temps.

Un rapport très attendu lorsque l’on sait que l’assureur du pilote refuse de payer les indemnités accordées à la victime et que le pilote lui-même invoque l’accident du travail. Nicolas Rebière source
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Accident d’Artouste : la contre-enquête du pilote

Jean-Philippe Duprat, le pilote de l’hélicoptère qui s’est crashé le 4 août 2005, quelques mètres en contrebas de la gare de départ du petit train d’Artouste, sur le pic de la Sagette, a toujours soutenu la thèse de la défaillance technique. Les enquêteurs ont, pour leur part, conclu à une erreur humaine. Lourdement condamné par le tribunal correctionnel, le pilote a fait appel.

Avant de se prononcer, les magistrats, estimant qu’ils manquaient d’éléments, ont demandé une expertise de l’aéronef. C’était au mois de mai 2008. Un expert a été désigné. Hier, en présence du président de la cour d’appel, ce dernier a entendu Jean-Philippe Duprat, qui était accompagné de son avocat, Me Jean-François Blanco.

Atterrissage de fortune
Dans un premier temps, le pilote a relaté les conditions du vol et les circonstances qui ont précédé le crash. Ce jour-là, il avait décollé du lac de Fabrèges, via le pic de la Sagette. À mi-pente, il dit avoir été confronté « à un raté » de l’appareil et a effectué un atterrissage de fortune. Il a procédé ensuite à des vérifications avant de redécoller. À 100 m de l’endroit où il devait atterrir, l’engin a perdu « de sa puissance » et il s’est posé en catastrophe.

Trois techniciens d’une société de France Télécom se trouvaient dans l’appareil. Ils devaient installer une armoire électrique, nécessaire au réseau d’un opérateur de téléphonie mobile. Le pilote et un technicien sont sortis indemnes. Un passager a été contusionné mais le troisième, Dominique Tuot, a été très grièvement blessé. Il est aujourd’hui paraplégique. Il assure qu’il a été éjecté de l’appareil. Jean- Phillipe Duprat affirme au contraire que « pris de panique, il a poussé la porte et a sauté ».

Transformations en série
Jean-Philippe Duprat a réalisé une véritable contre-enquête sur l’appareil, avant de rencontrer l’expert, hier après-midi. Il a ainsi découvert qu’en un an, le Lama avait subi trois « transformations ». Arrivé en pièces détachées du Yémen, il avait été utilisé pour lutter contre les incendies qui ravageaient le Var, en août 2004. L’engin avait été équipé d’une pompe qui avait été placée sous le moteur et d’un réservoir d’eau, d’une capacité de 800 litres.

Puis, l’hélicoptère avait été loué par une filiale de Turbomeca pour effectuer des essais. Enfin, une pièce, le régulateur de débit, avait été prélevée et installée sur un appareil similaire, avant d’être à nouveau remontée sur l’appareil. « Toutes ces modifications n’ont-elles pas eu des conséquences sur le comportement de l’hélicoptère ? » s’interroge Jean-Philippe Duprat. L’expert répondra à toutes ces interrogations. Il dispose de cinq mois.

L’audience devant la cour d’appel a été fixée au 16 décembre 2010. En attendant, le Lama qui s’est crashé est en pièces détachées. Il a été saisi au mois d’octobre 2009, quatre ans après l’accident, afin d’être soumis à cette expertise. Des documents de bord ont également été saisis, qui permettront peut-être de savoir si, après chaque « transformation », l’appareil a fait l’objet d’une visite technique avant de reprendre son envol. Evelyne Lahana source

 Cliquez ici pour prendre connaissance du rapport du BEA.

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