Le pilote témoigne : “Ils étaient prêts à faire exploser l’hélicoptère”

mardi 28 avril 2009

La Nouvelle, 9h30. L’Alouette III de Mafate hélicoptères décolle pour ce qui s’apparente à un classique survol touristique. Aux commandes de l’hélicoptère Yann Morvan, un métropolitain employé par la compagnie mafataise. À ses côtés, le mécanicien Stéphane Libelle, originaire de Mafate. Le pilote Yann Morvan Derrière, trois passagers ont pris place. C’est juste après le décollage de la Nouvelle que le commando se rend maître de l’Alouette III. Nos confrères d’Antenne Réunion, arrivés sur les lieux de l’atterrissage avant les forces de l’ordre, ont recueilli en exclusivité le témoignage du pilote Yann Morvan. “L’un des hommes m’a braqué sur la tempe un pistolet automatique 9 mm. Un autre menaçait de la même manière Stéphane avec un revolver à barillet. Le troisième était également armé d’un revolver à barillet. Ils m’ont enlevé aussitôt mon casque radio afin que je ne puisse pas donner l’alerte". Stéphane a voulu se débattre. Je lui ai dit de se calmer. Ils l’ont attaché sur son siège. Un des individus avait à la main une bouteille d’essence et un briquet allumé. Ils ont crié qu’ils n’avaient rien à perdre et qu’ils étaient prêts à faire exploser l’hélicoptère. Je leur ai dit qu’ils n’avaient aucun souci à se faire et que j’exécuterai leurs ordres à la lettre à condition qu’ils ne nous fassent pas de mal. Ils m’ont donné l’ordre de prendre un cap direct sur Saint-Denis et que là, ils me donneraient des instructions supplémentaires. En approchant de Saint-Denis, ils m’ont demandé de me diriger vers la prison de Domenjod. Je me suis mis en vol stationnaire au-dessus de la cour de promenade. Ils ont envoyé une échelle de corde et trois prisonniers sont montés.” Lourdement surchargée, l’Alouette III a du mal à s’éloigner de la prison. Photo Imaz Press RéunionC’est in-extremis qu’elle se pose dans un terrain vague au cœur de la technopole manquant de peu d’accrocher un arbre. Le commando avait à l’évidence minutieusement préparé son coup. Il savait que dès l’alerte donnée, il n’échapperait pas longtemps à une course-poursuite par l’hélicoptère de la gendarmerie et peut-être le Fennec de la base aérienne d’où la précaution de pré positionner un véhicule au cœur de la technopole à quelques minutes de vol de la prison pour prendre la fuite. source

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Après l'évasion réussie, l'hélicoptère s'est posé à quelques centaines de mètres de la prison. (AFP/BOUHET) Crédits photo : AFPCe n’est pas par hasard que les trois hommes ont choisi d’opérer depuis la Nouvelle dans le cirque de Mafate où se trouve implantée la seule compagnie d’hélicoptères totalement enclavée de la Réunion. En septembre 2007, suite à une évasion par hélicoptère survenue à la maison d’arrêt de Grasse, la ministre de la Justice, Rachida Dati, avait signé un protocole anti-évasion avec les représentants des exploitants d’hélicoptères. À Gillot, à Pierrefonds ou même à l’Éperon, base d’Hélilagon, le commando aurait sans doute eu davantage de difficultés à embarquer sans attirer l’attention. Les trois hommes ont-ils passé la nuit à la Nouvelle ou sont-ils arrivés à pied très tôt hier matin ? Les témoignages divergent. Selon certaines sources, l’équipe aurait passé la nuit dans un gîte et aurait demandé au gérant de réserver pour eux un hélicoptère pour un survol touristique. La gérante du Relais de Mafate à la Nouvelle a vu arriver dans sa boutique l’un des trois membres du commando. “Il m’a paru bizarre, raconte-t-elle. Il portait des lunettes noires et semblait être affublé d’une perruque sous sa casquette. Il avait un très gros sac mais ce n’était pas cela le plus étonnant. Nous voyons souvent à la Nouvelle des randonneurs lourdement chargés. Je n’ai pas aperçu les deux autres. À mon avis, le groupe était arrivé le matin même par le sentier venant du col des Bœufs. Celui qui s’est présenté à la boutique ne m’a pas donné son nom. Il m’a simplement demandé où se trouvait le hangar de Mafate hélicoptères qui se trouve en contrebas et que l’on ne voit pas depuis le plateau de la Nouvelle. Je lui ai indiqué la direction et un peu plus tard, j’ai entendu l’hélicoptère décoller.
Lors de sa réservation, le commando avait pris soin de préciser qu’ils seraient six pour le survol touristique. Ils étaient ainsi certains que Mafate Hélicoptères utiliserait l’Alouette III. Dans le cirque de Mafate, et plus particulièrement à la Nouvelle, les silhouettes des appareils de la compagnie d’André Bègue se sont inscrites dans le paysage depuis plusieurs années. Mafate hélicoptères utilise une Alouette III mais aussi un Lama et un Robinson. Seule l’Alouette III peut embarquer six passagers. Un détail que connaissaient les membres du commando. source

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